CHAPITRE DIX

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Affaire familiale

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PDV DE CARTER

Alors que je m'apprête à sortir de mon appartement pour prendre mon service de dix-huit heures, la sonnerie du téléphone fixe m'arrête dans mon élan. En temps normal, c'est Andrew qui répond aux appels puisque je trouve toujours un moyen de me défiler, détestant me retrouver confronté à des inconnus. Mais aujourd'hui il est sorti avec sa copine et donc je suis seul. Chose qui ne me motive pas le moins du monde à répondre. Si la messagerie existe, c'est bien pour que ça serve à quelque chose. Et puis si c'est important, la personne rappellera.

Ignorant les dernières sonneries qui résonnent dans le couloir, j'attrape mon manteau dans l'entrée pour braver le froid de ce mois de février. C'est en voulant fermer la porte que je me rends compte que mes clés ne sont ni dans la poche de ma veste, ni dans celle de mon pantalon. A tous les coups je les ai laissées sur la console en enfilant mes baskets. Parfois je m'agace moi-même. Alors que je suis presque en retard, je suis obligé de rentrer à nouveau dans l'appartement, sans avoir oublié d'exprimer mon mécontentement par un long soupir avant.

Le téléphone continue de sonner, me prouvant que celui ou celle qui tente de nous joindre est déterminé à nous faire décrocher. Rien que parce que la sonnerie m'est insupportable, je suis tenté de décrocher et raccrocher pour la faire cesser. Surtout quand je me rends compte que mes clés ne sont pas dans l'entrée. Où ai-je bien pu poser ces foutues clés ?

— Oui, Carter, c'est ton père, commence la voix qui laisse un message sur le répondeur, m'arrachant un sursaut qui me fait me cogner à la table basse sous laquelle j'étais penché. C'est juste pour te dire que ta mère et moi essayons de te joindre en appel visuel depuis une demi-heure mais tu ne réponds pas.

Il fait une pause pendant laquelle je distingue les murmures d'une voix de femme derrière. Sans doute ma mère.

— Oui, Emily, j'ai compris, reprend mon père en soupirant. Carter, ta mère me dit de te dire qu'elle te voit en ligne sur Facebook et elle aimerait que tu prennes son appel vidéo. Mais peut-être que tu as oublié d'éteindre ton portable... Si c'est le cas, rappelle-nous dès que tu as ce message, c'est important.

Alors que je suis certain qu'il va raccrocher, mon père continue son message, laissant planer un nouveau silence pendant lequel des marmonnements se font entendre en arrière fond. Je devine qu'ils se chamaillent et que c'est encore et toujours ma mère qui remporte la bataille.

— Carter Thomas Evans, je sais que tu écoutes ce message alors fais-moi plaisir de décrocher si tu ne veux pas qu'il y ait des représailles, hurle ma mère dans le combiné, m'arrachant une grimace.

A son ton tendu, je devine qu'elle est énervée, si bien que j'en tremblerais presque. Emily Evans n'est pas le genre de personne à qui on peut tenir tête ou ignorer les ordres lorsqu'elle sort de ses gonds. Ou même quand elle est de bonne humeur. J'en ai déjà fait les frais dans le passé.

— En fait, ne t'embête pas à répondre, ça me va. Les informations que nous avons filtreront dans la presse à la minute où j'appuierai sur le bouton envoyé et ce ne sera pas moi qui payerais ton manque de discernement.

Cette fois-ci le long bip caractéristique d'une fin d'appel résonne dans le salon avant que le calme se fasse de nouveau, plongeant l'appartement dans le silence le plus complet. Silence presque troublant après les cris de ma mère.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Where stories live. Discover now