CHAPITRE QUATRE (1)

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Une ancienne connaissance

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Depuis le début de la semaine, j'attends avec impatience l'option création littéraire. Les heures de cours m'ont paru interminables avant d'enfin y être. Pourtant, maintenant que je suis assise dans la salle de classe, je ne comprends pas comment j'ai pu être aussi enthousiaste. La pièce où nous étudions est identique à celles de mon ancien lycée et le professeur a l'air tout sauf sympathique. Avec ses lunettes imposantes, son crâne dégarni et son air sévère, il me fait un peu peur. Jusqu'à présent tous mes enseignants m'ont semblé être agréables et passionnés par leur métier alors que lui a l'air d'être dans la salle plus par obligation que par plaisir. Évidemment, son attitude me donne tout sauf envie de travailler.

Le cours a commencé depuis à peine une dizaine de minutes et tout est silencieux. Je crois que nous sommes tous intimidés par l'enseignant qui s'énerve avec une vidéo qu'il veut absolument nous montrer sur sa clé USB. Si nous n'étions pas là, il proférerait certainement des injures mais grâce à notre présence il se contente de soupirer bruyamment à intervalles réguliers. Sous la colère, son visage vire au rouge écrevisse et je peux voir des gouttelettes de sueur perler à son front. Il n'y a pas à dire, s'il s'énerve contre un élève, ce dernier risque de passer un sale moment, mieux vaut se tenir tranquille.

Quand enfin il arrive à activer la vidéo d'introduction, nous saisissons une feuille pour prendre des notes et sous l'œil expert de notre professeur d'âge mûr, tout le monde reste concentré. Exceptée moi, ce qui est plus qu'inhabituel. Perdue dans mes pensées, je gribouille sur ma copie des formes sans y faire attention. Je repense à la veille. Ma colocataire et le mystérieux garçon hantent mes pensées. Je n'ai toujours pas trouvé d'où je le connais mais il hante mes pensées. Je suis certaine qu'il m'est familier. Après tout peut-être me fait-il seulement pensé à mon passé, à lui. Le pire c'est la rage qui sortait de la silhouette du partenaire de Sixteen. Rien que d'y repenser j'en ai encore des frissons. Mais ce n'était en rien comparable à la haine de ma colocataire. Si elle avait pu, je crois qu'elle n'aurait pas hésité une seule seconde à me tuer. Je l'imagine déjà me ligoter dans mon sommeil et me torturer jusqu'à ce qu'elle en ait assez. Autrement dit, j'en aurais pour un sacré bout de temps.

Après m'être remise de mes émotions, je me suis levée de l'entrée afin de m'excuser auprès d'elle pour mon irruption dans son intimité. Je me sentais si mal ! Moi qui suis très à cheval sur les principes, je déteste rentrer dans la vie des gens. Mais quand je me suis approchée de la porte de sa chambre, je l'ai entendue sangloter et je me suis dégonflée, complètement honteuse. Si j'avais pu remonter le temps, j'aurais effacé cette fin de journée et je l'aurais réécrite en meilleure : je ne serais pas entrée dans sa chambre, j'aurais mangé mes spaghetti carbonara seule et personne ne me détesterait. Je peux tirer un trait sur une colocation normale et agréable après hier soir. Déjà que Sixteen ne m'appréciait pas avant. Maintenant ça risque d'être la guerre.

Une main pâle passe devant mes yeux me faisant revenir à moi. Je cligne des paupières avant de me retourner vers ma voisine de classe qui m'observe avec une expression de perplexité sur les traits. Ne comprenant pas le tourment de Kate, je lance un regard derrière nous et je découvre avec surprise que nous sommes seules dans la salle de classe. Le cours est déjà terminé ? Impossible ! Je n'ai même pas pris une seule note de la vidéo du professeur. Il vaut que je me reprenne et que j'arrête de penser à ma colocataire. Après tout qu'elle m'aime bien ou me haïsse ça ne va pas changer grand-chose puisqu'elle n'est presque jamais à l'appartement.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Where stories live. Discover now