CHAPITRE TRENTE-TROIS

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Faire table rase du passé

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Je sais que lorsque Carter se gare devant mon appartement, je devrais simplement sortir après l'avoir remercié. Au pire des cas, l'embrasser l'histoire de casser cette tension encore et toujours présente entre nous. Mais jamais, ô grand jamais l'inviter à monter n'aurait dû faire partie de mon vocabulaire. Et pourtant, lorsqu'il se tourne vers moi pour me saluer, je suis incapable de résister à la tentation de le lui proposer.

— Tu veux que je monte ? répète-t-il aussi surpris que je le suis par mon audace subite.

J'ordonne à mon cerveau de nier, de retirer la perche que je viens de lui tendre, mais mes sentiments surpassent ma raison. Je savais que je n'aurais jamais dû le laisser me raccompagner, c'est bien trop dangereux lorsque deux personnes qui s'aiment ont un appartement de libre pour toute une nuit.

— Je ne t'oblige à rien, je me sens obligée de lui dire.

Mais mon ton indique tout le contraire. J'ai envie qu'il monte, du plus profond de mon être et il le sent. Ses yeux brillent de bonheur, d'une lueur dont j'éprouve des difficultés à distinguer ce à quoi elle se rapporte. Je suis néanmoins presque certaine qu'elle n'est pas innocente, tout comme les insinuations que je lui fais.

— Et l'invitation est sans arrière pensée, je trouve bon de préciser en rougissant dans toute ma splendeur, même si au fond c'est un mensonge pur et dur.

— Évidemment, tu m'invites pour regarder un film dans ton canapé en sirotant un verre d'eau ? ironise-t-il avec un sourire irrésistible.

— C'est ça, oui.

Bien sûr Cassie, tout le monde te croit, je me moque mentalement de moi-même. Carter n'est pas naïf, il sait que lorsqu'une fille invite un garçon à son appartement, généralement ce n'est pas pour tenir des discussions philosophiques à cinquante mètres d'écart. J'ignore ce qu'il m'arrive depuis que nous avons mis les choses à plat avec Carter, mais je ne me reconnais plus. Je suis censée être la personne pure, timide, innocente ici, moi la petite vierge qui n'a jamais eu de copains à l'exception du jeune homme qui m'a raccompagnée.

Pour palier ma gêne et rompre un futur silence, je prends les devants en masquant l'envie dans ma voix.

— Mais si tu n'es pas capable de te contrôler c'est pas grave, hein. Je peux regarder mes films toute seule.

Ça c'est typiquement moi : pour cacher mes propres faiblesses, je les mets sur les autres, sous-entendant que si la soirée film risque d'être difficile à vivre, c'est à cause de Carter. Pourtant, jusqu'à présent, il a été le plus sage d'entre-nous. Ou disons, pour être plus précis, qu'on est sur un pied d'égalité niveau taquineries mais que lui a réussi à contenir son attirance alors qu'il a l'air d'apprécier les ébats sexuels.

S'il se rend compte de ma supercherie, il a la prévenance de le cacher.

— Ce serait dommage que tu sois la seule à en profiter..., rétorque-t-il aussitôt. Donc je pense que je vais me laisser tenter.

— Super !

L'engouement dans ma voix est bien trop perceptible. Je me crispe en le réalisant, une grimace tordant mes lèvres.

— Enfin je veux dire, ouais, c'est cool. Pour le film, j'entends.

Surtout enfonce-toi un peu plus, Cassandra, on ne te dira rien.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant