CHAPITRE CINQ

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Après-midi mère-fille

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Le lendemain, je profite d'être de passage à Los Angeles pour contacter Scarlett et essayer de nous voir puisque nous n'avons pas pu passer les fêtes ensemble. Nous avons été chacune occupée avec nos propres problèmes donc elle n'a pas pu se déplacer à Berkeley pour me rendre visite. Entre le mariage qui s'approche de jours en jours, sa grossesse et son travail qu'elle refuse de quitter pour garder ses mains occupées, elle n'a pas eu une minute à elle. Moi non plus à vrai dire puisque j'ai croulé sous les cours, les révisions et mon nouveau travail à la bibliothèque. Ils m'ont donné deux semaines de congés forcés pendant les deux semaines banalisées pour les révisions et je me suis bien cachée de leur révéler à quoi elles me servent.

D'habitude je m'organise pour me trouver plusieurs créneaux et réviser l'après-midi et la nuit, mais aujourd'hui c'est repos car je vais passer une partie de ma journée en compagnie de ma mère. Cette perspective me ravit car le dernier moment que nous avons passé ensemble remonte à si loin que je ne me souviens même pas de ce que nous avons fait. Nous avons du temps à rattraper, c'est certain.

Je la retrouve comme prévu dans un café en plein centre de Los Angeles où nous avions l'habitude de venir quelques années auparavant. Lorsque j'aperçois la façade en pierre au style ancien que j'affectionne tout particulièrement, une bouffée de nostalgie me prend. J'ai du mal à croire qu'il y a cinq ans, je vivais encore dans mon cocon de bonheur, dans ma bulle de calme et d'épanouissement. Il y a cinq ans, ma famille n'était pas divisée. Il y a cinq ans, jamais je n'aurais deviné où j'en serais arrivée aujourd'hui.

Je me sens happée par la mélancolie à ce souvenir. Mes yeux me piquent et ma gorge me brûle tellement que j'ai l'impression d'être au bord des larmes. Larmes qui auraient certainement coulé si Scarlett ne m'avait pas appelée en me faisant un grand signe d'une des tables en terrasse. La voir emmitouflée dans son manteau immense, un bonnet cachant ses cheveux châtains foncés et des gants autour d'un café, me redonne immédiatement le sourire. Il n'y a qu'elle pour s'installer dehors alors que les températures sont toujours très basses. Et en pleine grossesse mon Dieu !

— Scarlett, bon sang, il n'y a personne à l'intérieur ! Qu'est-ce que tu fais dehors ? je m'exclame en allant l'embrasser au passage.

— Bonjour à toi aussi, Cassie, je me porte à merveille et toi ?

— Scar', je suis sérieuse, tu vas attraper la crève !

— Mais non rho ! Et je voulais être sûre de ne pas te rater ! Tout le monde se ressemble avec ces foutus vêtements d'hiver !

Je soupire, vaincue. Elle a raison, la plupart des personnes assez courageuses pour sortir en ville portent une grosse écharpe dans laquelle ils ont rentré leur menton et un manteau long et sombre. N'empêche, je ne me sens pas de passer les prochaines heures dans le vent qui ne s'est toujours pas tari. Nous n'avons pas tous la même résistance au froid.

— Bon tu vas finir par t'asseoir ou je vais être obligée de t'y contraindre ? J'ai commandé ton chocolat chaud il y a dix minutes, il va finir par être froid lui aussi !

Heureusement que les boissons sont servies avec un couvercle qui retient la chaleur sinon je crois qu'effectivement j'aurais dû boire un chocolat froid. En même temps, ce n'est pas malin d'avoir commandé alors que je n'étais pas là.

— Comment va Mark ? je demande à Scarlett pour faire la discussion.

— Il est au travail, une intervention importante mais on a prévu de faire une sortie ce soir, m'apprend-elle. Tu sais entre l'appartement, les achats pour le bébé et les préparatifs de mariage, il a beaucoup de choses à gérer.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Where stories live. Discover now