Chapitre 41 {Ivy} À bout de forces

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*** Chapitre long ***

« Le pardon n'est pas une chose facile à accorder mais il faut savoir écouter son cœur et trouver la force d'y accéder pour connaître ensuite l'apaisement. »

Anonyme



P.O.V Ivy's


Retour à la case départ. Tous ces efforts, toute cette sociabilisation, tous ces coups de pieds au cul pour revenir lamentablement au début de mon combat. Depuis que je suis sortie de l'hôpital, c'est-à-dire il y a quinze jours, je ne quitte plus la chambre de Jonas depuis que je m'y suis installée. C'est ici que j'ai le plus besoin d'être, c'est ici le seul endroit où je veux l'être. Retourner chez moi ? Plutôt rester à l'hôpital que d'y remettre les pieds de si tôt.

Je me sens incapable d'affronter Kay ou bien Arès, d'ailleurs à ce propos je n'ai peut-être plus de travail à l'heure qu'il est car autant de jours sans motif valable auprès de son employeur, c'est une faute suffisamment grave pour être renvoyé non ? Même si un motif, j'en ai un qui est plus que recevable car j'étais à l'hôpital. Je ne veux plus les voir. Aujourd'hui j'ai eu le temps de tout assembler dans ma tête, chaque morceau du puzzle qui est bien plus évident à faire quand on a toutes les pièces.

Mon embauche. Leur gentillesse. Tous ces secrets. L'amputation de Kay. Les tourments d'Arès.

Est-ce qu'ils m'ont offert ce boulot pour racheter leurs erreurs ? Est-ce que ça leur donne bonne conscience ? Est-ce qu'ils sont capables de se regarder dans un miroir, grâce à ça ? Parce que moi, pas.

Chaque fois que je ferme les yeux et que le sommeil me met le grappin dessus, je repense à chaque moment vécu avec eux. À la gentillesse d'Arès, ses sourires, ses caresses qui m'ont vraiment mis en confiance. Je repense à Kay, à tous ces apéros, tous ces moments aussi agréables qu'avec son frère, qu'on a passé ensemble. Je pensais être en train de vivre une nouvelle vie mais il semblerait que tout été trop beau pour être vrai.

Tout n'était que mensonge et la douleur physique dû à mon accident n'est rien en comparaison à celle mentale.

J'ai beau comprendre pourquoi ils ont fait ça, mentir, probablement par culpabilité, peur et honte, ça n'excuse en rien tous ces longs mois de silence à me soutenir, à me dire que je pouvais leur faire confiance et qu'ils ne me mentiront plus jamais. Ils l'ont fait. De nombreuses fois. J'ai vraiment cru à toutes leurs belles paroles, j'ai vraiment crû mon corps et ma tête qui pensaient avoir trouvé deux belles personnes avec qui poursuivre ma vie mais il semblerait que je me sois trahie moi-même.

Pendant tout ce temps, ils savaient ce que moi j'ignorais, une vérité bien plus dévastatrice que je ne l'aurais cru. Ce n'est pas une personne qui m'a trahie mais deux, le poids de la déchirure en moi, est d'autant plus difficile à encaisser.

Durant mes phases de sommeil provoqué par les médicaments, mon subconscient me rejoue la scène de l'accident mais à chaque fois, la fin change. Nous ne sommes plus seuls au bord d'une route avec Jonas, à attendre l'arrivée des secours. Non, Arès et Kay sont là, ils sont en train d'arriver vers nous, les mains en sang et je me réveille à chaque fois en sursaut, le cœur tambourinant comme un forcené dans ma cage thoracique et le souffle court.

Comment peut-on réussir à faire face aux responsables du pire jour de notre vie ? Arès et Kay sont responsables oui, coupables, je ne saurais le dire. Ce n'est pas de la colère que je ressens mais plutôt une infinie tristesse qui balaie tout sur son passage. C'était un accident, personne ne sait et n'a jamais su, qui était en cause. Tout s'est passé si vite, les phares, l'impact, le silence. Est-ce que Jonas et moi étions les fautifs dans cette histoire ? Était-ce lui qui était au mauvais endroit sur la route ?

PersévéranceWhere stories live. Discover now