CHAPITRE DIX

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Le retour d'Apolline

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J'ai toujours adoré les quais des gares. Voir les passagers embarquer vers une destination inconnue, observer les au-revoir emplis d'émotions de familles et d'amis ou au contraire leurs retrouvailles, tout ça me fait rêver. Plusieurs fois, je me suis imaginée à leur place, partant à la conquête d'une ville inconnue pour tout recommencer à zéro. Mais j'ai toujours manqué de courage pour le faire. Pourquoi suis-je là alors pour le premier jour des vacances ? Je suis venue attendre ma meilleure amie dont le train doit arriver d'un instant à l'autre.

Je regarde d'un air distrait les trains arrivant en gare, les yeux rivés sur les fenêtres des wagons qui avancent au même rythme que les rames. Le vent que leur vitesse provoque manque plusieurs fois de soulever ma jupe bleu marine et mes boucles brunes dansent sur mes épaules dénudées. Je crois que de l'extérieur j'ai l'air un peu perdue et absente, plongée ainsi dans la contemplation du vide. C'est exactement ce que je suis intérieurement : distraite et pensive. J'ai attendu de revoir Apolline depuis tellement longtemps que maintenant que le moment est sur le point de se produire, je ne suis plus certaine de ce qu'il faut que je fasse. Et si notre relation n'était plus intacte ? Et si elle s'était faite d'autres amies, plus intéressantes que moi ?

Je n'ai pas le temps d'aller plus loin dans mes questionnements ridicules car je suis interrompue par l'appel de quelqu'un. A l'entente de mon prénom, je me tourne vers l'origine de la voix et je découvre sans surprise une Apolline resplendissante qui court dans ma direction, sa petite valise à la main. Avant même que je ne réalise ce qu'il se passe, je me retrouve collée contre un corps qui me dépasse de plus d'une tête et des cheveux bruns et frisés me chatouillent les joues. Je souris tellement que j'en ai mal aux joues. Apo m'a manqué, c'est un fait. En un an de colocation et de bêtises et une autre année d'amitié cachée, elle est devenue ma meilleure amie, la personne dont me passer est impensable.

Lorsque de longues secondes plus tard nous nous détachons l'une de l'autre, sous le regard interrogateur et doux des personnes attendant leur train, je jurerais avoir senti une goutte d'eau me tomber sur l'épaule. Est-ce une larme que je distingue sur la joue d'Apolline ?

— Ne me dis pas que tu pleures, Apo ! je m'exclame en ouvrant grand mes yeux océan.

— Quoi ? couine-t-elle d'une petite voix vacillante. Non, pas du tout !

— Je t'assure que tu as de l'eau salée sur la joue.

Je lui effleure l'endroit où la larme a coulé du bout de mon pouce en souriant et elle se mord la lèvre en grimaçant.

— Oh ça ? Ce sont mes yeux qui se purifient, prétend-elle en frottant ses yeux.

— Donc tu pleures.

— Tu m'énerves Cassie ! s'écrie-t-elle en croisant ses bras et baisant la tête avant de la relever d'un coup avec une moue adorablement triste. Oui, je pleure parce que je n'ai pas vu ma meilleure depuis 4 mois interminables. Contente ?

Touchée par ses propos, je n'attends pas d'en entendre davantage et je la prends dans mes bras. Je sais qu'elle pleure et mes yeux sont eux aussi humides, mais je m'en fiche. Rien ne peut gâcher nos retrouvailles tant attendues. Nous tenir éloignées l'une de l'autre a été l'une des choses les plus difficiles de ma vie. On dit souvent que l'amitié constitue l'élément le plus important de notre existence. Je ne peux qu'acquiescer. La vraie et pure amitié comme celle que j'entretiens avec Apolline est belle et importante. Bien plus que des relations amoureuses que nous pourrions avoir.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Where stories live. Discover now