Chapitre 1 {Ivy} - Nouvelle vie

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« Les larmes les plus pénibles ne sont pas celles que tes yeux ont versées mais celles que tu retiens de l'intérieur où ton cœur se noie. »

John Joos


                                                                      P.O.V Ivy's

*** Flash back 1 an plus tôt ***

Minnesota

USA

C'est comme une scène qu'on passe en mode accéléré sur la télévision. Les phares qui m'aveuglent. Le bruit d'un klaxon qui résonne en continu et tout mon corps qui se retrouve propulsé contre des amas de fer comme si j'étais dans une attraction à sensations fortes dans un parc et que le train prenait un virage à quatre-vingt-dix degrés. Je n'ai pas le temps de m'adapter ni d'avoir peur que déjà, l'instant devient aussi sombre que le fond d'un puits. Lorsque mes yeux s'ouvrent, ils ont du mal à s'acclimater à ce décor qui leur est offert. Je me sens d'une façon dont je n'arrive pas à donner l'exacte définition. J'ai mal mais sans savoir où avec précision. Je sens un liquide chaud qui coule sur mon visage et le goût amer qui touche mes lèvres et ma langue.

Je ne sais pas si c'est le choc mais ma vision est à l'envers et j'ai envie de fermer les yeux, aussi vite que je les ai ouverts mais je n'y arrive pas. Quelque chose m'attire, m'intrigue. Je parviens à bouger la tête au moment où ma vision s'éclaircit pour me faire prendre conscience que mes yeux sont toujours à leur place mais que ma tête elle, est à l'envers. Je suis au milieu d'un tas de débris de verre, j'ai du soda sur moi et des restes de chips en miettes. Mais encore une fois, ce n'est pas ce qui happe mes iris qui captent quelque chose de bien plus frigorifiant. C'est ce liquide rouge qui est répandu en grande quantité dans tout l'habitacle de la voiture qui n'en est plus une, vu l'état.

J'essaie de bouger autre chose que mes mains mais je n'y parviens pas. Peut-être est-ce à cause de la panique qui est en train d'envahir tout mon être ou peut-être est-ce à cause du choc. La seule chose que je parviens encore à bouger, ce sont mes yeux que je tourne vers lui. Son corps aussi à l'envers que le mien, son visage et le haut de son corps, en sang. L'absence de l'airbag qui ne semble pas s'être déclenché durant l'impact. Je réalise enfin. Nous avons eu un accident de voiture.

— Jonas...Jonas...dis-moi que tu vas bien...

Il ne répond rien. Il reste inerte comme si son corps venait d'être figé par le froid. J'essaie de l'atteindre du bout de mes doigts mais je n'y arrive pas. Mon regard descend vers ma fichue ceinture que j'essaie de retirer mais rien ne fonctionne car mon corps refuse de m'obéir. Il faut que je me calme, il faut que je respire. Ma tête tourne, je suis à deux doigts de vomir mon repas et plus encore. Un long moment s'écoule où le silence règne, où malgré mes cris, rien ne se passe, rien ne change. Après ce qui me semble être une éternité, un gyrophare aveugle ma rétine, il semblerait que quelqu'un me parle. Un pompier. Un soulagement me gagne en voyant plusieurs hommes qui se trouvent tout autour de la voiture.

J'ai envie de crier ma joie mais je suis juste capable de pleurer de cette délivrance. On va enfin nous sortir de là-dedans, on va enfin pouvoir retrouver le centre de gravité.

— On ne peut plus rien faire pour lui, occupez-vous de la fille en priorité.

Comment ça, on ne peut plus rien faire pour lui ? Non, non ce pompier se trompe forcément. Je n'ai pas entendu ce que je crois avoir entendu. Il ne peut pas être mort, il ne peut pas. J'essaie de bouger mais mon corps refuse encore et toujours, de m'obéir. Les pompiers parviennent à désincarcérer ma portière et lorsqu'ils posent un regard sur mes jambes, mon palpitant rate un battement. Je baisse mes yeux sur ce qu'ils regardent avec une pareille émotion et l'horreur me gagne en voyant toutes ses lacérations saignantes sur celles-ci. Je crois que tout ça, n'a rien de bon. La seule chose qu'il me reste, c'est de hurler face à la crise de panique qui me gagne.

PersévéranceWhere stories live. Discover now