Persévérance

Chapitre 46 {Ivy} Tout en douceur

*** TW : Chapitre contenant une scène à caractère sexuel ***

« Il y a une admirable énergie dans l'obstination de la douceur. »

Platon

P.O.V Ivy's

Ma vie ne cesse d'être surprenante de jour en jour, se modulant d'une façon parfaitement imprévisible mais je me rends compte que c'est ce dont j'avais besoin depuis tout ce temps. Tout cet amour. Toute cette attention. Toutes ces confidences. Tous ces éclats de rire.

Depuis ma petite crise d'hystérie dans le parc il y a une semaine, je ne suis pas rentrée chez moi ou plutôt, c'est Arès qui me retient chez lui mais après tout, je suis consentante. J'ai prévenu mes parents pour ne pas qu'ils s'inquiètent et surtout, qu'ils ne débarquent pas ici pour un nouveau scandale alors j'ai menti en disant que j'étais chez Charly et je sais qu'elle me couvrira s'ils cherchent à vérifier.

Tout ce que mon amie m'a dit, trotte dans ma tête depuis. Je me dis qu'elle a probablement raison et que c'est le moment d'avancer car le temps défile et moi je laisse ma vie sur pause, bien que si j'y regarde de plus près, j'ai fait énormément de progrès ces derniers mois. Je suis redevenue sociable, je me suis fait des amis, j'ai un travail, j'apprends à rire et m'amuser à nouveau. Toutes ces choses auraient été impossibles il y a de ça plus d'un an mais aujourd'hui, j'essaie de savourer chaque moment comme il se doit.

Je ne suis pas seule chez Arès car Kay s'est installé ici également et j'apprécie de pouvoir discuter avec lui lorsque son frère part travailler. C'est agréable de pouvoir se parler à cœur ouvert, sans tabou. Je n'ai plus peur de lui car je sais que ce qui s'est passé l'autre jour dans leur maison de campagne, était indépendant de sa volonté et il s'est assez excusé pour ça alors je ne veux plus l'en blâmer.

Il m'a raconté à quel point ça avait été difficile pour lui de se réveiller avec une jambe en moins, d'apprendre à vivre avec ce handicap et de la façon radicale dont ça avait changé sa vie mais aussi sa perception des choses. Ça me fait du bien qu'il se confie à moi comme il le fait, en toute sincérité. Ces conversations, on aurait dû les avoir il y a bien longtemps mais nous avons parfois besoin d'un peu plus de temps que les autres pour avancer.

C'est horrible de penser ça mais au fond de moi, je me sens moins seule dans mon malheur. Je ne suis pas la seule à en avoir bavé ou avoir dû faire des sacrifices. Kay a dû arrêter la course alors qu'il en était accro. Il sait aussi bien que nous qu'il existe des prothèses exprès pour poursuivre sa passion mais tout comme moi, le blocage vient de sa tête, prouvant la véracité des dires de Charly. Le cerveau est capable du meilleur comme du pire.

Aujourd'hui, Kay est sorti en ville pour rejoindre des amis. Je me retrouve seule dans cet immense appartement avec une vue magnifique sur Tower Bridge et les rues Londoniennes très animées. Assise dans mon fauteuil, face à la baie vitrée, je repense à ce que mon ami m'a dit sur sa perte de confiance en lui. Il pense qu'il ne pourra plus jamais plaire à une femme à cause de son handicap qu'il considère comme un fardeau. Je lui ai répété qu'il avait tort et qu'un jour, il rencontrerait une femme digne de lui pour le combler de bonheur. Je lui souhaite sincèrement, même si je suis encore moins douée que lui pour les relations amoureuses.

Nous avons discuté de ce qui s'était passé entre nous et nous sommes tombés d'accord, c'était une erreur. Certes, c'était agréable le temps que ça a duré mais nous sommes faits pour être amis, pas plus que ça et j'espère qu'on réussira à l'être en faisant abstraction de la culpabilité qui nous ronge, avec le temps. Un pas après l'autre.

Une semaine que je suis enfermée ici, ne sortant que pour me rendre au cimetière pour parler avec mon frère. Je me demande s'il a pu voir mon acte désespéré et s'il m'en veut. Mes jambes cicatrisent lentement et j'ai décidé de suivre le conseil de Charly, de lâcher prise. Je ne cherche plus à savoir si ce qui s'est passé dans la maison de mon enfance était réel ou non, je veux juste me sentir bien et apprécier ce qui m'entoure.