CHAPITRE VINGT-DEUX

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Retour à la maison

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Je suis dans ma chambre depuis au moins trois heures. J'y suis enfermée depuis que je suis arrivée avec le chauffeur personnel de mes parents et je n'en suis pas sortie une seule fois. Carl était le seul à pouvoir venir me chercher cet après-midi étant donné que toute ma famille travaillait. Ma mère préparait le repas, mon père était occupé dans son bureau et ma sœur était de garde dans l'hôpital dans lequel elle travaille. Au début, j'ai pensé à refuser leur invitation, je l'ai d'ailleurs fait, mais mes parents ont tellement insisté pour que je vienne à Noël pour « se retrouver en famille » que j'ai fini par capituler pour qu'on me laisse tranquille. Évidemment ma visite est loin d'être seulement pour « ressouder les liens » comme me l'a affirmé Scarlett. Ce n'est qu'un mensonge. En réalité, les journalistes assaillent notre maison tous les jours, et n'étant déjà pas rentrée pour les dernières vacances, la presse commence à se poser les questions. Ma visite n'est là que pour faire bonne figure.

Mais comme je n'ai pas envie de voir ma famille tant que je n'y suis pas ouvertement obligée, je ne descends pas quand ils rentrent tous les uns après les autres, je reste allongée sur mon lit sans manifester le moindre intérêt à leur égard. Ça leur apprendra à m'avoir caché la vérité. J'espère qu'ils s'en veulent, qu'ils se sentent coupables, mais cela m'étonnerait. Moi qui habituellement suis la première à descendre saluer ma sœur, je n'ai même pas pris la peine de l'appeler. J'entends le bruit du four et d'un couteau et j'en déduis que ma mère doit être en train de finaliser la préparation du repas familial. Scarlett ne tarde pas à la rejoindre à grandes enjambées, sur ses talons aiguilles qui font un grincement sourd à chacun de ses pas. A peine, a-t-elle ouvert la porte de la cuisine, qu'elle se met à discuter avec ma mère.

Je les entends vaguement parler de mon père qui est toujours en train de travailler sur un dossier dans son bureau. J'essaie de me concentrer sur mon livre, mais c'est impossible. Les murs sont trop fins et même sans le vouloir, je parviens à saisir chaque parole échangée au rez-de-chaussée. Je sens que le repas risque d'être long et silencieux vu l'état d'esprit dans lequel je me trouve. Ou au contraire, animé et gênant, suivant l'option que vont choisir mes parents. A savoir, la discussion inévitable sur mon adoption.

— Cassandra ? Je suis arrivée ! hurle ma sœur à travers la cage à escalier pour me prévenir qu'elle est là.

Je ne prends pas la peine de répondre, je suis toujours très en colère contre elle. Elle et moi avons toujours été très proches mais elle n'a jamais ressenti le besoin de me parler de nos problèmes familiaux, et ça, je crois que jamais je ne pourrai lui pardonner. Avec le temps, mes blessures finiront par se refermer mais jamais elles ne disparaîtront complètement. Elles ne feront que s'estomper, laissant une cicatrice éternelle en moi.

Pour ne plus entendre ses appels, j'attrape mes écouteurs blancs posés sur ma table de chevet et je les coince profondément dans mes oreilles pour me couper du monde. Après avoir cherché une playlist appropriée à mon humeur maussade, je me rallonge et je me laisse bercer par la musique, submergée par les paroles des chansons plus poignantes les unes que les autres.

C'est contradictoire mais j'ignore si je suis agacée d'être ici, chez moi, ou si je suis heureuse de retrouver mon environnement d'origine, mon monde rempli des objets que j'aime. Entourée de livres soigneusement rangés un peu partout, je me sens bien, dans mon élément. Dès que je me suis allongée sur mon très grand lit immaculé, un certain apaisement s'est emparé de moi. Voir mes meubles blancs, ma décoration à la fois très sobre mais très personnelle m'a enchantée. Quand je repense à tous les souvenirs que j'ai dans cette chambre, bons comme mauvais, avec ma famille et mes anciens amis, je ne peux m'empêcher d'éprouver une pointe de nostalgie. J'ai souhaité partir d'ici, avoir mon propre appartement des dizaines de fois, mais pourtant c'est ici, dans cette maison que je me sens le mieux.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Where stories live. Discover now