Chapitre 23 {Kay} Comme un poignard dans le coeur

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« Le trop de confiance attire le danger »

Pierre Corneille

P.O.V Kay's


Je savais que ça serait difficile de lui apprendre pour mon handicap, mais je ne m'attendais pas à ce que ça me fasse si mal. C'est comme si on me coupait la jambe, une seconde fois. Son cri, son visage horrifié en découvrant le monstre que je suis, ne quitte plus mes paupières que je garde closes depuis de nombreuses minutes, assis sur le sol de ma salle de bain, en train de pleurer.

De toutes les personnes que je connais, de toutes les femmes que j'ai pu fréquenter avant, c'est sa réaction à elle, qui me broie un peu plus le cœur. Je pensais qu'elle, mieux que personne, pourrait me comprendre vu qu'elle traverse la même chose que moi. Qu'est-ce que j'ai pu être con putain !

Ivy est comme toutes les autres. Elle aime ma plastique en haut mais quand je retire mon pantalon, les femmes sont choquées et trouvent des excuses bidon pour ne pas qu'on poursuivent. Mon corps est devenu un fardeau, ma vie est devenu un enfer auquel je tente d'apporter quelques touches de couleurs en misant sur l'humour.

Je pensais que nous étions suffisamment proches, assez en connexion pour ne pas qu'elle me juge. Moi je ne l'ai pas jugé, je ne l'ai jamais regarder différemment, pas une seule seconde mais son regard à elle...bordel, ce que ça fait un mal de chien !

J'ai envie de hurler, de cogner pour ressentir une douleur physique que je contrôlerais mais au lieu de ça, je reste assis à me lamenter sur mon sort et sur l'amie que je viens de perdre car après ça, je ne pourrais plus jamais la regarder dans les yeux sans y voir du dégoût pour ce que je suis. Mi-homme, mi-monstre.

Le temps s'écoule, lorsque je n'entends plus de bruit, je déverrouille la porte après avoir remis mes vêtements et suis surpris de découvrir qu'Ivy est toujours allongée sur mon lit mais qu'elle a remis ses vêtements. Mon regard interrogateur se pose sur elle.

— Mon fauteuil est dans le salon...

Mais oui, quel con je suis ! J'ai tellement réagi à chaud, que je n'ai pas songé que ce n'était pas n'importe quelle fille qui pouvait prendre ses jambes à son cou pour sortir de chez moi en claquant la porte.

Tout en me pinçant fortement la nuque, je regagne le salon pour ramener son fauteuil près du lit et commence à faire demi-tour mais elle m'en empêche en posant sa main autour de mon poignet.

— Attends...je ne pouvais pas partir mais je ne le voulais pas non plus, murmure-t-elle.

Mes yeux se ferment quelques secondes pour tenter de repousser les larmes qui menacent de couler encore, je prends une profonde inspiration, le cœur tambourinant comme un forcené dans ma poitrine et réponds.

— Épargne-nous ce genre de conversation pathétique où tu te sentiras obligé de t'excuser.

— Tu ne comprends pas Kay, je ne me sens pas obligé de m'excuser...je me sens terriblement conne. S'il te plaît, assieds-toi et écoute-moi.

Est-ce que j'en ai envie ? Certainement pas mais il faut croire que je suis devenu totalement stupide car je m'assois à côté d'elle sur le lit alors qu'elle est toujours allongée mais j'ai au moins récupérer mon poignet pour mettre de la distance entre nous.

— Je sais que ma réaction est inexcusable et je ne te demande pas de le faire, je veux juste t'expliquer.

— M'expliquer quoi ? Que tu es dégoûtée par ce que je suis ? Merci, je l'ai compris tout seul, réponds-je froidement.

PersévéranceWhere stories live. Discover now