CHAPITRE DIX-NEUF

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Mission se changer les idées

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J'ignore combien de temps s'est écoulé depuis que j'ai perdu connaissance. Dans l'obscurité de mon esprit, j'ai perdu toute notion du temps. Il pourrait aussi bien s'être écoulé trois minutes comme dix heures, je serais incapable de faire la différence. La seule chose dont je suis certaine lorsque j'ouvre à nouveau les yeux, c'est que tout ce qu'il s'est passé n'était pas un cauchemar mais belle et bien la réalité, aussi affreuse soit-elle.

Je passe les premières minutes de mon retour dans le monde réel dans un flou étrange. Au début, je me demande ce que je fabrique couchée dans mon lit, recroquevillée en position fœtus, puis les souvenirs remontent petit à petit jusqu'à ce que les événements récents me reviennent complètement en mémoire. Les messages de Carter. Léo. La tentative de suicide. Son homosexualité. Sa violence. Tout se remet en place et c'est comme si je me prenais une seconde claque. J'ai mal, affreusement mal. Et pas seulement à la tête. Mon cœur est loin d'avoir été épargné ces derniers temps.

Une fois que j'ai à peu près fait surface, je m'arrache à la douceur de mes draps pour me redresser en position assise. Grave erreur parce que ça cogne tellement fort dans ma tête que je manque de retomber immédiatement sur mon matelas. Je me retiens de justesse à ma tête de lit et dans ma pseudo chute, mon regard va se poser sur ma table de nuit sur laquelle une gélule immense et un verre d'eau m'attendent. Je ne me pose pas la question deux fois et j'avale le tout, manquant de m'étouffer avec le cachet dans ma précipitation. L'eau fraîche me fait du bien et libère ma gorge tellement sèche qu'elle en était devenue si serrée que j'en avais du mal à respirer.

La première question qui me vient lorsque je me mets difficilement sur mes pieds en m'aidant du mur blanc à ma gauche, c'est « Comment va Léo ? ». Puis, je me rappelle qu'il a essayé de me pousser du toit de son immeuble – ou du moins qu'il a voulu m'effrayer en simulant de le faire – et je chasse mon inquiétude en fermant les yeux. Je devrais plutôt me demander comment j'ai pu rentrer en un seul morceau à l'appartement de mon cousin. Est-ce lui qui m'a trouvée ou est-ce que quelqu'un m'a ramenée ? Est-ce que Carter m'a ramenée ? Certainement.

Cette pensée réveille en moi tout un tas d'émotions contradictoires que je fais taire instantanément. Je ne suis tout à coup plus si déterminée à aller dans le salon pour éviter de tomber sur lui. De toute façon, vu le peu de force qu'il me reste et mon cerveau ramolli, je n'aurais pas été bien loin. Je ne suis même pas certaine qu'en essayant je parviendrais à atteindre la porte de ma chambre. Pourtant j'ai une envie pressante d'aller vider ma vessie. Apparemment, je vais devoir patienter un peu que le médicament fasse effet.

En soupirant longuement, je me laisse tomber sur mon matelas et ma tête rebondit sur mon oreiller. Génial, maintenant la douleur dans ma tête s'est réveillée à nouveau. Il n'y a que moi pour réussir à aggraver une situation déjà bien assez compliquée comme ça.

A peine me suis-je allongée sur le dos, les yeux fermés pour tenter de retrouver la paix que je viens de quitter que j'entends la porte de ma chambre s'ouvrir. Le mouvement est léger et tellement silencieux que je crois d'abord l'avoir inventé. Après tout, je suis tellement exténuée que je pourrais déjà être repartie dans le royaume de l'inconscience. C'est sans doute ce que j'aurais pensé si quelque chose ne s'était pas posé sur le bord de mon lit, creusant légèrement le matelas à ma gauche.

J'ignore pourquoi mais je simule l'inconscience en gardant mes paupières fermement closes et en gardant une respiration que j'espère régulière. Chose qui s'avère plus compliquée que prévu lorsqu'une main froide et étrangement douce se pose sur mon front. Mon cœur s'emballe au contact de ce corps étranger avec ma peau lorsque le parfum mentholé des cheveux du garçon parvient à mes narines, signe qu'il s'est penché sur mon corps inerte.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Where stories live. Discover now