Chapitre 25 - Sécher ses larmes

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Quand Maddie se réveilla le samedi matin, il était si tôt que le jour n'était pas encore levé. En bruit de fond, elle entendait la pluie tambouriner contre les vitres de ses fenêtres. Elle espéra, l'espace d'un instant, avoir fait un mauvais rêve. La douleur qu'elle ressentit en bougeant ses jambes lui confirma que tout avait bien eu lieu. Elle s'assit en tailleur sur son lit et se repassa le film de sa soirée cauchemardesque.

À son retour chez elle, Joanna l'avait accueillie avec enthousiasme et l'avait assaillie de questions. S'étonnant de la trouver trempée jusqu'aux os, Maddie avait marmonné une excuse concernant un parapluie cassé. Elle avait pris soin de remettre ses chaussures avant de pénétrer chez elle, afin que Joanna ne prenne pas peur en voyant la couleur de ses pieds. Elle ne voulait en aucun cas avouer que sa première Saint-Valentin, avec un garçon qu'elle aimait, était tombée à l'eau. Elle avait répondu à quelques questions, un sourire factice aux lèvres, et prétextant être épuisée, avait écourté la conversation et s'était réfugiée dans sa chambre.

Après avoir jeté son sac à main contenant son portable au fond de son armoire, elle avait filé sous la douche. Maddie s'y était effondrée en larmes. Elle s'était assise sur le sol en carrelage et était restée de longues minutes sous le jet d'eau chaude. Elle s'était ensuite blottie dans son lit et mise en boule sous sa couette. Elle avait sangloté une bonne partie de la nuit et avait fini par s'endormir d'épuisement.

Elle se trouvait maintenant assise sur son édredon à fixer son sac à main apparent dans l'armoire. Son téléphone y avait passé la nuit et Maddie était anxieuse à l'idée de le consulter. Que des appels y figurent ou pas, elle ne serait satisfaite d'aucune des éventualités. Elle n'était pas certaine de vouloir des nouvelles d'Anthony, mais imaginer ne pas en avoir l'inquiétait au plus haut point.

Elle choisit de ne pas s'intéresser à son portable et descendit sur la pointe des pieds dans la cuisine. Elle y resta dans la pénombre à savourer son café et observa le lever du soleil à travers la baie vitrée.

Sa mère la rejoignit et elles discutèrent toute la matinée. Elles rirent à de nombreuses reprises et passèrent un très bon moment. Cela fit énormément de bien à Maddie. Joanna avait un rendez-vous professionnel et dut quitter Maddie, bien que cette dernière insiste pour continuer à discuter.

— Je ne peux pas annuler ma puce. Je vois que tu es bien bavarde aujourd'hui, mais retrouve Anthony ! lui suggéra Joanna.

— Je voulais rester avec toi, gémit Maddie avec amertume.

Après l'avoir couverte de bisous, Joanna quitta le domicile familial. Contrariée, Maddie resta plantée derrière la porte d'entrée. Son visage s'illumina et elle se lança à toute allure dans les escaliers. Elle déboula dans sa chambre.

— Rachel ! C'est l'occasion que j'aille chez Rachel ! s'écria-t-elle.

Elle récupéra son téléphone au fond de son sac et découvrit les nombreux appels et messages d'Anthony. Elle les ignora et fit défiler les numéros du répertoire.

— Avec plaisir Maddie ! Tu me raconteras ta Saint-Valentin, comme ça ! s'enchanta Rachel à l'autre bout de la ligne.

— Oui, ça, c'est sûr que je te dirai tout !

— Je viens te chercher. À tout à l'heure !

Maddie soupira d'aise. Elle allait sortir de chez elle et en avait vraiment besoin. Elle promena son regard sur l'ensemble de la pièce et s'attaqua au désordre. Replacer les vêtements dans son armoire lui rappela l'excitation et le bonheur qu'elle ressentait la veille lorsqu'elle se préparait.

Elle se maquilla pour masquer sa mine fatiguée et attendit Rachel sur son perron. La pluie s'était arrêtée et seule une douce odeur de frais flottait encore dans l'air. Enveloppée dans son manteau, Maddie bâilla en fixant le ciel nuageux.

— Grimpe ! lui lança Rachel en ralentissant.

Maddie s'installa dans la voiture et déposa un bisou sur la joue de son amie.

— Tu ne peux pas savoir combien je suis heureuse de te voir !

— Ça va ? s'inquiéta Rachel, le front plissé.

— Tu sauras tout quand on sera chez toi.

Rachel accéléra et la voiture fila à travers la ville. Maddie se rendait pour la première fois chez son amie et découvrit, ébahie, que Rachel n'avait pas grand-chose à envier à Sally. La villa des Duncan était grandiose. Un employé vint à leur rencontre et prit le volant pour aller garer la voiture au parking.

Elles passèrent l'après-midi dans la grande chambre de Rachel. Lise, la gouvernante, vint régulièrement leur proposer à boire et à manger, ce que Maddie accepta à chaque fois.

— Alors, c'est bon ? Tu me la racontes maintenant ta Saint-Valentin ? demanda finalement Rachel.

Le visage de Maddie se décomposa. Ses yeux s'emplirent de larmes et elle tomba dans les bras de son amie. Maddie lui raconta ce qu'elle avait vécu la veille. Rachel resta au départ sans voix. Elle se contenta de caresser les cheveux de Maddie pour la réconforter.

— C'est incroyable, finit par dire Rachel. Tone a pourtant l'air fou amoureux de toi !

— Je ne comprends pas, sanglota Maddie. Mais je ne veux pas l'entendre.

— Il t'a appelée au moins ?

— Oui, dans la nuit. Je ne l'ai pas rappelé et aujourd'hui je n'ai eu aucun appel.

Rachel n'en revenait pas. Elle connaissait Anthony depuis son entrée dans l'équipe des Venus, au début de ses années lycée, et, à ses yeux, c'était un garçon juste et honnête. Depuis qu'il était avec Maddie, il semblait amoureux. Pourquoi aurait-il laissé Maddie seule pour la soirée que tout amoureux attend ?

Rachel passa le plus clair de son après-midi à tenter de remonter le moral de Maddie bien qu'elle n'ait jamais été douée pour consoler les gens. Rachel pensait qu'il fallait oublier vite et ne pas s'attarder sur les mauvaises choses qui arrivaient. Ne pas être une pleurnicheuse. Ce que Maddie était clairement à ce moment précis.

Pour Rachel, vivre une déception amoureuse était commun et le plus censé à faire était de passer à autre chose. Rachel répéta inlassablement à Maddie d'appeler Anthony ce qu'elle refusa obstinément.

— Il ne mérite pas que je l'écoute, s'entêtait Maddie.

Rachel commençait à être bien agacée par cette façon de se faire passer pour une victime de tragédie.

— Bon, tu veux savoir ce qu'il s'est passé ou pas ? Faut que tu te décides à un moment donné ! Soit tu écoutes ce qu'il a à te dire soit tu le zappes, mais dans ce cas-là, on arrête d'en parler.

C'était énervant de l'entendre se plaindre et qu'elle ne veuille rien faire. Rachel était quelqu'un de positif et n'aimait pas les mauvaises ondes autour d'elle. Rachel avait connu des déconvenues avec les garçons et ne venait pas geindre auprès des autres.

Elle décida de changer de sujet et parla du match important que les Venus allaient supporter la semaine suivante. Maddie n'écoutant que d'une oreille discrète, Rachel lui proposa de voir un film.

Elles se rendirent au dernier étage qui se trouvait être, à lui seul, une salle de cinéma privée. Maddie en resta estomaquée. Un large et impressionnant écran occupait tout un mur et, face à lui, étaient alignés de gros fauteuils en cuir rembourrés et inclinables.

— Installe-toi. Je dis à Lise de nous apporter à boire et à manger. Hamburger, ça te va ?

Maddie répondit par l'affirmative et se laissa tomber dans un des sièges.

Lorsque Rachel revint à l'étage, quelques minutes plus tard, Maddie était confortablement installée et dormait à poings fermés.

Rachel se pencha vers elle et baissa la voix.

— J'appelle ta mère et je lui dis que tu dors ici ?

Maddie grommela quelque chose qui ressemblait vaguement à un oui. Elle était partie pour une bonne nuit de sommeil dans un fauteuil bien douillet.


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