CHAPITRE TROIS

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La chambre de Jérémy

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— Bon, quand est-ce qu'il va daigner se réveiller cet idiot ?

La question de Carter sort tout le monde de son état second et nous reportons notre attention sur lui, assis par terre à côté de Cédric qui a exigé l'un des sièges de la pièce pour soulager son dos endolori de son voyage en avion. Il était le premier à vouloir venir mais par contre maintenant qu'il est là, il voudrait que Jérémy se réveille comme par magie en sentant notre présence. Mais on n'est pas dans un conte de fée, ça ne se passe pas comme ça. On a essayé aussi le baiser à la belle au bois dormant mais les lèvres de Rosalyn n'ont aucun pouvoir de guérison. A la place de quoi, nous restons tous dans sa chambre, trop petite pour contenir six personnes en plus du patient. Nous partons seulement pour aller manger, assouvir nos besoins primaires ou quand ses parents viennent lui rendre visite. On a essayé de nous virer plus d'une fois, mais nous ne nous laissons pas faire.

— Sois patient, Carter, il va le faire à son rythme.

— Ça fait quand même trois jours qu'on est là, remarque mon petit-ami-nous-faisons-un-break-temporaire. Ça ne vous inquiète pas qu'il soit toujours dans les vapes ?

— Bien sûr que si ! lâche Rosalyn, les yeux embués. Mais les médecins ont dit que ce n'était plus qu'une question de jours maintenant.

Effectivement, le personnel médical nous a rassurés en nous disant qu'il ne devrait pas avoir de séquelles irréparables. Ce n'est pas passé loin, il a eu de la chance. Ce qui est inquiétant, c'est qu'il aurait dû se réveiller il y a deux jours, après qu'ils aient décidé d'arrêter son coma artificiel. On essaye de relativiser en nous disant que c'est un grand dormeur mais l'attente commence à mettre nos nerfs à fleur de peau.

A chaque fois, les prises de parole de Rosalyn clouent le bec de tout le monde. Elle semble si déterminée à positiver alors que dès qu'elle pense qu'on ne la regarde pas, elle se met à pleurer. Nous n'osons plus lui tenir tête par peur de déclencher une crise.

Avec Jérémy toujours inconscient, ce n'est plus pareil pour le groupe. Déjà, on s'est tous un peu éloignés parce que ça fait longtemps qu'on ne s'est pas retrouvés tous ensemble et le contexte n'est pas le plus propice qui soit pour renouer les liens. On essaie, mais le froid subsiste. Nous n'avons plus qu'à espérer que notre ami se réveillera vite pour que tout redevienne comme au bon vieux temps. Les blagues pourries de Cédric me manquent, le duo de choc Carter/Jérémy aussi. Et je ne parle même pas de la bonne humeur d'Apolline qui s'est évaporée quand elle a appris la nouvelle. Rosa, elle, est la plus méconnaissable, aussi fragile qu'une poupée de chiffon, elle qui pourtant arbore une perfection quotidienne.

Comme pour confirmer mes pensées sur elle, Rosalyn ne tarde pas à s'effondrer sur le lit de Jérémy, lui mouillant le cou des larmes qui roulent de ses joues. Elle empoigne fermement sa main et scande des paroles tout bas. Même en étant à côté je ne parviens pas à les saisir mais je suppose qu'elle s'adresse à son Dieu ou toute autre entité à laquelle elle croit. Je me joins à elle par pensées en implorant qui m'entend de faire Jérémy se réveiller mais rien ne se passe. Rosalyn doit faire le même constat que moi car sa crise de larmes redouble lorsqu'elle remarque que son petit ami n'a pas esquissé le moindre geste, son torse se soulevant toujours régulièrement.

— Rosa..., je murmure dans l'espoir de la calmer.

— Pourquoi il ne se réveille pas ? Pourquoi il ne m'entend pas ? Il ne m'aime pas c'est ça ? Il veut me laisser ?

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Where stories live. Discover now