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Olivier m'a laissé plusieurs jours de repos, non pas que je suis particulièrement épuisée mais lui a trop de travail pour pouvoir s'occuper de moi. Qu'est-ce que c'est long, plusieurs jours à l'hôpital, parce qu'il n'y a rien à y faire, parce que l'on s'ennuie à mourir. Les émissions de télé sont nulles d'autant plus que mon nouveau voisin adore la télé-réalité. Je passe donc le plus clair de mon temps sur mon téléphone à trainer sur les réseaux sociaux, tous plus vide les uns que les autres. Je me demande constamment pourquoi je suis encore ici.

« Pourquoi tu es ici ? Me demande mon voisin qui a surement un âge proche du mien. Je te vois toujours ici, tu ne passes jamais d'examen.

— Je ne sais pas, réponds-je ne voulant pas ouvrir la conversation.

— Comment ça tu ne sais pas ? Continue-t-il.

— Je me suis devenue vampire il y a quelques jours et Olivier voulait m'apprendre quelques trucs sur ma nouvelle vie mais j'ai l'impression de ne plus rien avoir à apprendre. » Avoué-je.

Je termine la conversation ainsi. Je n'ai jamais été quelqu'un de sociable, la solitude me plait. Il remarque que je n'ai pas envie de parler plus, il ne pose pas d'autre question. Nous retournons chacun à notre ennui. J'en ai marre de cet ennui constant alors je décide de sortir de la chambre et de trouver Olivier en espérant qu'il ne soit pas trop pris. Je le trouve dans la salle des infirmiers en train de se reposer devant un café. Je frappe à la porte, Olivier me fait signe de m'installer à côté de lui. Le silence s'installe, il attend que je parle.

« Je voulais vous demander pourquoi je reste encore ici si c'est pour ne rien faire ? Questionné-je finalement.

— Tu as encore des choses à apprendre, je suis juste trop débordé pour te les enseigner, explique-t-il. Mais ne t'inquiète pas, nous reprenons ton apprentissage demain. »

Ne voulant pas en savoir plus, je le remercie et pars rejoindre ma chambre où mon camarade n'est plus. J'attends patiemment que la journée se termine. Je me réveille tôt ce matin à cause de mon ennui d'hier. Je veux regarder la télé pour passer le temps mais j'ai peur de réveiller mon voisin alors j'attends encore patiemment qu'Olivier viennent me chercher. Il finit par arriver un peu plus tard et me demande de le suivre. Il me fait sortir de l'hôpital et monter dans une voiture. Celle-ci parcourt quelques kilomètres avant de s'arrêter dans une forêt.

« Aujourd'hui, je vais t'apprendre à chasser » déclare-t-il.

On s'enfonce un peu plus dans la forêt alors qu'il m'explique qu'il est important de chasser pour un vampire car on ne trouve pas des vendeurs de petits animaux dont on peut librement boire le sang à tous les coins de rues — à vrai dire, je ne suis même pas sure que ça existe. Il m'explique aussi comment s'y prendre puis il me laisse faire. Je m'immobilise quelques instants, je laisse toutes les odeurs entrer dans mes narines et les analyse afin de trouver la bonne. Je finis par trouver une délicieuse et intéressante odeur alors je me concentre sur celle-ci. Je lève la tête et découvre un petit écureuil dans un arbre, grignotant je ne sais quoi. Mon cerveau me crie de ne pas faire de mal à la petite bête mais son odeur de noisette me possède déjà. Je grimpe à l'arbre le plus discrètement possible. La petite bête me voit et s'enfuit immédiatement. Je n'essaie pas de la poursuivre et redescend de l'arbre.

« Tu as toute la journée pour réussir à ramener un animal, annonce Olivier. Je retourne à la voiture, rejoins-mois lorsque tu as fini. »

Il part, me laissant seule. Je me reconcentre sur les odeurs et tente de chasser encore, en vain. Je désespère, je m'assoit sur le sol et laisse le temps passer.

L'homme n'est pas fait pour chasser à main nues, pourquoi le serais-je ? Pourquoi les vampires doivent tuer autant d'animaux ? Les pauvres n'ont rien demandé. Nous, humains et vampires, sommes l'épine venimeuse de la nature. Certains me diraient que c'est le cycle de la vie mais le cycle de la vie, n'est-ce pas manger pour être mangé ? Je me demande bien qui me mangera. Mais après tout, je ne devrais pas me comparer aux hommes, je ne suis plus l'une d'entre eux. Eux font naitre leurs prochaines victimes, sans amour, entassés les uns aux autres, séparés de leur famille, parce qu'ils sont trop flemmard pour chasser. Moi, je ne suis qu'un accident sur la vie d'un animal qui a vécu aimé, libre et heureux.

La Royauté du RubisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant