CHAPITRE UN (2)

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Arrivée à Berkeley

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— Et toi alors ? Tu as rencontré de nouvelles personnes ? me demande Apolline avec curiosité une fois qu'elle m'a expliqué sa rentrée à UCLA.

— Hm... Pas vraiment, avoué-je en me mordant la joue. Ils étaient tous en cours quand je suis arrivée alors je n'ai croisé personne. Et de toute façon, je me vois très mal m'incruster avec eux et leur dire « Youhou, je suis nouvelle, vous voulez bien être mes amies ? ». Je te le dis, je n'ose pas parler aux gens.

Ma meilleure amie soupire bruyamment. Elle a toujours été le contraire de moi : très sociable et ouverte aux autres. Je suis plutôt d'une nature renfermée et solitaire, ce qui l'agace énormément. Je préfère passer mon temps avec une poignée d'amis plutôt qu'à des fêtes avec des centaines d'étudiants.

— Combien de fois te l'ai-je dit Cassie ? s'agace Apolline. Il faut que tu t'ouvres aux autres et que tu discutes avec eux. N'aies pas peur, ils ne vont pas te manger.

— Je sais mais je n'y arrive pas. Je n'y arrive plus.

— Mon dieu, arrête un peu de vivre dans le passé Cassandra. Je sais que ce n'est pas facile pour toi, Carter...

— C'est de l'histoire ancienne, la coupé-je vivement avant qu'elle ne ranime de douloureux souvenirs en moi.

Ce n'était pas tout à fait vrai. Je pense encore à lui, plus que ce que je veux bien avouer. Son départ après l'accident de voiture m'a dévastée. Il a reçu un SMS de sa mère et il s'est volatilisé dans la nature. Je n'ai pas eu de nouvelles de lui depuis fin juin, soit presque quatorze mois. J'ai toujours affirmé à Apolline que ça ne me touchait pas, que je me sentais bien. Mais la vérité c'est que je suis mal. Quelque chose s'est brisé en moi quand il est parti et depuis, je ne parviens plus à faire confiance aux inconnus. Inconsciemment, j'ai peur que l'histoire se répète, que je m'attache et qu'il s'en aille, comme Carter. Je lui en veux. Mais je n'arrive pas à le haïr comme je le devrais. Je ne peux pas détester une personne que j'ai aimée pendant autant de temps. Apolline l'a compris.

— Comme tu voudras, acquiesce-t-elle sans me poser davantage de questions. Bon, et sinon, comment il est ton logement étudiant ?

C'est ça que j'aime avec Apolline. Dès que les discussions deviennent hasardeuses ou trop dures pour moi, elle les détourne vers un sujet plus joyeux pour me changer les idées.

— Tu ne peux même pas imaginer à quel point il est génial ! m'exclamé-je sans cacher ma joie. Il est beaucoup plus grand que je l'imaginais et il y a même un balcon !

— Sérieux ? J'exige de voir ça tout de suite !

Elle se redresse pour pouvoir admirer la chambre que je lui montre, puis je lui fais faire une rapide visite de mon appartement. Ma visite improvisée est ponctuée de « Oh » et des « Waouh » à chaque fois que je lui montre une nouvelle pièce. Comme moi, elle est agréablement surprise par le petit luxe de mon logement. Apolline m'arrête lorsque je lui montre ma télévision et reste en extase devant l'unique tableau qui orne le mur du salon, juste derrière l'écran plat.

— On dirait tellement une des œuvres de Violet !

A ces mots, je prends le temps d'observer les fleurs pâles peintes sur la toile grisée et effectivement, la ressemblance avec ses créations me saute aux yeux. Évidemment ce n'est pas sa peinture puisqu'elle est dans une école d'art à New-York, mais voir quelque chose qui me rappelle mon amie me rend heureuse. Cette petite artiste en herbe me manque. A Barrows, c'était un peu comme ma petite sœur et j'avoue avoir été très ennuyée quand elle nous a annoncés qu'elle était prise dans une célèbre école à New-York. J'étais heureuse pour elle, mais je savais qu'on ne se reverrait plus beaucoup. Et effectivement, cela fait près d'un an que je ne l'ai pas vue en vrai. C'est la même chose pour Cédric qui est lui aussi dans une école similaire à Boston pour apprendre l'art de la photographie.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Where stories live. Discover now