CHAPITRE UN

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Arrivée à Barrows

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- Allez Cassandra, tu peux le faire, je m'encourage une dernière fois à voix basse.

Pour confirmer mes paroles et me motiver totalement, je ferme mes yeux quelques secondes et je prends une grande inspiration. J'ai beau me répéter depuis deux mois qu'il n'y a pas de raison pour que ça se passe mal, je n'arrive pas à enlever ma boule de stress au ventre. Pour moi, franchir ces portes en fer, c'est comme monter dans un manège à sensations fortes en sachant pertinemment qu'on va avoir la peur de notre vie et que dès qu'il se mettra en fonction, on n'aura plus qu'une envie : sortir de là et retrouver la terre ferme.

Je devrais pourtant être heureuse de changer de lycée après deux années scolaires pas vraiment des plus agréables. Il faut dire que je n'ai jamais fait partie de ces filles populaires à qui tout le monde sourit et qu'on invite à des fêtes - de toute façon mes parents ne m'auraient jamais donné le droit d'y aller. Malgré mes bons résultats, je n'étais pas non plus classée dans la catégorie des losers et des intellos mais je ne me sentais pas à ma place. Mes parents se sont bien assurés que tout mon établissement soit au courant que leur fille cadette étudiait là-bas et à cause de leur fortune et leur popularité, j'avais plus de faux amis qu'autre chose. Au moins à l'internat Barrows personne ne devrait me connaître et puisqu'il n'y a que des enfants de familles plutôt aisées, avec un peu de chance on ne me remarquera même pas.

Tout ce que j'ai à faire c'est pousser cet immense et lourd portail, marcher jusqu'au bâtiment principal pour avoir mon emploi du temps et tous les papiers administratifs, trouver mon dortoir et attendre demain pour le début officiel des cours. Après, il ne me restera plus qu'à sourire à tout le monde et écouter en classe et le tour sera joué. Ça devrait être à ma portée.

Ma valise roulant derrière moi sur l'asphalte, je m'engouffre dans l'établissement. Après avoir refermé la grille, j'emprunte un chemin en gravillon qui me mène au bâtiment principal. Je ne peux m'empêcher de tout observer. L'église et le stade paraissent démesurés pour un simple lycée. Mais c'est surtout la façade de l'école qui attire mon regard. Même de loin, elle paraît si travaillée et si belle. Le rouge des briques en ressort d'autant plus parmi cette immensité verte. A mon avis, avant d'être un internat, la propriété devait être un château vu la splendeur des édifices. Je n'en reviens pas de tous les arbres s'étalant à perte de vue. Nous sommes a à peine une dizaine de minutes de San Francisco mais on se croirait en pleine forêt, éloignés de tout.

Pour vous prouver la grandeur du jardin, rien que pour rejoindre la terrasse longeant les bâtiments de vie, il me faut un temps énorme. A la fin, je regrette même de ne pas avoir enfilé mes vans plutôt que la paire de ballerines obligatoire. Je vois déjà les échauffements sous mes pieds arriver. Il faut dire que je n'ai pas pensé à former mes chaussures et donc elles ne se sont pas détendues. Je n'ai plus qu'à espérer avoir emmené des pansements.

Bien que la façade du lycée Barrows soit ancienne et plus au goût du XVIIIème voire XVIIème siècle, je reste en extase devant sa propreté et son bon entretien. Je suis habituée aux constructions et objets antiques grâce à ma mère qui est une grande collectionneuse et j'ai développé un certain intérêt à leur égard. Souvent, ça dépasse mes « amis » mais moi je trouve ces choses là intéressantes. La manière dont le beige est associé au bordeaux, la façon dont la structure a été faite, ces éléments me passionnent bien plus que la mode ou les choses superficielles qu'aiment généralement les filles de mon âge.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Where stories live. Discover now