CHAPITRE TRENTE-QUATRE

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Amis dans la nuit

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Nos yeux ouverts sur le ciel dégagé de cette soirée de printemps, nous sommes allongés sur les serviettes. Nous frissonnons à cause des gouttelettes d'eau sur notre peau nue. Sitôt notre baignade nocturne terminée, nous sommes remontés sur le sable, enlevant nos tee-shirts trempés pour nous enrouler dans nos serviettes. Le feu de camp improvisé réchauffe autant nos corps que nos rires ravivent les flammes de nos cœurs. Pour ma part, je demeure perdue dans mes pensées, plongée dans l'univers parallèle de mes souvenirs que je revis de mon côté.

— Est-ce que ça vous est déjà arrivés d'avoir l'esprit vide tellement vous vous sentez bien ? nous demande Violet, rompant le silence serein qui s'était imposé entre nous.

— Comment ça ?

A la fois parce que je ne saisis pas de suite où elle veut en venir et parce que ça m'intéresse d'approfondir les réflexions de Violet, je me redresse sur les coudes, serrant fermement la serviette posée sur mes épaules tout en la fixant, de l'autre côté du feu

— Non, je... C'est idiot.

— Ce que tu dis n'est jamais idiot, Vio.

— A part quand tu me compares à un pingouin, ne peut pas s'empêcher de se moquer Cédric.

Je le fusille autant d'un regard sévère que j'encourage Violet à poursuivre d'un doux hochement de la tête.

— La plupart du temps, nous avons tous des pensées qui nous grignotent l'esprit et c'est comme si une sorte de guerre des pensées se déclarait dans notre tête. Et puis à côté, il y a ces rares moments où les pensées s'arrêtent de crier et d'un coup c'est le silence. Dans ces moments, tu te sens en paix avec toi-même.

— Et tu te sens si bien que tu voudrais que le temps s'arrête pour toujours et que l'instant ne se termine jamais pour se poursuivre éternellement, répond Carter, à la surprise générale. Oui, ça m'arrive beaucoup ces derniers temps.

Même sans me tourner vers lui, je suis consciente qu'il me fixe avec ardeur et que ses mots me sont destinés. Dans mes pensées, je lui retourne les sous-entendus, espérant qu'il saisira mes aveux non prononcés.

— Vous êtes trop déprimants les gars, se plaint Cédric en se redressant à son tour pour nous dévisager tour à tour.

— Ça, c'est à cause des musiques déprimantes et mélancoliques de Rosa.

— Oh ça va, ce n'est pas de ma faute si ma playlist se termine de façon émotionnelle, rétorque l'intéressée en soupirant bruyamment.

Et d'une joie sans égale, nous passons à une ambiance morne et triste, accordée à notre état d'esprit. Chacun de nous est perdu très loin dans les méandres de son esprit, parmi les réminiscences qui surgissent de toute part. Carter gratte le sable d'un air distrait, Violet continue à fixer les étoiles, les yeux aussi scintillants qu'elles, Apolline est étrangement silencieuse et Jérémy et Rosalyn se palpent en louchant dans le vide. Seul Cédric semble éveillé, m'adressant un regard inquiet, ce à quoi je répond par un haussement d'épaules.

Il est certain qu'il faut que nous fassions quelque chose si nous ne voulons pas vider tous les mouchoirs de nos sacs. Il n'est pas question que nos souvenirs mélancoliques nous gâchent notre soirée, aussi merveilleux ont-ils été. Ceux que nous allons nous construire ce soir seront divins. Je m'en fais la promesse.

— Je sais où on peut aller finir de se sécher, j'interviens en me mettant debout, ramenant l'attention sur moi, même si je déteste ça.

— Si ton idée inclut de bouger, c'est non, déclare Jérémy, intransigeant.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant