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Mon corps s'arrête comme bloqué par un mur invisible. Mon couteau est si près de sa gorge, qu'un simple petit tremblement suffirait pour le tuer. Mais je suis confrontée au même problème qu'à l'entrainement. Tout ce que j'ai vécu avec lui me revient soudainement. Il n'a pas commencé à m'attaquer que je suis déjà assaillie. Sa main vient se plaquer contre mon poignet, faisant tomber l'arme de ma main, puis l'agrippe et me tire hors du placard. Surprise, je me retrouve assise sur le sol froid. Olivier debout, imposant devant moi, s'agenouille pour se mettre à mon niveau. Mes mains cherchent automatiquement ce qui est resté dans le placard.

« Kim ! S'étonne-t-il. Ça faisait longtemps. »

Je dégaine mon pistolet et me relève pour pointer l'arme en direction de sa tête. Trop lent. Trop prévisible. Olivier aussi s'est relevé et il tient mon fusil d'assaut. J'essaie de me rassurer en me disant qu'il ne sait pas s'en servir mais l'engin ne lui semble pas étranger. Deux possibilités s'offrent à moi. Soit je tire une seule balle mais si bien placée qu'elle le tue directement, soit je loupe mon tir et la machine de guerre entre ses mains me le fera regretter. Enfin ces deux possibilités seraient envisageables si j'étais capable de le tuer mais pour l'instant tout indique le contraire. C'est marrant, moi qui n'ai jamais aimé ma vie, elle prend beaucoup plus de valeur maintenant que je suis proche de la mort.

« Tu peux encore faire demi-tour, me dit-il. Le choix à faire n'est pas de qui doit mourir mais quels idéaux tu veux réellement suivre. »

Abandonner est-il réellement possible ? J'ai fait des choses qui ont scellé le destin, puis-je réellement effacer tout ça, repartir de zéro ? Aujourd'hui encore je suis confrontée à un choix crucial, peut-être le plus important de ma vie. Vivre une vie complètement différente de mon actuelle, peut-être même en désaccord avec ce que je suis, ou mourir ? N'y a-t-il pas un entre deux ? Si, il y en a un.

Je me penche tout doucement, pose mon arme au sol et me relève, les mains au niveau de ma tête. Je me fige, attendant qu'il en fasse de même. Une fois son arme à terre, il s'avance et me tend sa main, en signe de paix. Je regarde plus attentivement chaque détail potentiellement suspect. Mon couteau est toujours au même endroit, mon pistolet est à mes pieds, non loin du fusil d'assaut et son autre main pend le long de son corps, vide. J'attrape sa main, le tire vers moi tandis que mon autre poing rencontre violement sa mâchoire. A peine a-t-il le temps de réagir que mon genou entre dans son ventre. La surprise lui fait diminuer sa défense alors j'en profite pour le projeter contre le mur le plus proche. Il réussit à retrouver son équilibre grâce à une chaise qu'il trouve sur son chemin. Il relève légèrement la tête et me lance un regard de défi. Une goutte de sang perle au coin de sa lèvre mais sèche aussitôt au contact de l'air. Je me mets sur la défensive, prête à parer n'importe quel coup de sa part. Des coups de feu retentissent à l'extérieur. L'assaut a commencé. Peu importe ce qu'il m'arrive, La Royauté du Rubis a gagné. Olivier profite de cette seconde de distraction pour m'exploser la chaise sur laquelle il était appuyé sur le crâne. Sonnée, tout devient flou, je perds quelque peu l'équilibre donc je ne peux retenir ma chute lorsqu'un pied vient se glisser entre mes jambes. Je me retrouve alors à quatre patte sur le sol tandis qu'il se rapproche fier et victorieux. Mais ce n'est pas fini. Je me relève brusquement et l'attrape dans mon élan pour le projeter à travers un montage complexe d'objet en verre posé sur la paillasse au centre de la pièce. Il se retrouve contre le mur en face, de l'autre côté de la paillasse. Je profite de son désarroi pour lui envoyer tout ce que je trouve devant moi. Tubes à essai, bécher, tout ce qui peut servir de projectile se retrouve jeté dans sa direction. Malheureusement pour moi, Il n'y a pas un nombre infini de verrerie et je me retrouve vite à court de munitions. Alors que je cherche de nouveau projectile, une ombre me tombe dessus et m'immobilise au sol. Avant que je n'aie le temps de réagir, quelque chose se plante dans mon abdomen. Une douleur semblable à une piqure d'insecte surgit. Je n'y prête pas attention. J'essaie de me libérer mais il me retient fermement.

« Je te déconseille de t'agiter. » Me préconise-t-il tel le médecin qu'il est.

Je retente et réussi à m'enfuir, assez facilement cette fois, trop facilement. Je me redresse devant lui non sans difficulté. Il lève les mains avec un sourire espiègle accroché au visage. Quelque chose brille dans l'une d'elle, une seringue, vide. Aussitôt, ma vue se trouble et mes jambes me lâchent. Mon corps s'effondre mollement sur le sol. Je n'arrive pas à me relever. J'ai échoué, encore une fois. Pire que ça, j'ai perdu.

Je me rappelle soudainement les paroles de celui qui m'avait kidnappé tandis que le silence devient maître de l'espace.

« Sans toi, tout explose. »

Et je comprends alors tous les avantages qu'ils ont à me faire disparaître. Je comprends que tout ça n'était qu'un piège et qu'on a foncé dedans tête baissée, débilement. Tout s'assombrit autour de moi pour finalement laisser place au vide et au noir absolu.

« Tu ne peux pas mourir d'une mort naturelle mais on peut te tuer. »

Oh que je suis sadique ! Tellement que ceci est la fin de La Royauté du Rubis ! Bien entendu il y aura un épilogue qui arrivera bientôt.

Sortie de l'épilogue : dimanche 12 août

La Royauté du RubisWhere stories live. Discover now