Chapitre 14 {Ivy} Le déni

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« La peur est notre plus grande ennemie. Cette émotion nous paralyse et nous empêche d'avancer car l'inconnu est effrayant. Elle nous conforte dans notre zone de confort pour mieux nous détruire. »

Anonyme

P.O.V Ivy's


— Encore cinq minutes, s'il te plaît, insisté-je en luttant contre l'épuisement.

— Non, ça ne sert à rien, petit lutin.

— Ça ne sert à rien ? Alors à quoi est-ce que ça sert que je m'acharne à faire ces séances de kiné ? C'est juste de la torture ! De la torture, Charly ! hurlé-je en me laissant retomber sur le sol.

— Hé ! Ce n'est pas la peine de me hurler dessus, j'y suis pour rien moi ok ?

— Alors ne parle pas de ce que tu ne connais pas.

Mon ton est sec, tranchant et je vois à la mine de mon amie, elle qui est d'habitude si joviale, que je l'ai blessé et je me sens conne. Je ne voulais pas lui faire de peine.

— Excuse-moi Charly, c'est juste que....je suis à cran.

— Je ne t'en veux pas Ivy et mieux encore, je te comprends. Je te rappelle que moi aussi, je suis passé par là.

Elle soupire à ce souvenir qui a l'air très douloureux et vient s'asseoir sur le sol, à côté de moi et de mon tapis de sport. Ça fait plus d'une heure que je m'acharne à faire des exercices comme m'a montré le kiné, avec mon amie. Il dit que c'est important que je continue de les faire pour ne pas perdre tous les progrès que j'ai fait. C'est marrant car les progrès, il est le seul à les voir.

Pour moi, rien n'a changé. Je suis toujours cette pauvre fille impotente dans son fauteuil maudit avec des jambes qu'on aurait mis fait de lui couper carrément, ça aurait eu la même utilité. Je suis épuisée physiquement mais aussi moralement.

Voilà une semaine que je me suis décidée à rentrer chez moi car il était temps que j'arrête de me cacher de Kay, j'ai été assez ridicule comme ça. Ce n'est pas pour autant que je reste seule, j'ai même une chance incroyable d'être entourée de ma nouvelle amie et de Kay qui se passent le relais pour éviter que je sois seule trop souvent quand je rentre.

J'apprécie leur présence, je leur suis reconnaissante pour tout ce qu'ils font pour moi. Les courses, le ménage, me tenir compagnie et me faire rire mais ça n'efface en rien tout ce qu'il y a de mauvais dans ma tête et pire encore, ça ne change rien à la réalité. Je suis un fardeau sur le poids des autres et je ne mérite pas leur amitié, j'en ai conscience.

— Il faut que tu arrêtes de faire ça sinon tu n'iras jamais mieux.

— Faire quoi ?

— Rejeter les autres et t'empêcher de ressentir les choses.

— Je ne...

— Ne termine pas cette phrase, Pinocchio, ton nez s'allonge, m'interrompt-elle en tendant le bras pour toucher le bout de mon nez. Il fut une époque où j'étais comme toi. T'imagines pas à quel point c'est compliqué pour une gosse d'une dizaine d'années de se retrouver du jour au lendemain, dans le noir complet. Tout ce que j'ai toujours connu, a disparu sans un message d'alerte pour me prévenir. Je suis passé d'une gamine heureuse à une gamine totalement paumée.

Elle semble perdue dans ses souvenirs parce que sa tête se baisse et qu'elle se met à jouer avec ses doigts d'une façon nerveuse. Je m'en veux de lui rappeler de mauvais souvenirs à cause de la dépression qui ne semble jamais me foutre la paix. Charly est très expressive sur tous les sujets, sauf quand il s'agit de dire avec sérieux ce qu'elle ressent par rapport à son handicap.

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