Maddie

Chapitre 55 - Retour royal

L'accueil de la reine au lycée, le lundi matin, fut chaleureux. Sally prit le temps d'adresser un mot à chaque personne qu'elle croisa qui la sollicitait ou la félicitait. Elle affichait une mine radieuse, mais n'avait pas digéré le résultat de l'élection. Être prise au dépourvu par le succès d'Anthony l'avait hanté tout le week-end. Elle n'avait jamais vécu une telle déconvenue. Et elle n'était pas prête de l'oublier.

Anthony fut bien reçu. À ses côtés, Maddie se réjouissait de la situation et se fichait de ne pas être appréciée. Son petit-ami l'était, et suffisamment pour ravir la couronne à Ashton. Maddie avait pu voir le visage de Sally se décomposer à l'annonce du résultat et que c'était plaisant et jouissif ! Maddie arborait un sourire conquis et échangeait des regards complices avec son petit-ami.

De leur côté, les Venus étaient attroupées contre les casiers et discutaient du couple.

— Ils ont l'air plus proches que jamais, remarqua Rachel.

— Regardez-moi l'air satisfait de la petite Maddie, ironisa Mia.

Sally était silencieuse et leur tournait le dos. Elle fouillait dans son casier à la recherche de son livre d'anglais.

— Il y a un changement dans leurs comportements. Observez-les bien, dit Cassie.

Toutes les filles se focalisèrent sur les deux jeunes gens.

— Oh oh, chantonna Lena. Il s'est peut-être passé quelque chose ce week-end !

— Ils sont ensemble et amoureux, ça fait quelques mois déjà, intervint Caroline.

Lena se mit à rire avant de lui répondre, un petit sourire goguenard aux lèvres.

— Ils se dévorent des yeux ! Maddie regarde Tone avec des yeux de merlan frit !

— Oh mon dieu ! s'écria Alissa. Le merlan frit est passé à la casserole !

Caroline souffla, l'air exaspéré et fit signe à Emily et Judy de la suivre.

— Les cabrioles des autres couples, je m'en fous royalement ! Cela ne regarde qu'eux.

Le trio adressa quelques mots à Sally, toujours plongée dans son casier, avant de se diriger vers le laboratoire de chimie.

— Il est là, grommela Sally entre ses dents avant de brandir son fameux livre.

Elle claqua la porte de son casier d'un geste sec et fit face aux filles.

— Tu crois qu'ils l'ont fait, toi ? lui demanda Lena, les bras croisés sur sa poitrine et appuyant son menton dans sa main droite.

Sally scruta le couple, le regard inexpressif.

— J'espère pour lui ! Après tout ce temps, finit-elle par dire.

Un silence suivit.

— Je plaisante ! Je m'en fiche, ils font ce qu'ils veulent, assura-t-elle d'un ton détaché.

— Qu'est-ce que ça peut faire ? rajouta Camille, totalement désintéressée par le sujet.

— On peut bien discuter, non ? s'exclama sèchement Mia. Heureusement qu'elle a son petit chéri vu que tout le monde la déteste. Je comprends pas qu'il reste avec elle !

— Et je comprends pas pourquoi tu l'aurais fait gagner, ajouta Rachel. C'est Maddie qui est le plus enchantée dans cette histoire.

— Les filles, zappons-la ! Elle ne mérite pas qu'on parle d'elle, somma la capitaine avant de tourner les talons en direction de sa salle de classe, suivie par Cassie et Camille.

Sally était marquée par le sourire vainqueur de Maddie. Elle ne le supportait pas. Et elle ne supportait surtout pas que ses amies puissent commencer à douter d'elle.

Au bout de quelques jours, l'engouement autour du roi et de la reine se tarit. La vie reprit son cours dans le lycée. Depuis l'évènement si important qui avait eu lieu après le bal, l'attachement de Maddie à Anthony était devenu encore plus fort. Elle s'était découvert un trait de caractère encore inconnu ; la possessivité. Elle boudait et faisait subir de belles crises à Anthony qu'il s'empressait de calmer. Ce genre d'attitude rebutait terriblement le jeune homme pour qui la jalousie était un vilain défaut.

Anthony n'était pas un garçon dragueur, mais il charmait les filles par sa gentillesse et sa beauté. C'était grâce à ces qualités qu'il avait obtenu la couronne de roi. Depuis sa victoire à l'élection, il était encore plus populaire auprès des filles. Même s'il se montrait inaccessible et ne répondait pas aux sollicitations, elles étaient nombreuses à lui parler et à se montrer tactiles. Notamment deux filles qui partageaient le cours d'espagnol de Maddie, Adèle et Grace.

Qu'il soit en couple depuis plusieurs mois déjà ne les réfrénait pas. Adèle semblait s'appliquer particulièrement à le séduire. Maddie prenait sur elle, sachant qu'Anthony détestait ses réactions jalouses, mais elle supportait mal de voir ces deux filles dans les parages. Il avait beau lui répéter qu'il ne se s'intéressait à personne d'autre qu'elle, Maddie se contenait difficilement. C'était son petit-ami et personne ne devait l'approcher. Pour ne pas créer de tensions, elle avait pris l'habitude de se réfugier dans ses cours, prétextant que les dernières semaines de lycée étaient chargées en examens.

Le dernier mardi d'avril sonna la fin de la danse pour Maddie. Lors de cet ultime cours, Maddie réalisa ses pas dans l'indifférence générale.

En ayant appris la situation des Venus et le désamour de Sally pour Maddie, les danseuses lui avaient tourné le dos. Les rumeurs les plus folles avaient couru entre elles et Maddie était devenue la personne capable de faire couler une équipe. Elle était de nouveau la personne à éviter et à ignorer, comme avant son entrée chez les cheerleaders. Les messes basses et les rires moqueurs en plus.

Seule la professeure prit le temps de s'entretenir avec elle et insista sur son potentiel de danseuse en lui conseillant de poursuivre cette activité à l'université. La lettre de recommandation qu'elle avait rédigée à son sujet était élogieuse.

Maddie rentra chez elle, touchée de savoir qu'une page se tournait et heureuse de ne plus avoir à supporter les murmures derrière son dos. Elle claqua la porte d'entrée et jeta son sac de sport sur le sol.

— Ma puce ? appela Joanna du salon.

Maddie avait déjà grimpé la moitié des escaliers. Elle s'arrêta.

— Oui ?

— Ça en est où ta réflexion pour les universités ?

Maddie fit demi-tour et rejoignit sa mère. Elle s'installa dans un coin du canapé et ramena ses jambes contre elle.

— Je ne pensais pas que ce serait aussi dur de choisir !

— Mad, tu as un dossier à faire pâlir plus d'un lycéen. C'est normal que les universités te veuillent !

Maddie sourit, touchée par l'enthousiasme de sa mère. Plusieurs universités avaient répondu positivement à sa candidature. Le temps filait et elle devait faire son choix.

— Je m'attendais pas à avoir autant de possibilités, je prends le temps de réfléchir.

— Je te comprends, mais il va falloir prendre une décision. Pour information, cela ne me dérangerait pas que tu restes à proximité, hein !

Elle lui adressa un clin d'œil. Si Maddie pouvait intégrer une université de renommée proche de chez elles, ce serait parfait pour Joanna.

Maddie vint se blottir contre sa mère et soupira.

— Je ne vais pas partir loin, si tu préfères.

— Fais ce qui est le mieux pour toi, Mad. Je plaisantais, je veux que tu choisisses pour toi, pas pour moi. Ta vieille mère se débrouillera !

Joanna déposa un baiser tendre sur le front de sa fille en l'enlaçant affectueusement.