Chapitre 4 {Ivy} - Le caillou

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« Il y a deux choses qui gagnent de la valeur avec le temps, l'amitié et le bon vin. »

Inconnu

P.O.V Ivy's

Kay est vraiment un garçon super, pas seulement parce qu'il m'a aidé à monter ce maudit siège dans ma douche car ça, ce n'était pas gagné d'avance mais parce qu'il m'apporte beaucoup sans le savoir. Je ne me gêne pas pour me moquer de lui à chaque fois qu'on se voit, lui rappelant qu'il l'a monter à l'envers, au moins trois fois ! Oui, oui, trois fois. Même moi je comprends mieux la notice d'un meuble IKEA que lui, une notice écrite en anglais et où, il n'y a que deux fixations dans le mur. On repassera pour « Kay le bricoleur » bien que ce surnom lui aille comme un gant.

Depuis cette soirée où il m'a apporté mon précieux colis, on se voit tous les jours ou presque depuis une semaine. À chaque fois que je rentre chez moi le soir, je trouve un objet devant ma porte. Hier un saucisson sec et avant-hier, un verre. Je crois que le message est clair, Kay veut qu'on prenne l'apéro car il est autant en manque d'interaction sociale que moi.

Ça m'amuse, il m'amuse et me fait penser à autre chose. Je ne sais pas pourquoi je me sens déjà si proche de lui mais tout à l'air plus fluide avec lui, c'est comme si on se connaissait depuis des années et je suis toujours aussi stupéfaite avec quelle facilité il a réussi à me faire retrouver une vie sociale. Ça fait du bien de pouvoir parler à quelqu'un, le soir en rentrant chez soi parce qu'au boulot, ce n'est pas vraiment ça.

Personne ne m'adresse la parole, c'est juste des formalités car personne n'engage la conversation avec moi, comme si j'étais trop idiote pour faire la conversation ou alors, est-ce que c'est mon fauteuil qui les met mal à l'aise ? Je vais devoir prendre l'habitude de faire cet effet aux gens. Tant pis, je ne suis pas ici pour eux. Quant à mon patron, je ne le vois qu'en coup de vent car c'est ce qu'il est, un courant d'air pur et simple !

Je ne lui ai pas reparlé depuis mon arrivée ici et je trouve ça étrange, à chaque fois que je vais vers lui, il trouve le moyen de m'éviter car oui, c'est clairement ce qu'il fait. Il a un problème avec moi, j'en suis certaine. Je l'ai lu son fameux livre, en une soirée. Apprends-moi, l'histoire entre l'homme qui n'a jamais connu l'amour et une femme atteinte d'une grave maladie que la mort emportera bientôt. Cette histoire m'a touchée, émue aux larmes.

J'ai eu la sensation d'être ce personnage, condamné à mourir sans connaître à nouveau l'amour. Sans connaître, cet incroyable sentiment qui vous donne des ailes lorsque quelqu'un vous montre que vous êtes la personne la plus belle au monde. C'est à cause de ce livre, que j'ai eu un déclic. C'est à cause de lui, que je suis devant le St Thomas Hospital pour rencontrer mes nouveaux médecins avec qui, j'ai enfin pris contact.

Revenir à l'hôpital après tout ce temps, me rappelle de mauvais souvenirs mais je n'ai pas le choix. J'ai besoin de reprendre la rééducation car je sens que mon corps commence à faiblir. Le nouveau kiné est plutôt sympa, à peine plus vieux que moi. Mon médecin est aussi gentil mais ça reste une profession que je ne peux plus voir, même en peinture.

Je rentre chez moi, un sourire aux lèvres car ce soir, c'est un tire-bouchon qui m'attend sur mon paillasson. J'ai compris le message Kay ! Je ris en ouvrant ma porte, ravie d'enfin rentrer dans un appartement décent. Mon voisin y est pour beaucoup. Il m'a aidé à faire des aménagements pour que tous les meubles et objets dont j'ai besoin, soit à ma disposition. En échange de tous ces services, je le sauve de son incroyable solitude en lui racontant mes journées au bureau avec mon connard de patron. Ça l'amuse beaucoup et moi, ça me détend.

PersévéranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant