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J'entre dans mon appartement. Il est plutôt grand, à Paris, c'est une chance. Léo, un autre membre de la Royauté du Rubis, m'a affirmé qu'avec le succès du magazine où je travaille que j'ai apporté, je pouvais me permettre un excellent salaire et un appartement luxueux mais celui que j'ai actuellement me convient, c'est même parfois trop. J'ai souvent l'impression que la taille de l'appartement et le peu de gens qui y vivent —c'est-à-dire, uniquement moi— le rendent vide de toute âme, de toute vie.

« Comme tes yeux. » Me lance ma conscience.

Je revois l'image de lorsque j'ai vu pour la première fois mes nouveaux yeux pendant ma transformation. Mes iris n'ont pas aimé ma transformation, ils sont restés verts pâles, sans profondeur ni âme. On dit souvent que nos yeux changent selon nos émotions ce qui les rends décryptables, mes yeux eux ne changent pas. On m'a souvent dit que mes yeux ne révélaient rien, qu'ils étaient une barrière impénétrable, protégeant ce que je suis réellement mais vu de ce point de vue, avoir des yeux vide et fade m'arrange. Olivier, lui, m'a expliqué que, si c'était très rare, ce n'était pas anormal, surtout lorsque l'on n'est pas vampire de naissance et qu'on a les yeux plutôt foncés de base.

Je m'installe à mon bureau, devant mon iMac —j'ai la chance d'avoir un bon salaire, pourquoi ne pas en profiter pour avoir le meilleur matériel— que j'allume. Pendant que celui-ci démarre, je sors mon calepin, mon enregistreur et ma clé USB de mon sac pour les poser sur mon bureau. Une fois l'ordinateur allumé, j'ouvre ma boite mail et découvre celui que Max m'a envoyé tout à l'heure. Il m'y demande d'envoyer telle ou telle information à telle ou telle de mes équipes dans le monde. Je lis les informations, les traduits en anglais et les envoie aux personnes concernés. J'ouvre un autre mail, d'Alexandre cette fois-ci, m'indiquant qu'une réunion du conseil général aura lieu samedi et qu'il a une mauvaise nouvelles à nous annoncer. Je ferme ensuite ma boite mail, je banche ma clé USB et je reprends l'écriture de mon article.

La Royauté du Rubis est contrôlée par un conseil général composé de huit personnes ; moi, Maxime, Louis, Léo, Alexandre, Ethan, Mathis et Arthur. Chacun d'entre nous s'occupe d'une chose en particulier et a des gens sous ses ordres pour mener à bien sa mission partout dans le monde. Moi je m'occupe d'attirer le plus de monde à nos soirées, faites pour recruter de nouveaux membres. Maxime s'occupe de récolter un maximum d'information sur tous ce qui pourrait nous intéresser, c'est notamment lui qui s'arrange pour que je puisse interviewer et manipuler des stars. Louis organise les soirées et fait DJ quand nous n'avons pas de star à proposer. Léo s'occupe de la gestion économique, grâce à lui, la Royauté du Rubis possède beaucoup d'entreprises —dont celle où je travaille— et beaucoup d'argent. Alexandre gère les nouvelles recrues. Ethan s'occupe de la « propagande » sur les réseaux sociaux, nos secteurs étant liés, il n'est pas rare qu'on collabore. Mathis dirige nos hôpitaux, nous en avons un dans chaque grandes villes, c'est dans ces hôpitaux que nos nouvelles recrues deviennent des vampires. Et Arthur s'occupe de l'entrainement des nouvelles recrues, car chaque nouvelle recrue doit avoir un entrainement sportif intense qui nous permettra, plus tard, d'accomplir notre objectif.

Je jette un coup d'œil à mon téléphone pour voir l'heure, il est bientôt l'heure que j'aille à mon cours de Karaté. Il est important pour moi d'avoir une condition sportive excellente, c'est pour cela que je pratique le karaté à haut niveau. Ayant peu de force, ce sport me permet d'avoir une agilité et une rapidité à en couper le souffle mais cela ne m'empêche pas de faire de la musculation de temps en temps. Je suis aussi inscrite à un club de tir où je vais m'entrainer au moins une fois par semaine.

J'enfile un jogging et un sweat à capuche. Je prends mon kimono, ma ceinture et une bouteille d'eau que je mets dans mon sac de sport. J'ai un peu d'avance alors je vais sur mon balcon, sors mon paquet de cigarette de ma poche et fume l'une d'entre elles. Je profite de la sensation qu'elle me procure. J'aspire la fumée, elle entre dans ma bouche, ma gorge, mes poumons en brûlant tout sur son passage puis mon corps l'éjecte et laisse couler ce liquide visqueux et froid que je connais si bien dans les parties brulées. Je recommence encore et encore jusqu'à ce que la cigarette soit finie.

Si ma mère était là, elle m'aurait dit que fumer avant d'aller faire du sport est plus illogique que de manger cinq maxi best of après. Ce que ma mère ne sait pas, c'est que je suis un vampire et que mon corps se régénère immédiatement. Le cancer du poumon ? Comme la plupart des maladies, on ne connait pas.

Je mets le mégot dans le cendrier posé vers l'entrée du balcon et rentre dans l'appartement. Je pose mon sac sur mes épaules et ressors rapidement après avoir fermé la porte à clé. Je pars au pas de course. Je n'ai pas une grande distance à parcourir alors j'en profite pour maintenir mon niveau d'endurance. J'arrive rapidement à un petit gymnase dans lequel j'entre. Je pénètre dans le vestiaire, je me change et coiffe mes cheveux en une queue de cheval rapide. Je n'aime pas attacher mes cheveux, je le fais juste parce que c'est obligatoire. Le cours se passe comme tous les autres.

La nuit a passé, je pousse la porte de l'immeuble de l'entreprise où je travaille. Je me dirige vers le bureau du rédacteur en chef du magazine et frappe à la porte. Une voix masculine me demande d'entrer. Aussitôt la porte franchie que le flot de pensée négatives de l'homme à mon égard m'assaille. Je lui donne ma clé USB où se trouve l'article que j'ai récemment écrit. Il branche la clé à son ordinateur et le lit. Il ne le dira pas mais il l'adore, je le lit dans ses pensées.

« Alors ? demandé-je innocemment.

— C'est bien, dit-il simplement. Quand l'avez-vous terminé ? Il me semble que l'interview était hier.

— Hier soir, réponds-je.

— A quelle heure ?

— Une heure du matin, avoué-je.

— C'est trop tard, comme à chaque fois. Je préférerais que tu me rendes ça plus tard mais que tu dormes plus, dit-il sans vraiment en avoir quelque chose à faire de ma santé, il est important pour l'entreprise, d'avoir des employés en forme. »

J'hoche la tête sans l'écouter. Si je ne me couchais pas si tard, il en aurait subi les conséquences, il serait mort et enterré depuis longtemps. Il faut bien que je me nourrisse, et la nuit, c'est plus discret pour chasser.

Dans le fond, il fait mine de m'apprécier mais il me déteste au plus haut point. Il est jaloux. Ça se comprend, je suis arrivée du jour au lendemain et le magazine n'a jamais aussi bien marché depuis. Avant, c'était lui la star ici, mais je lui ai volé la vedette sans que ce soit mon réel objectif. Parfois j'aimerais lui dire que ce succès ne serait rien sans lui mais il se douterait que je suis capable de lire les pensées et je ne peux le concevoir. Je pourrais aussi le manipuler mentalement pour qu'il m'apprécie mais je ne suis pas tyrannique au point d'empêcher les gens de penser ce qu'ils veulent de moi.

Je retourne dans mon bureau et allume mon ordinateur. Une notification m'indique un nouveau mail de Maxime. Il me parle d'une nouvelle star à interviewer avec une vidéo montrant ce qu'il fait. Je retiens le nom de la vidéo et de l'artiste. Je ferme les yeux et cherche les pensées de ma patronne partout dans l'immeuble. Une fois que je les trouve je pénètre dans le plus profond de son cerveau. Chaque cerveau est différent et si en lire les pensées est très simple, le pénétrer pour qu'il nous obéisse est plus ou moins compliqué selon les personnes. Celui de ma patronne ne l'est pas trop, surtout que j'ai l'habitude de l'infiltrer, faisant d'elle une réelle esclave mentale. Je crée un souvenir où elle lit un mail, le même que Maxime m'a envoyé, datant de ce matin même. Aussitôt créé qu'elle y pense et qu'elle cherche comment prendre contact avec cette star pour négocier une interview.

Toutes les stars que je vais voir sont désignées par Maxime. Il vérifie que la star en question n'est pas un vampire ou que si c'est le cas, il adhère à nos idées, me donne les informations pour que j'envoie mes gars préparer le terrain pour que l'interview se fasse malgré la star et que ça ne paraisse pas bizarre. Etre l'un des chefs de la Royauté du Rubis, malgré les apparences trompeuse, c'est un travail à temps plein.

Voilà la nouvelle partie, en espérant qu'elle vous plaise. La Royauté du Rubis a atteint récemment les 100 vues et a été nominés au concours "Les mini-ficties" donc je suis trop contente. Je vous kiss très fort !

Prochaine partie : dimanche  19 novembre

La Royauté du RubisWhere stories live. Discover now