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Nous reprenons chacun notre travail de notre côté. Je prépare les questions pour l'interview de cet après-midi tandis que lui termine le rapport détaillé de la soirée que j'ai demandé. Vers treize heures, Wyatt se prépare un repas tandis que je me prépare pour partir. Je prends mon sac préféré dans lequel je mets mon enregistreur et mon calepin adoré dans lequel j'ai noté toutes les questions nécessaires ainsi que l'information à mettre dans le cerveau de la star traduite en anglais. Pour la première fois, je doute de l'efficacité de cette interview et si je rate, nous sommes foutus. Je décide d'ignorer cette peur même si ma boule dans le ventre me rappelle qu'elle est bien là. Je fais signe à Wyatt que je pars et sors de la villa. Je marche quelques minutes en direction de la station de métro que Max m'a indiqué dans le mail que j'ai imprimé en priant pour qu'il ne soit pas trop plein. Raté, en même temps à cette heure-ci il fallait s'y attendre. Les transports en commun lorsqu'on est un vampire, c'est l'enfer. Là où un humain se plaindrait de l'odeur de transpiration, moi je me plains de l'odeur de tous les sangs mélangés créant un horrible mélange mais qui pourtant donne envie. Il y a tellement de monde qu'on pourrait craquer et mordre quelqu'un en se disant qu'avec le bruit et le monde, personne ne s'en rendra compte. Je passe plusieurs stations entassée entre plusieurs personnes mais plus j'avance dans la ligne, plus le métro se vide. J'arrive à deviner que toutes ces personnes doivent travailler en ville et donc que la star habite plus en retrait. Je descends à l'arrêt indiqué sur le mail de Max et marche quelques minutes en direction de l'arrêt de bus. Max s'est embêté à même faire une petite carte sur le mail de où à où je dois aller avec les passages dans les transports en commun et ceux à pied. Je regarde quelle heure il est sur mon téléphone et compte celle qu'il est en France. Quatre heures et demie du matin. A partir de là, je calcule à quelle heure je pourrais appeler Max pour le remercier et pour prendre de ses nouvelles. Nous avons toujours eu l'habitude de s'appeler tous les jours et je n'ai pas envie que ça change parce que je ne suis plus en France et que le décalage horaire rend les communications plus difficiles. J'arrive finalement devant une villa aussi grande voir plus que celle de Wyatt. Je vérifie l'adresse une énième fois puis sonne au portail. Un homme en costume chic vient m'ouvrir sans me demander mon identité, il doit savoir pourquoi je viens. Il ferme le portail derrière moi puis me guide à travers l'immense demeure et tant mieux, je crois que sans lui, je me serais perdue. Après avoir traversés de nombreux couloirs, nous arrivons devant une grande porte en bois sombre. Contre le mur se trouve quelques fauteuils épais et rouges. L'homme qui semble être un major d'homme me fait signe de m'assoir. J'en profite alors pour détailler la pièce. C'est une sorte d'antichambre dans des nuances de rouges et de marrons avec une décoration très rustique. L'immense porte s'ouvre et on m'indique d'entrer dans la nouvelle pièce.

Lorsque je quitte le bâtiment, je ne peux retenir mon soupir de soulagement. J'ai eu beaucoup de mal à exécuter cette mission mais j'y suis arrivée, encore une fois. Je prends le chemin inverse pour retourner chez Wyatt. Lorsque j'arrive devant la porte, je trouve un post-it collé surcelle-ci. Sur celui-ci est écrit que mon hôte est parti pour quelques temps et qu'il a caché la clé dans un pot de fleur non loin. Je trouve le fameux pot de fleur et récupère la clé. Une fois dans la maison, je me dirige dans ma chambre avec mon ordinateur. Je me rends compte que j'ai reçu le compte rendu que j'avais demandé. Je l'ouvre et l'examine en détail. La sécurité n'a rien vu. Ma conscience me hurle tout de même que ce n'est pas parce que personne n'a rien vu, qu'il n'y a rien eu. Le nombre de nouveaux membres me paraît pas mal mais n'ayant pas les résultats des précédentes soirées, je n'ai rien sur quoi me baser. Je demanderai plus d'informations à Wyatt, il doit avoir les réponses à mes questions lui. Je me mets ensuite à la rédaction de mon article pour le journal où je travaille. Le temps passe à une vitesse vertigineuse, je suis plongée corps et âme dans mon travail. Je veux absolument combler ce vide que nous éprouvons actuellement pour éviter que des méthodes tyranniques soient mises en place. Ce sont les gargouillis de mon ventre affamé qui me sortent de ma torpeur. Je sors de ma chambre et pars à la recherche de Wyatt à travers toute la villa. J'espère pouvoir le trouver pour qu'il puisse me montrer un endroit avec des animaux meilleurs que ceux d'hier mais malheureusement pour moi, il n'est pas encore rentré. Je décide alors de prendre la clé qu'il m'avait laissée dans le pot de fleur et pars à la recherche de quelque chose pouvant me remplir l'estomac. Je passe devant un restaurant italien où l'odeur de sang à la tomate, aux pates ou à la viande hachée titille mon esprit. Tout d'abord je me dis que c'est l'odeur des humains à l'intérieur puis je réalise finalement que tous les restaurants gaspillent et les déchets attirent plus d'un animal. Une ruelle longe le restaurant et j'y découvre tout un tas de poubelles, grouillantes de rat. J'arrive à en attraper un et le mords sans le regarder. Son sang est loin d'être le meilleur sang animal que j'ai avalé detoute ma vie mais c'est déjà mille fois meilleur que la bestiole accro à la graisse de Mc Donald de l'autre jour. Je rentre finalement à la villa, toujours vide de la présence de mon hôte. Je décide alors de me rendre à la soirée d'aujourd'hui et prépare une tenue apprêtée. Mais je me rends rapidement compte de quelque chose, je n'ai pas l'adresse du lieu ni aucun moyen d'y aller. Je décide de chercher partout dans l'habitat l'adresse et que je chercherais les différentes lignes de transports en commun que je pourrais prendre ensuite. Ne trouvant pas cette adresse dans le salon et n'ayant pas le code de son ordinateur pour y accéder, je commence à réfléchir à où est-ce qu'il aurait pu y mettre. Après tout, les soirées de la Royauté du Rubis doivent rester secrète, enfin leur utilité le doit, l'adresse est peut-être donc avec des informations qui doivent rester confidentielles. Et où peut-on mettre desinformations confidentielles ? Dans la pièce qu'on ne présente pas aux invités ; la chambre. Je retourne alors à l'étage et m'apprête à ouvrir la porte de la chambre de Wyatt. J'hésite un instant, me disant que ce que je m'apprête à faire ne se fait pas, que c'est mal poli puis je me ressaisis en me rappelant que la politesse n'est pas quelque chose que je connais et que de toute façon j'y suis déjà entré. J'enclenche la poignée et entre dans la chambre sombre. Même éclairée, cette pièce à un côté lugubre, volontairement effrayant. Je n'avais pas remarqué la décoration lors de ma venue précédente, et peut-être que je ne serais pas venue si je l'avais remarqué. Le lit contre le mur à ma droite, est habillé de drap noir et une couverture rouge est pliée au bord de celui-ci, même le bois du lit est peint en noir. La tapisserie est grise foncée avec des motifs abstraits gris clairs. Contre le mur à ma gauche, se trouve une vielle armoire pleine de livre et de bibelot en tout genre, encadré par des décorations en forme de tête de mort. A côté de ce meuble se trouve un miroir fissuré comme si on avait frappé dedans et à travers lequel, mon reflet est divisé. Je me sens alors coupable du plus horrible des crimes, celui du viol le plus dur à supporter, la pénétration de l'esprit, de l'être. Je me sens honteuse. J'ai l'impression de découvrir ce qu'est réellement Wyatt,un homme torturé. La seule chose rassurante ici, c'est le rideau sombre ouvert, laissant entrer toute la luminosité du jour. Gênée par la manière dont je vois cette pièce à présent, je la fuis. Ne voulant pas déranger Wyatt, je me suis interdite de l'appeler mais je ne crois pas avoir d'autres solutions. Il me donne finalement l'adresse par sms après que je lui ai demandé. Je me renseigne sur les transports en commun et pars. Lorsque j'arrive devant le bâtiment, je cherche du regard le moindre détail anormal mais rien. Je soupire de déception. Etait-ce vraiment une bonne idée de me faire venir ici ? Trouverai-je vraiment une solution ? Je me dirige vers l'un des videurs qui me laisse entrer en me reconnaissant. Je ne me souviens pourtant pas l'avoir déjà vu. La soirée vient de commencer et pourtant, l'ambiance est déjà là. Je me dirige vers le bar et demande un verre d'alcool.     

Prochaine partie : dimanche 1er avril (enfin si tout se passe bien)

La Royauté du RubisWhere stories live. Discover now