Persévérance

Chapitre 44 {Ivy} Mirage

« La grande différence entre l'amour et l'amitié, c'est qu'il ne peut y avoir d'amitié sans réciprocité. »

Michel Tournier

P.O.V Ivy's

Deux semaines viennent de s'écouler depuis qu'Arès m'a raccompagné chez mes parents. Je ne sais pas si c'est grâce aux choses que j'ai comprises en acceptant de remettre en cause ma vision des choses, à cause de la conversation que j'ai eu avec les deux frères à l'hôpital ou celle que j'ai eu avec Arès, dans l'intimité d'une nuit fraîche mais depuis, je me sens mieux. Comme apaisée.

Bien sûr, j'ai toujours autant de choses qui trottent dans ma tête à toute heure du jour et de la nuit mais j'apprends à avancer, pas après pas, je ne me précipite pas et je me laisse le temps de ressentir, d'apprendre et de comprendre. Le pardon ne peut pas se faire si rapidement, bien qu'il n'existe aucune règle concernant la durée de son accord car c'est propre à chacun, il faut juste y aller à son rythme.

Je continue de vivre avec mes parents car j'ai envie de mettre un pansement sur les plaies qu'on s'est causé en se déchirant alors qu'on avait besoin les uns des autres. Nous avons la chance de pouvoir arranger les choses alors à présent, je vois tout comme une seconde chance, une occasion de faire mieux. Nous discutons beaucoup, nous mettons les sujets qui fâchent sur la table mais toujours avec beaucoup de respect et de patience. Nous parlons beaucoup de Jonas aussi, j'adore quand maman ressort les albums de souvenirs et que papa, nous racontent une anecdote que j'avais presque oublié tellement c'était il y a des années.

Parfois, Prune se joint à nous pour partager ces morceaux de la vie de mon frère. Joy vient souvent avec elle, mes parents sont des grands-parents totalement gaga, ils vont en faire un enfant roi s'ils continuent comme ça mais qui pourrait bien leur reprocher d'être reconnaissants pour ce cadeau de la vie ?

J'aime sentir toutes ces bonnes ondes qui flottent autour de moi, comme si Jonas avait mis son grain de sel dans cette histoire pour dire stop, ça suffit, il est temps d'arrêter les dégâts et de vous aimer enfin. Il aurait eu raison. C'était la voix de la sagesse, mon frère. Je n'arrive pas encore à ne plus être triste en pensant à lui mais le trou dans ma poitrine, est moins béant. On pense souvent qu'il faut avancer en oubliant les gens qui sont partis pour faire son deuil plus rapidement mais au contraire, moi je pense qu'il est important de se rappeler chaque moment passé ensemble car c'est une partie de notre vie, un morceau de nous et même s'ils ne sont plus là physiquement, ils seront toujours dans notre tête, notre cœur et dans tous ces clichés immortalisé à tout jamais.

Quelques fois, nous nous rendons ensemble au cimetière, comme une vraie famille et ce sentiment de force, me fait un bien fou. Je regrette d'avoir mis si longtemps avant d'accepter que j'avais besoin d'eux mais c'est bien connu, on est toujours les derniers à voir ce qui est évident.

Si Arès a lâché l'affaire ? Absolument pas, il m'appelle tous les jours à dix-huit heures tapantes et nous discutons de tout et de rien, pendant deux bonnes heures. Avec lui, je ne vois pas le temps passer. Il me fait du bien, il me change les idées et me fait beaucoup rire car cet idiot a pris au pied de la lettre ce que j'ai dit l'autre soir, il m'a fait livré mon poids approximatif en chocolat. Je le soupçonne d'avoir fait une erreur volontaire pour ne pas me heurter mais ça m'a beaucoup amusé de voir la tête ahurie du livreur quand il m'a apporté cette livraison spéciale.

Avec Kay aussi, les choses s'améliorent un peu. Il a entamé une thérapie avec un psychiatre pour accepter qu'il a besoin d'aide et s'en sortir, c'est déjà un énorme pas. Nous n'avons pas encore retrouvé notre complicité d'antan mais ça va dans la bonne direction. Il serait peut-être temps que je songe à retourner travailler car même si j'ai des patrons compréhensifs, je ne veux pas abuser et mon travail me manque. Lire, m'évader dans toutes ces histoires, rendre heureux des auteurs amateurs en leur donnant l'occasion de pouvoir être lu par le plus grand nombre, c'est un bonheur indescriptible.