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J'attrape fébrilement l'arme en priant pour ne pas avoir à l'utiliser.

« Tu sais toujours t'en servir ? Demande-t-il inquiet face à ma réaction.

— Oui, j'espère juste ne pas avoir à m'en servir, avoué-je.

— Je l'espère aussi. Elle est chargée, prête à être utilisée mais c'est d'abord une arme de dissuasion. Ne tire que si tu n'arrives pas à négocier ou à faire fuir l'ennemi.

— Tu dis ça à tout le monde ? M'interrogé-je.

— Les autres n'ont pas peur d'avoir du sang sur les mains contrairement à toi. Tous ce que je veux, c'est que personne ne regrette ce qu'il aura commis ici. Des gens comme Alexandre ou comme moi qui ont déjà tué ne regretterons pas mais des gens comme toi qui s'en veulent de mordre une personne contre son grés ont d'autant plus de chance d'avoir du remord.

— Merci. »

Il me fait une petite tape sur l'épaule avant de s'équiper à son tour. Je m'approche de l'entrée du bâtiment accompagnée de Max.

« Ça va aller ? » S'inquiète-t-il.

J'hoche fébrilement la tête et ouvre la grande porte. Je me retrouve devant tout un tas de personnes en robe légères blanches assises à même le sol. Ce sont nos patients en cours de transformation. La plupart tournent leur regard vers nous et plus précisément sur nos armes. J'aimerais pouvoir les faire sortir, ils ne sont pas en sécurité dans un lieu où certains sont prêts à faire retentir le bruit de fusil d'assaut mais un cri de douleur me ramène à la réalité. C'est un cri strident, provoquant des frissons d'effroi dans toute la colonne, un cri que j'aurais pu produire durant ma transformation. Je cherche du regard d'où vient ce cri et je vois une fille dont les ailes ne sont qu'encore peu sorties avec une infirmière lui couvrant les yeux avec un morceau de tissus épais. S'ils sortent, ils seront confrontés à la lumière, pour ceux qui expérimentent leurs nouveaux yeux, aux odeurs de sang abondante et aux multiples pensées. Rien ne pourra les empêcher de faire n'importe quoi, ils ne sont donc pas plus en sécurité dehors qu'ici. Je décide alors d'avancer en faisant mine de ne pas faire attention à tous ces pleurs, ces cris de panique ou de douleur. J'arrive dans un couloir quelque peu plus calme, Max est à mes côtés. Nous fouillons du regard chaque recoins du couloir, entrons dans chaque chambre, cherchons la moindre trace d'un ennemi mais il n'y a rien. Nous continuons éternellement sans nous éloigner trop de l'entrée comme nous l'a indiqué Arthur par talkie-walkie. Nous commençons à nous ennuyer sérieusement. Soudainement, une silhouette apparaît au détour d'un couloir. Automatiquement, nous braquons nos armes sur lui. Il pose son pistolet sur le sol, le jette loin et lève les mains en signe de soumission. Nous nous approchons sur nos gardes pour découvrir le visage de notre homme, celui d'Olivier.

« Que fais-tu ici ? Craché-je en le reconnaissant.

— Oh pas grand-chose, je viens rendre visite à quelqu'un avec un pistolet, tout ce qu'il y a de plus normal quoi ! Se moque-t-il.

— A Paris je veux dire ! On n'était pas censé se revoir je te rappelle !

— Et pourtant tu devais en mourir d'envie, devine-t-il, je t'ai laissé si peu d'indice qu'il est évident que tu en veux plus. Sinon pour être franc, je suis venu faire quelques courses.

— Tu es venu nous voler ! M'énervé-je.

— Disons plutôt que j'empreinte jusqu'à ce que vous n'en aillez plus besoin.

— Tu n'aurais pas dut, le menacé-je en me rapprochant un peu plus.

— Tu n'oseras pas tirer. » Pense-t-il.

La Royauté du RubisWhere stories live. Discover now