CHAPITRE TRENTE (1)

1.8K 105 11
                                    

3 0

Le mariage de Scarlett

______________________________________

D'habitude je déteste les fêtes quelles qu'elles soient. Que ce soit des réceptions données par ma famille ou des soirées, je ne me sens jamais très à l'aise lorsqu'il y a trop de monde. Je crois que c'est dans ces moments là que ma claustrophobie, peut-être couplée à de légères tendances agoraphobes, s'exprime le plus. Pourtant, aujourd'hui, je suis bien obligée de reconnaître que Scarlett a rendu son mariage exceptionnel.

Et le fait que Carter soit à mes côtés, pendant que des personnes que je ne connais pas échangent des banalités avec moi, aide grandement. Rien que sa main posée sur mes reins ou derrière mon dos me rassure et me procure une sensation de quiétude et d'apaisement immédiat. Il ne m'a pas quittée un seul instant depuis ce matin quand il est venu me chercher à mon appartement et je lui en suis plus que reconnaissante.

Pourtant, je suis certaine que ce n'est pas l'envie de s'isoler qui lui manque. Écouter des banalités toute la journée, c'est exténuant. C'est pourquoi, quand, pendant une discussion avec un couple d'amis à ma famille, il se penche vers mon oreille pour me murmurer qu'il se retire, je l'accepte sans broncher. Il en a déjà fait tellement pour moi.

— Je te laisse, on se retrouve plus tard ? me dit-il à voix basse.

Je me contente de hocher la tête, un sourire compréhensif sur les traits. Les amis de mes grands-parents nous dévisagent avec un regard attendri par notre échange doux et l'amour qui doit se lire dans nos yeux. Ce sont leurs soupirs remplis de compassion qui me font me détourner du dos de Carter qui s'éloigne vers l'entrée du grand jardin.

— C'est si beau de voir qu'à notre époque les jeunes sont encore capables d'aimer sincèrement, s'émeut la femme qui me fait face. Ça me rappelle nos débuts à George et moi.

— Seulement les débuts ? la charrie l'intéressé.

Elle lui répond par un mouvement maniéré du poignet qui me fait lever les yeux au ciel. Est-ce que c'est ce que les gens perçoivent de l'extérieur quand ils nous observent Carter et moi ? De la tendresse mielleuse et si gnan-gnan que ça exaspère ? Je n'espère pas.

En fait, je m'en fiche de l'opinion des autres. Nous sommes heureux, nous sommes mignons, nous vivons parfois un peu sur notre nuage moelleux – ce qui nous fait d'autant plus ressentir la chute lorsque l'on tombe sur le béton dur – mais c'est notre histoire. C'est ce que nous sommes.

— Cassandra ! hurle soudainement une voix qui semble provenir de nulle part.

Les conversations s'arrêtent un court instant pendant lequel mon prénom résonne dans tout le jardin, porté par la musique douce qui berce la réception. L'effet n'en est que plus violent par dessus les ballades classiques, ce qui me fait me raidir comme jamais mes muscles ont pu se crisper.

Je n'ai pas besoin de me retourner ni d'avoir un visuel sur la personne qui a hurlé mon prénom pour savoir qu'il s'agit d'Andrew. Et mes talents de devin me font dire qu'il est remonté. Très remonté.

Sans attendre qu'il ne parvienne à ma hauteur, je m'excuse auprès des convives à qui je fausse compagnie. L'air de rien, je prends la même direction que celle qu'a empruntée Carter plus tôt, espérant pouvoir me défiler. Ce qui m'était sorti de la tête, c'est Andrew qui, en plus d'être un Baker, possède la moitié du sang des Tanner dans ses veines. Ce sang qui court en lui l'a doté d'une qualité que la majeure partie de notre lignée possède : la détermination. Détermination qui s'avère être un défaut quand, pour lui comme pour moi, elle se transforme en entêtement obstiné.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Where stories live. Discover now