CHAPITRE VINGT-QUATRE

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Nouvel an [partie 2]

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Dix ! Neuf ! Huit !

Carter et moi nous élançons à travers la foule d'inconnus euphoriques pour retrouver le groupe. Ce n'est pas une tâche facile puisque le toit est entièrement rempli de jeunes. Chaque petit centimètre carré est utilisé et tout le monde se touche. Des odeurs de transpirations, de brûlé et des effluves d'alcool me montent aux narines à mesure que nous nous engouffrons au centre du toit, de plus en plus peuplé.

Sept ! Six ! Cinq !

Sous les cris des personnes autour de nous, nous continuons notre ardue avancée. C'est seulement lorsque je manque de trébucher en marchant sur le pied de quelqu'un et que Carter me rattrape in extremis, que je remarque que ma main est au creux de la sienne. Je me sens rougir en réalisant le contact physique entre nous. Malgré le malaise que je ressens, je ne l'enlève pas, bien au contraire, et je resserre même mes doigts aux siens pour être certaine de ne pas le perdre. Me retrouver seule au milieu d'une foule d'inconnus n'est pas ce que j'ai envie.

Quatre ! Trois ! Deux !

Nous n'arriverons pas trouver Apolline, Rosalyn, Cédric et les autres à temps, c'est maintenant une certitude. Nous n'avons pas assez de temps et il y a beaucoup trop de monde. Au moins, grâce à notre chaleur corporelle se mêlant à celle des autres, nous avons chaud. C'est un détail appréciable en plein hiver à minuit à trente étages de haut. J'essaie de me consoler en me disant qu'au moins nous serons tous au même endroit quand la nouvelle année arrivera.

Malgré tout, nous marchons toujours plus vite, jouant tantôt des coudes, bousculant des personnes lambda au passage et nous tordant dans tous les sens pour essayer d'apercevoir des têtes connus. Même si nos amis avaient été à deux centimètres de nous, je ne pense pas que je les aurais vus tellement tous les corps sont entassés les uns sur les autres. En passant, j'ai à peine le temps de voir une chevelure brune, des yeux sombres ou un reflet sur un bijou doré que nous sommes déjà loin Carter et moi.

Un ! Zéro !

De nombreux « bonne année » sortent de la bouche de tout le monde quand minuit est enfin atteint. C'est l'effervescence générale. Des cris et des applaudissement rompent le silence de la nuit, des objets divers volent en tout sens au-dessus de nos têtes en même temps que des paillettes venant de je ne sais où tombent sur nous et des gens s'étreignent avec ferveur. Je vois même un grand nombre de personnes s'embrasser sous les lumières festives du toit. C'est mignon à voir.

Alors que nous slalomons entre les gens immobiles, une fille tire Carter par les épaules et l'attire vers elle en essayant de lui gober la bouche. Avec la froideur habituelle dont il fait preuve devant les inconnus, il la repousse nonchalamment en n'hésitant pas à la pousser légèrement pour me tirer derrière lui. La fille blonde aux cheveux courts le regarde avec un air ébahi qui me fait rire. Il n'a donc pas changé en six mois que je le connais.

— Quoi ? me demande-t-il en remarquant le sourire en coin qui pointe au creux de mes lèvres. J'ai un truc sur la figure ?

— Non, non, laisse tomber. Et oui, comme tout le monde tu as des paillettes partout !

Il fait mine de s'essuyer et passe sa main libre dans ses cheveux pour faire tomber les morceaux de papier dorés qui se sont agglutinés dedans. Quand il reprend sa marche effrénée – toujours en me tirant par la main –, ses cheveux sont décoiffés et des mèches rebelles lui tombent sur le front. Il est tellement beau dans sa chemise blanche ! J'ai une envie irrépressible de remettre ses cheveux en place et effleurer son front avec mes doigts, mais je parviens à me retenir en me disant que je vais trop loin. Mes pensées sont irrationnelles, je ne peux pas vouloir le toucher.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt