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Le ciel est dégagé et donne une parfaite visibilité de la lune et des pépites étoilés qui parsèment le ciel. La ville qui apparait devant moi semble morte, tout est éteint, il est si tard. Quelque chose ne va pas dans ce que je vois. Je discerne toutes les maisons sans difficultés, leur toit, leurs fenêtres, les rues et pourtant... il fait nuit. Aucune source de lumière ne parvient à mes yeux et pourtant je n'en ai pas besoin pour voir avec précisions tous ce qui m'entoure. Ma main plonge dans ma poche et en sors mon téléphone. J'ai besoin de me voir alors je me sers du reflet de l'objet qui est dans ma main. Quelque chose dans mes yeux a changé mais je ne sais dire quoi. J'allume alors l'écran du téléphone afin d'utiliser la caméra frontale mais la lumière trop importante de celui-ci m'éblouit à m'en presque bruler les yeux. Instinctivement, l'appareil se retrouve propulsé loin sur le sol. J'attends quelques instants que la douleur passe et me dirige vers ma valise. Je suis soulagée lorsque je trouve ma trousse de maquillage, mes parents y ont pensé. Je l'ouvre et en sort une petite boite rectangulaire rose et plutôt fine. Je l'ouvre et découvre mon reflet. Mes yeux ne sont plus marrons comme ils l'étaient avant ma transformation, ils ne sont plus verts non plus comme ils l'étaient devenus mais ils sont aussi rouges que le rubis. Jamais mes yeux n'ont été si beaux. Je détaille chaque recoin de cette pièce, voulant profiter de cette nouvelle façon de voir la vie, dans l'obscurité la plus totale. Je ne vois pas le temps passer, je me rallonge finalement dans mon lit sans trouver le sommeil.

La lumière naissante du soleil s'immisce doucement par la fenêtre m'éblouissant à m'en brûler les yeux ou presque. C'est de là que vient le mythe comme quoi les vampires ne peuvent pas rester au soleil ? De leur sensibilité à la lumière ? Vu sous cet angle, tout paraît plus logique. Je finis par me cacher les yeux dans mon oreiller pour moins souffrir et à attendre que le temps passe.

Une douleur soudaine apparaît dans mon oreille. C'est une explosion de souffrance brusque m'arrachant un cri vite étouffé par mon oreiller. Ça ne dure que quelques secondes mais ça se répète plusieurs fois dans chaque oreille m'obligeant à mordre très fortement mon oreiller pour retenir mes cris et tenter de calmer la douleur. Sans que mes oreilles ne cessent de me faire souffrir, deux coups de poignards parallèles dans le dos me tordent de douleur. Mes larmes déferlent à flot sur mes joues, brûlant mes yeux déjà meurtris par le soleil. Les deux poignards descendent dans mon dos, arrachant peau, chair et vêtements sur leur passage et m'arrachant le plus effroyable des cris de douleur que la terre n'a jamais entendu. Puis soudainement plus rien. Le vide s'empare de mon corps et de mon esprit. Tout disparaît.

Un bruit incessant et désagréable me force à rouvrir les yeux. Je découvre alors que le soleil a disparu et qu'il n'y a plus de lumière m'agressant les yeux. J'hésite alors à croire en un rêve mais ma vision reste bien trop nette dans cette obscurité pour que j'y crois réellement. Je me rends très vite compte que la réalité est que je me suis évanouie de douleur. Mes oreilles bourdonnent et mon dos m'élance de nouveau en repensant à ce mauvais moment.

Je me lève afin d'identifier la source du bruit et découvre une sensation nouvelle et agréable dans mon dos mais n'y prête pas attention. Après de longue recherche dans la chambre pour trouver la source de ce bruit désagréable, je finis par trouver un tout petit trou dans le mur où se cache une souris grignotant je ne sais quoi. J'entends également des bruits de pas dans le couloir se rapprocher rapidement. Quelqu'un frappe alors à ma porte puis l'ouvre en faisant entrer avec lui une lumière juste assez forte pour me gêner mais pas assez pour m'éblouir. Cette même lumière m'empêche de reconnaitre la personne présente mais la silhouette m'est familière.

« Désolé pour la lumière » me dit la voix d'Olivier.

A peine eu-je reconnus sa voix que je me jette à ses pieds le regard suppliant.

« Je vous en prie, laissez-moi sortir de cet enfer, pleurai-je.

— J'ai toujours été impressionné par la vitesse que ça prend, m'ignore-t-il en approchant ce qui semblait être une bougie de mon dos.

— Jamais vous ne m'écoutez,... m'énervé-je.

— Kim, tes ailes sont magnifiques, me coupe-t-il.

— Mes... ailes ?

— Oui tes ailes, me répond-il pour la première fois depuis le début de la conversation, je reviens. »

Il rouvre la porte et amène un grand miroir sur roulettes dans la chambre. Je vois alors mon corps entier pour la première fois depuis que je suis arrivée ici. Je découvre de grandes et belles ailes noires dans mon dos et j'arrive à les bouger en me concentrant. Il retire rapidement le miroir puis commence à m'examiner à l'aide de sa bougie.

« Tes yeux sont... parfaits. Réfléchit-il à voix haute. Tes oreilles,... de même. Tes ailes,... magnifiques. »

Il continue de m'examiner en prenant des notes dans un carnet.

« Ta transformation n'est pas encore totalement finie » avoue-t-il en regardant mes mains avec intérêt.

Il se met face à moi et pose sa main sur mon menton de sorte à me forcer à ouvrir la bouche.

« Cette partie de la transformation me fascinera toujours, dit-il, tout semble apparaitre aléatoirement. La logique voudrait que tes dents te caractérisant dans ta condition aient déjà poussées mais non ce n'est pas le cas. »

Il se tait un instant laissant un blanc dans la salle.

« J'en ai marre. » dis-je finalement épuisée de tout ça.

Il pose alors son regard dans le mien et je suis surprise de toute l'émotion qui s'y trouve. Ses yeux parlent pour lui, il est compatissant, il comprend ce que je vis, il voit mon désespoir. Il me prend alors délicatement dans ses bras en me caressant les cheveux, comme un père réconfortant son enfant après un cauchemar. Je me laisse faire, je suis fatiguée de toute cette douleur, fatiguée d'essayer de comprendre qui je suis ou qui je deviens, fatiguée de vivre.

« J'aimerais te dire que tout cela est fini, que ce n'est qu'un mauvais rêve mais ce serait mentir, tu vas encore souffrir, compatit-il, mais je peux te dire que tout cela est bientôt fini.

— Vous avez eu mal vous, lors de votre transformation ? Demandé-je afin de me rassurer.

— Je suis né vampire, ma transformation a eu lieu dans le ventre de ma mère, comme la plupart des hybrides, m'explique-t-il. Mais ne t'inquiète pas, c'est normal de souffrir autant. Rien qu'en marchant dans ce couloir, j'ai des frissons dans le dos en imaginant votre douleur. »

Nous restons un moment ainsi, dans les bras l'un de l'autre afin d'épancher ma douleur et ma fatigue morale. Il finit par partir et me laisser seule dans cette chambre vide, sombre et humide. Je m'effondre sur le sol comme si mes jambes étaient en coton et cédaient sous le poids de mon corps. J'ai mal aux mains, aux pieds et à la mâchoire mais je m'en fiche. Les heures passent et je reste assise le regard planté dans le vide. La porte s'ouvre et Olivier apparaît de nouveau. Il dit quelque chose que je refuse de comprendre puis il s'agenouille à mon niveau. Il observe mes mains aux bouts desquels des griffes ont poussés puis ma bouche d'un air satisfait tout en continuant de parler sans que je ne l'écoute. Il passe un bras sous mes épaules et m'incite à me lever. Il me dirige hors de la chambre dans les couloirs de l'hôpital. Je ne passe pas inaperçue encore une fois, mes ailes n'étant pas vraiment discrètes dans un couloir aussi étroit. Nous rentrons dans une chambre, je m'allonge sur le lit que me montre Olivier et je m'endors.

Bonjour ! J'espère que cette partie vous a plu ! Je sais que niveau intrigue on est encore au point mort mais j'essaie vraiment d'installer un décor complet de ce que sont les vampires et de ce qu'ils sont capables de faire.

Prochaine partie : dimanche 22 octobre.

La Royauté du RubisWhere stories live. Discover now