CHAPITRE VINGT-DEUX

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Quand tout prend son sens

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PDV DE CARTER

Où est-elle bordel ? Quelle connerie est-elle encore en train de faire ? Si seulement j'étais resté avec elle sur le toit, si j'avais insisté pour mettre les choses à plat entre nous, tout aurait été réglé et elle ne serait pas je ne sais où à broyer du noir et faire des conneries.

Andrew a décidé d'appeler sa « sœur » pour la mettre au courant de la situation et bien que je n'étais pas convaincu que ça lui ferait du bien qu'elle l'apprenne, je n'ai rien dit. J'ai juste refusé qu'il en parle aussi à Apolline pour ne pas qu'elle débarque ici. Certes, c'est la meilleure amie de Cassandra, mais ce qu'elle a besoin c'est de réfléchir tranquillement, pas d'enchaîner les loisirs pour oublier sinon son mal ne partira que temporairement et après ce sera pire.

J'ai passé la nuit à la chercher partout. J'ai fait le tour du campus en voiture sans jamais trouver la moindre trace d'elle. Je suis ensuite passé rapidement à Barrows pour voir si elle n'y était pas retournée et j'ai fini ma virée par San Francisco en allant dans un nombre hallucinant de bars et discothèques. Je ne l'ai trouvée nulle part alors j'ai finalement abandonné. J'ai essayé de donner de ma bonne foi, même après tout le mal qu'elle m'a fait, inconsciemment. Et elle n'est même pas capable de tenir une confrontation entre nous, chose qu'elle me demande depuis le début de l'année. Cette fille est incompréhensible. Une putain de personne compliquée, comme je n'en ai jamais connue avant.

J'ai essayé de faire abstraction de ma rancœur après avoir abandonné l'idée de résister à mes sentiments suite au message de Cédric tout à l'heure et pourtant je n'y suis pas parvenu. Je lui en veux toujours. Et elle aussi. Qu'est-ce qui a bien pu merder à ce point dans notre relation ? Nous étions si bien tous les deux. Je l'aimais bordel. Elle est la première et seule fille pour qui j'ai ressenti des choses aussi fortes. Ça peut sembler accessoire, on pourrait le prendre comme une amourette de jeunesse, mais en réalité c'était bien plus que ça. Elle m'a rendu ma confiance en la gente féminine, j'ai brisé ma carapace pour elle et elle s'en est servie contre moi. Si je m'étais tenu à ignorer ce que je ressentais pour elle, à me tenir éloigné et jouer le mec inaccessible jusqu'au bout, nous n'en serions pas là aujourd'hui.

J'aurais pu décrocher les étoiles pour elle. Je l'aurais emmenée jusqu'à une constellation éloignée. J'aurais rendu ses nuits plus clairs que ses journées.

Et nous aurions mangé des tomates. Des tonnes et des tonnes de tomates.

Un sourire nostalgique étire mes lèvres à cette pensée, à notre premier vrai rendez-vous à la serre de Barrows. Qu'est-ce que nous étions innocents à ce moment là. Maintenant j'ai l'impression que nos âmes sont cassées, que nous ne serions jamais aussi heureux qu'au lycée. J'aimerais pouvoir revenir en arrière et effacer cette lettre qu'elle m'a envoyée. C'est la chose qui m'a fait le plus mal. Et juste après la mort d'Aaron. Le pire c'est que je n'ai même pas eu le courage de la brûler. Elle demeure dans son enveloppe, au fond de ma valise.

Je chasse mes pensées négatives d'un mouvement de la tête et j'ignore les picotements qui remontent dans ma gorge jusqu'à mes yeux. Je fais pitié à me laisser dominer par mes émotions. A trop essayer de les cacher, à les ignorer, quand elles reviennent, je me les prends de plein fouet et ça fait mal. Sacrément mal.

J'ai besoin de me changer les idées. Cassandra est assez grande pour prendre soin d'elle et de toute façon San Francisco est une ville bien trop grande pour que je tombe sur elle en me baladant au hasard dans ses rues. Il faut que je me rende à l'évidence : je suis inutile ce soir.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant