Chapitre 9

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Je ne pouvais pas lui dire mon vrai nom ... Si ?
Après tout, il y a bien d'autres personnes qui ont le même nom de famille que moi.

— Romane ?

Ah oui, il lui fallait une réponse.

— Euh... Turner, dis-je tout bas.

Le coach me dévisagea de haut en bas.

— Turner... Turner... murmura-il, en se grattant le menton.

— Dis-moi, tu ne serais pas de la même famille que le célèbre footballeur, Alex Turner ? me questionna-t-il vivement, alors que je déviais son regard.

Merde.

Certes, j'avais les mêmes yeux que mon père, quelques traits de visage similaires, mais rien de plus. Enfin si : son talent pour le foot. Je ne savais plus quoi répondre. Bon, il l'aurait appris un jour ou un autre. Mais quand j'y repense, mon père avait averti tous les enseignants, sauf lui. C'était donc pour une bonne raison, non... ?

— Hum... répondis-je tout bas, ne sachant que dire de plus.

Je ne savais pas quoi dire.
Vraiment.

— Oh le con ! Il n'a pas osé ! s'écria subitement l'entraîneur, me faisant sursauter.

Hein ? Le con ? Qui ?

— Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu étais la fille d'Alex Turner ! Oh le con ! Il l'a fait exprès ! cria-t-il encore une fois, pendant que je restais bloquée dans ses bras.

Je m'écartai de son étreinte et lançai des regards de détresse à Ben. Je vis que tous les autres me dévisagèrent, sérieusement. Et Loïs me fixait lui aussi. Ben soupira avant de prendre la parole :

— À la base, tous les enseignants sont au courant. Son père a juste voulu vous le cacher coach, car il disait que cela serait plus marrant si vous le découvririez vous-même. Mais oui, c'est bien la fille d'Alex Turner.

Il y a eu un blanc général suite à cette phrase. Là, tout le monde me fixait intensément. J'étais mal à l'aise. Mais soudainement, tous les membres de l'équipe m'enlacèrent en moins de deux. Ouais mais bon. J'étais compressée. Vraiment trop compressée.

Il se passe quoi là ?

— C'est pas vrai ! T'es la fille d'Alex Turner ! hurla Clément, mes pauvres oreilles souffrant déjà.

— Je suis trop son fan ! Putain ! cria un autre garçon.

Ils ne me lâchaient toujours pas et je commençais sérieusement à manquer d'air.

— Putain mais laissez la respirer merde ! s'exclama enfin une autre voix grave, me sauvant ainsi de ce supplice.

C'était Loïs.

Tous les garçons s'exécutèrent et se poussèrent un part un. Loïs s'avança ensuite, près de moi.

— Merci.

— Calmez-vous, les gars ! reprit Ben. Ce n'est pas parce qu'elle est sa fille, que cela va changer quelque chose. Faites comme si de rien était.

Je lui souris légèrement et lui chuchotai un petit merci.

— Mais pourquoi tu ne nous a pas dit qui tu étais réellement, Romane ? me demanda un garçon aux cheveux roux, Paul, je crois.

— À cause de vos réactions.

— Ah oui c'est vrai... dit-il en se grattant la nuque, l'air gêné.

— S'il vous plaît. Faites comme si mon père n'était pas connu. Je ne veux aucun traitement de faveur, repris-je, très sérieusement.

Ils acquièrent tous de la tête. Je me retournais ensuite et commençais donc à partir naturellement. Enfin plutôt, à m'enfuir avec délicatesse. Ils m'avaient épuisée.

— Tu restes toujours dans notre équipe au moins ! hurla soudainement l'entraîneur derrière moi, toujours aussi déterminé à ce que je constatais.

Je me retournai et lui souris en guise de réponse. Je pense qu'il avait compris, puisqu'il sauta de joie. J'allais dans les vestiaires et me changeais ensuite. Je m'allongeais quelques minutes sur le banc, et fermai les yeux, épuisée.

— Déjà fatiguée, alors ? me demanda soudainement une voix derrière moi.

J'ouvris les yeux et vis Loïs, qui se trouvait au-dessus de moi, le sourire aux lèvres. Je me redressai, directement puis repris la parole :

— Je te signale que je t'ai battu. Même si ce n'était pas vraiment un bon match pour moi. Pourquoi as-tu mis autant de temps à te relever ?

Il dévia mon regard et passa une main dans ses cheveux.

— Pour rien... répondit-il simplement.

Il est bizarre ce gars.

— Au fait, quand un membre intègre notre équipe, nous organisons une fête chez moi. Tu comprends ou je veux en venir ? reprit-il, en déviant donc le sujet.

— C'est très gentil, mais vous n'êtes pas obligés de faire ceci.

Loïs posa sa main sur ma tête et ébouriffa mes cheveux. J'étais assez surprise de son geste, mais pourtant cela ne me gênait pas plus que cela.

— T'inquiète, nous adorons faire ça. Samedi, vingt heures chez moi ok ? reprit-il.

— Tu habites où ? questionnai-je, en remettant mes cheveux en place.

— Je viendrais te chercher chez toi ; ce sera plus simple. Je t'enverrais un message, ok ?

— Tu n'as pas mon numéro, je te signale, rétorquai-je, étonnée.

Il lâcha aussitôt un petit rire.

— Je suis ton pire cauchemar. Ça te dit rien ?

Mon cerveau avait immédiatement fait ce fameux petit tilt.

— C'était donc toi l'imbécile aux blagues ! m'exclamai-je sans perdre de temps, en me levant avec énergie. Mais d'où tu as eu mon numéro ?

Il n'arrêtait pas de rigoler. Je lui mis donc, gentillement, un petit coup de poing dans l'épaule.

— T'es un psychopathe.

Il ne cessait plus de rire. J'allais lui en remettre une, quand il attrapa subitement mon poignet.

— Comme mon père, dit-il, un sourire en coin.

Quoi ?

— Ton père ? répétai-je en essayant de me dégager de lui, en vain.

— Tu sais le malade qui te courrait après il y a quelques jours. Eh bien c'est mon père.

Ah. Je me disais bien qu'il y avaient quelques ressemblances. Tant physique que caractère.

— Sois pas choquée, poursuivit Loïs, se faisant un malin plaisir à admirer ma mine déconfite.

Mais dommage pour lui, j'arrivais enfin à me dégager de lui et ma jambe partie toute seule vers son genou.

Désolée.

— Bandes de malades ! m'exclamai-je , avant de partir du vestiaire.

One love One passionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant