CHAPITRE DIX-SEPT

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Punition pluvieuse

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J'ai été obligée d'avaler un sandwich à toute vitesse pendant que les autres mangeaient au self, au chaud et à l'abri parce que ce mercredi après-midi est pour moi consacré aux tâches pénibles du jardin. C'est ma punition pour m'être faite virer du cours de mon professeur de littérature, après lui avoir tenu tête. Ça aurait pu être pire, j'aurais pu écoper d'une sentence plus lourde que passer mon après-midi à nettoyer l'extérieur de Barrows. En fait, tout semblait parfait jusqu'à ce matin. Une belle journée un peu fraîche se profilait devant moi. Mais quand je me suis réveillée et que j'ai tiré les rideaux de notre chambre, découvrant que dehors il pleuvait, j'ai vu mes projets agréables s'évanouir. Un vrai déluge s'est abattu sur le lycée, emportant avec lui ma bonne humeur.

Maintenant tout est trempé. Le sol est devenu boueux, de l'eau coule abondamment des feuilles des arbres et je dois faire attention où je marche, sous peine de tomber dans une flaque et me retrouver avec de l'eau jusqu'aux genoux. Et pour couronner le tout, la pluie ne veut pas s'arrêter. Certes, elle est beaucoup plus fine et douce que ce matin, mais elle est capable de te mouiller tout entier en l'espace de deux minutes. Je n'ai vraiment pas de chance, je tombe sur la seule journée pluvieuse qu'il y a eue en un mois et demi. Les astres s'alignent contre moi.

J'ai à peine traversé la terrasse et une partie du jardin pour me rendre au débarras où sont entreposés les outils de jardinage, que je suis trempée jusqu'aux os. Le vent qui souffle m'arrache des frissons alors que je serre mes bras contre moi pour tenter de garder ma chaleur corporelle. C'est à ce moment que je regrette de ne pas avoir attaché mes cheveux. Ils tombent dans mon dos et sur mes épaules en une longue cascade raide, gouttant sur mes vêtements. Maintenant qu'ils sont tout emmêlés et gorgés d'eau, c'est impossible pour moi d'en faire quelque chose. Je suis condamnée à les laisser dans cet état déplorable jusqu'à ma douche. Heureusement, sur les conseils de Rosalyn, j'ai appliqué du mascara waterproof ce matin et à défaut d'être correctement coiffée, je devrais tout de même ressembler à quelque chose au niveau du visage.

Quand j'arrive enfin au débarras, après m'être décidée à courir à toute allure, je suis exténuée, trempée et démotivée. Si je ne suis pas malade demain, je ne comprends pas parce qu'avec la tonne d'eau que j'ai sur moi, il ne peut pas en être autrement. A l'intérieur du débarras, je compte six adolescents, sans m'inclure, à être déjà arrivés. Tous sont dans le même état que moi, décoiffés et de mauvaise humeur. Ça s'annonce très agréable. La plupart d'entre-eux sont déjà actifs, à dénicher des outils qui leur seront utiles ou vont chercher les explications sur leur mission du jour auprès du seul adulte présent. Même dans la faible luminosité, je reconnais le visage du coach de boxe que j'ai vu la fois où j'ai assisté à son cours. Il leur transmet leur activité à effectuer et leur donne les directives.

Comme je ne sais pas vraiment ce que je suis censée faire, je m'approche d'une fille aux cheveux de jais pour tenter d'en apprendre plus sur ce que nous allons faire cet après-midi sous le déluge. Elle n'a pas l'air très sympathique mais comme c'est la seule fille en dehors de moi présente dans la pièce, c'est vers elle que je me dirige.

— Excuse-moi, tu sais ce qu'il faut faire ? je demande poliment en lui touchant l'épaule pour qu'elle se retourne dans ma direction.

Sitôt que ma main effleure le tissu trempé de sa chemise, elle recule en tressaillant. Il lui faut du temps avant de comprendre ce que je lui veux. Au début j'ai l'impression qu'elle va m'ignorer et s'en aller mais elle prend la peine de répondre à ma question.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Kde žijí příběhy. Začni objevovat