DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]

CHAPITRE TRENTE-CINQ

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Amoureux dans la nuit

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Lorsque Carter organise des rendez-vous amoureux, je préfère ne faire aucune supposition en amont dans ma tête. Ce n'est en aucun cas par peur d'être déçue parce qu'il possède cette faculté particulière qui fait que chaque chose qu'il prévoira sera extraordinaire. Non, je préfère garder la surprise parce qu'au fond, je n'ai jamais aucune idée de ce qu'il me prépare. Un jour, je suis certaine qu'il nous propulsera dans l'espace juste pour que nous puissions admirer les étoiles de plus près.

Cette nuit, Carter s'est particulièrement surpassé. Alors que je pensais que l'ambiance allait s'attrister après avoir jeté nos lettres au feu, ça a été tout le contraire. Je n'ai jamais eu autant l'impression que tout était léger, limpide et éthéré entre nous. Sans avoir besoin de parler, nous nous comprenons. Assise à côté de lui dans la voiture alors qu'il nous conduit vers une destination inconnue, je ressens en décuplé tout l'amour qui irradie de nos corps, comme si une enceinte multipliait nos sentiments par mille.

— Alors ce voyage rétrospectif de notre histoire ? me demande Carter, lâchant un court instant la route des yeux pour croiser mon regard.

— Il n'existe pas de mot assez fort pour exprimer ce que je ressens.

— Alors on est sur la même longueur d'onde, sourit-il, satisfait par ma réponse du tac-au-tac.

Mon Carter est plus romantique qu'il n'y paraît. Cette nuit, après m'avoir offert un rassemblement avec le groupe de Barrows, il m'emmène sur les traces de notre passé commun, à la recherche des reliques de nos souvenirs.

C'est comme si nous vivions pour la seconde fois tous les événements clés qui ont marqué notre histoire. Et la deuxième fois est encore meilleure. Nous profitons, avec une telle passion ardente en nous, presque aussi insouciants que des gosses entrant dans le monde de leurs rêves.

Ce soir, nous nous concentrons sur le passé pour vivre plus profondément le présent.

— Tu nous amènes où maintenant ? je m'enquiers, les yeux rivés sur la silhouette de Carter qui conduit avec prudence.

— Je te laisse deviner.

Nous avons commencé par retourner au campus de Berkeley – ce qui était idiot en soit car nous en venions tout juste. Il m'a traînée de force dans l'ascenseur de mon ancienne résidence pour revivre la scène du jour où nous sommes restés bloqués à l'intérieur.

La chaleur est cependant vite redescendue quand nous sommes allés nous asseoir sur le banc devant lequel nous nous sommes revus au début de l'année scolaire.

Ensuite nous sommes allés à San Francisco même, nous arrêtant en chemin à la librairie de Bathilda. Bien que notre visite nocturne troubla ses doux songes entre les rayons de livres, elle a été contente de nous voir. Alors qu'elle se rendormait sur son comptoir, Carter et moi en avons profité pour passer du côté des antiquités. L'un à côté de l'autre, nous nous sommes restés allongés sous les tables, dans le noir.

— Maintenant qu'on est passés à la discothèque, tu n'as pas une idée d'où je t'amène ? me demande-t-il à nouveau face à mon silence pendant lequel je réfléchis à la question.

Oui, suivant l'ordre logique des choses, Carter m'a menée à la discothèque à laquelle nous sommes plusieurs fois venus depuis Barrows. J'ai eu de telles réminiscences que j'en ai été chamboulée au point de manquer de perdre connaissance, noyée dans le flot de souvenirs.