Chapitre 21 {Arès} Confidences pour confidences

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« Un homme puissant flatte plus son interlocuteur par une confidence que par un compliment. »

Maurice Druon

P.O.V Arès's

Je me sens de trop. Ce n'est pas qu'une impression, je sais lire entre les lignes et l'homme d'une cinquantaine d'années à côté de notre table, n'a aucune envie que je reste, pourtant la jeune femme qui m'a accompagné toute cette soirée étonnante mais pour autant délicieuse, ne semble pas d'accord pour que je m'éclipse et leur offre l'intimité que lui, semble me réclamer.

Le contact de sa main sur la mienne m'électrise, j'ai sans doute trop bu car je ne suis jamais aussi sensible avec personne. Je ne laisse pas mes sentiments s'exprimer en général, j'agis plutôt comme un automate mais c'est comme si Ivy avait trouvé une faille dans mon système et venait de s'y introduire.

L'homme qui me fusille du regard est donc son père, si j'ai bien compris et il ne faut pas être un génie pour comprendre que c'est tendu entre eux. Ça me soulage d'un sens de voir que je ne suis pas le seul à avoir une relation compliquée avec ma famille.

Reprenant contenance, je tire une chaise pour l'inviter à s'asseoir à notre table mais reste discret lorsque leur conversation débute.

— Ta mère m'a dit que tu étais revenue à Londres, je pensais que tu passerais à la maison.

— Pour quoi faire papa ? Ce n'est plus chez moi, répond-elle froidement.

— S'il te plaît Ivy... je sais que nous ne sommes pas des parents parfaits, que nous avons fait de nombreuses erreurs avec toi mais  accorde-nous une seconde chance, je t'en prie, la supplie l'homme en essayant de prendre ses mains mais elle le repousse.

— Non c'est trop tard papa, vous n'étiez pas là quand j'avais besoin de vous et certaines paroles ne peuvent être pardonnées. Tu voulais parler, on vient de le faire, maintenant tu peux partir.

— Pourquoi es-tu si dur, ma puce ?

Je me posais la même question. Elle se comporte comme si tout cela, ne l'atteignait pas mais sans avoir besoin de la connaître, je sais que ce n'est qu'une façade. Sa lèvre inférieure tremble d'une façon très subtile, presque imperceptible. Ses yeux changent de teinte comme s'ils se gorgeaient de larmes et elle a ce tic que j'ai remarqué, celui avec ses ongles où elle repousse les petites peaux autour. J'ai remarqué qu'elle faisait ça quand elle était anxieuse ou mal à l'aise.

Je ne sais pas ce que son père a pu faire pour qu'elle soit si sévère avec lui, avec ses parents et ça ne me regarde pas mais je me sens mal de la savoir si mal sans pouvoir rien faire.

— Tu peux partir, papa.

— Ivy je... non je ne partirais pas. J'entends ce que tu dis, je sens que tu ne veux pas de ma présence dans ta vie mais moi j'en ai besoin. Tu es ma petite fille, celle que j'ai désiré pendant neuf mois, celle que j'ai vu venir au monde, celle que j'ai tenu dans mes bras dès son premier cri et celle que j'ai consolé à chacun de ses chagrins alors non, je ne te laisserais pas t'éloigner encore car même si tu refuses de l'admettre, nous avons besoin les uns des autres. Nous sommes une famille, s'impose l'homme aux cheveux grisonnants.

Un rire sans joie sort de la bouche de la brune, nous surprenant, son père et moi.

— C'est là que tu te trompes, papa. Nous ne sommes plus une famille car une famille, ça se soutien, particulièrement dans les épreuves difficiles. Tu étais peut-être présent dans la plupart des étapes de ma vie et je t'en remercie mais où étais-tu quand j'avais le plus besoin de toi ? Où étais-tu quand mon corps était en partie mort et que je devais faire face au deuil de mon frère ? Où étais-tu quand je hurlais, à bout de forces, dans ce lit d'hôpital, seule à l'autre bout du monde ? Où étais-tu, papa ? demande-t-elle, la voix pleine de sanglots.

PersévéranceTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon