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Je gare ma voiture dans le parking devant l'hôpital où une silhouette masculine attend déjà. Il est vingt heures précis. Le ciel est déjà sombre. Je sors de mon véhicule et me dirige vers l'homme.

« Vous ne portez pas votre blouse Olivier ? remarqué-je.

— J'ai fini mon service, avoue-t-il. Partons. »

Il marche dans le parking dans je ne sais trop quelle direction alors je le suis sans broncher.

« Vous ne vérifiez pas que je suis bien seule ? M'inquiété-je.

— J'ai déjà vérifié. Et puis tu ne prendrais pas le risque que je me ferme à toute révélation. Et toi tu ne vérifies pas que je suis seul ?

— Le faire serait perdre votre confiance déjà difficilement acquise. » dis-je.

Nous jouons l'un avec l'autre. Chacun de nous à sa stratégie. Notre but est de détruire celle de l'autre. Ce jeu déclenchera la guerre et il déterminera qui aura l'avantage sur l'autre. Chaque mouvement, chaque faux pas peut tout changer.

Je continue de suivre le médecin à travers le parking quand il s'arrête devant une voiture. Il plonge sa main dans sa poche et en ressort un trousseau de clés. Ma conscience me hurle de demander notre destination mais chaque question peut montrer une inquiétude que je ne suis pas censée avoir. Il ouvre la portière côté passager et m'invite à entrer avant de prendre la place conductrice. Je prends place sur le siège désigné plus tôt et ferme la portière. Tellement de choses pourraient se passer à partir de maintenant et personne n'en serait témoin. J'ai peut-être signé mon arrêt de mort en fermant cette porte.

« Nous allons chez moi, dit-il comme pour me rassurer. Nous y serons plus tranquilles. »

Le trajet se passe dans le silence. Un mouvement rapide vers ma poche me permet de confirmer la présence de mon téléphone. Olivier a vérifié que je suis seule mais pas ce que je fais avec mon téléphone. D'ici quelques minutes, il aura toutes les informations nécessaires à la conception d'un plan d'attaque. Je souris légèrement à cette idée jusqu'à ce que je me rende compte qu'il a surement prévu cela. Il doit anticiper n'importe quelle forme de trahison de ma part alors il me donnera le moins d'informations possibles. Il faut que je lui fasse croire que j'ai vraiment envie de me battre à ses côtés pour me faire confiance.

« La Royauté du rubis devient horrible, mens-je pour entamer la conversation.

— Qu'est-ce qui te faire dire ça ? Demande-t-il méfiant.

— Les membres hauts-placés sont de pire en pire, ils veulent contraindre n'importe qui à nous rejoindre. Déjà que tout est fait pour que les nouveaux membres n'ai pas peur de tuer. On crée de vrai monstre.

— La Royauté du Rubis a toujours été horrible, sa création même l'est. Vous voulez voler ce qui appartient aux humains, ce qu'ils ont durement acquis. Vous n'avez pas compris qu'ils étaient prêts à vous accueillir, à vous garder. Mais vous avez laissé votre haine de l'humanité vous emportez. Si vous aimiez les humains, vous n'auriez pas besoin de créer votre état.

— Je suis tout à fait d'accord avec vous, feins-je avec mon meilleur jeu d'actrice. Mais pensez-vous vraiment que les humains peuvent nous accepter tels que nous sommes ?

— Je ne sais pas, avoue-t-il. Mais ce que je sais, c'est que ce n'est pas en les attaquants qu'ils le pourront. »

J'aurais des tas de choses pour contrer son argumentation mais si je le faisais, il douterait de ma volonté à le rejoindre et j'ai besoin qu'il me croit capable de tout plaquer pour rejoindre sa cause. C'est aussi pour cela que j'ai engagé la conversation, il sera surement plus en confiance maintenant.

La Royauté du RubisWhere stories live. Discover now