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Une obscurité aveuglante m'encercle. Je cours, je cris, je pleure, j'ai peur. Je suis poursuivie. Un bruit strident me parvient et m'arrache un frisson d'effroi. Je redouble d'efforts, plus que de la peur, c'est de la terreur qui me prend. Je tombe et me relève mais c'est trop tard. Il est là, ce monstre. Ses yeux rouges me transpercent, me dévorent, me tuent. Je pousse un hurlement strident, horrible, inhumain.

Je me réveille en sueur et suffoquant. Je me dirige vers la salle de bain en titubant. Je m'appuie contre le lavabo et tente de retrouver ma respiration normale. Je me rince ensuite la tête et regarde mon nouveau visage dans le reflet de la glace durant plusieurs minutes. J'essaie de me l'associer, de me reconnaître dans celui-ci mais je n'y arrive pas, je n'y arriverai jamais. Je ne suis plus celle que j'étais. Je ne suis plus une humaine, je suis un vampire, je suis le monstre.

Une légère chaleur naît dans mon abdomen, là où il m'a mordu. Cette chaleur s'intensifie et se diffuse rapidement. Je brule intérieurement, je souffre. Je me retrouve rapidement assise sous le jet de la douche projetant de l'eau glacée sur mon corps brûlant, sans que ça ait un réel effet. Après avoir été la glace, je suis le feu.

Les yeux fermés, j'essaie de penser à autre chose que cet incendie intérieur. Une main se pose sur mon épaule nue, je n'ai pas besoin d'ouvrir les yeux pour savoir qu'il s'agit d'Olivier.

« Vous n'avez pas honte de regarder une jeune fille de quinze ans nue sous la douche » dis-je simplement.

A vrai dire, je me fiche de ma nudité, c'est juste un prétexte pour qu'il me laisse seule avec la mort, car une telle douleur ne peut être qu'une porte grande ouverte sur la mort.

« Je suis médecin, des jeunes filles nues, j'en vois régulièrement depuis des années, me répond-il.

— Alors laissez-moi seule avec la mort !

— La mort ? »

L'homme qui prétendait être médecin rit légèrement. Je le regarde alors d'un air interrogatif.

« Je peux savoir pourquoi vous riez ? Demandé-je offensée.

— Il y a quelque chose que je ne t'ai pas dit, tu es immortelle. »

Immortelle ? Est-ce que cela veut dire que je ne peux fuir la vie et la Terre ou que la nature ne peut m'y forcer.

« Si je suis immortelle, ça veut dire que rien ne peut m'ôter la vie si je le souhaite ? Déduis-je.

— Tu es immortelle, mais on peut te tuer. Cependant, tu seras plus dure à tuer car ta peau sera plus résistante et tes blessures se régénèreront plus vite, m'explique Olivier. Je t'expliquerai ça quand ta transformation sera finie »

Je ferme de nouveau les yeux et me replonge dans mes pensées mais Olivier m'en ressort peu de temps après.

« Tes parents sont venus aujourd'hui, m'annonce-t-il, ils voulaient te voir. »

Une image d'eux me revient en mémoire ainsi que de ma petite sœur, ils doivent être morts d'inquiétude. Ils me manquent affreusement.

« Comment se fait-il que je n'ai pas pensé à eux plus tôt ? Demandé-je.

— Tu avais d'autres préoccupations, me répond-il.

— Et pourquoi ne sont-ils pas venus me voir ?

— Parce que... hésite-t-il.

— Pourquoi ? insisté-je.

— Le service hospitalier dans lequel tu te trouves est secret de tous, les visites y sont interdites sauf si... je décide qu'ils ont le droit de venir, avoue-t-il.

La Royauté du RubisWhere stories live. Discover now