Chapitre 9 {Arès} - Trahison

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« La trahison est une moisissure verte et douce, comme le duvet : elle ronge en silence et par l'intérieur. »

Francis Blanche

P.O.V  Arès


Je suis rentré plus tôt chez moi car j'avais la sensation que tout le monde savait, rien qu'en posant les yeux sur moi, que je n'avais pas passé la nuit chez moi car mes vêtements sont identiques à la veille. Ça m'a mis tellement mal à l'aise, moi qui aime être toujours élégant en toutes circonstances.

J'ai mis fin à ce calvaire, autant vestimentairement parlant que celui qui se déroule dans ma tête. La migraine ne m'a pas quitté de la journée, elle est devenue ma meilleure ennemie. J'ai annulé tous mes rendez-vous, préférant m'isoler dans mon bureau pour ne voir personne, surtout pas elle et j'ai beaucoup réfléchi à ma conversation avec Kay.

Il ne semble pas vouloir renouer avec moi alors que c'est ce que je veux de plus cher. Je ne supporte pas de l'avoir perdu. Je peux perdre beaucoup de choses mais un frère, je n'en ai qu'un et je ne supporte plus ce fossé entre nous qui me rend dingue. Il me fait constamment passer pour le méchant alors que rien n'est de ma faute, tout est sujet d'interprétation.

Mais pourquoi est-ce que j'en ai rajouté une couche en lui racontant ce qui s'est passé chez Allister ? Je n'aurais jamais dû. Il l'a mal pris et je crois comprendre pourquoi. Ça fait plusieurs mois que je n'avais pas eu de ses nouvelles, je ne sais pas s'il a quelqu'un dans sa vie à ce jour mais j'ai mal réagi encore une fois alors que je ne pensais pas à mal. J'aurais mieux fait de cogiter un peu plus avant de lui parler d'elle mais Kay est tellement sanguin quand il s'agit des femmes ou de n'importe quel autre sujet, du moment que je suis celui qui l'aborde.

Mon verre de whisky Irlandais à cheval sur le rebord de ma table de chevet, car oui il vaut mieux combattre le mal par le mal, parfois. Je m'attelle à préparer ma valise car dans deux jours je décolle pour Paris et je n'aurais pas le temps de la faire entre ces délais et j'en ai suffisamment perdu avec ma petite sieste improvisée. Je plie soigneusement mes chemises quand des coups violents sont porté dans ma porte. Mes sourcils se froncent. Un coup d'œil à ma montre, il est presque 23h.

Qui ça peut bien être ?  Je n'attendais personne.

Je termine de plier soigneusement une autre chemise et traverse mon Penthouse dans la semi-obscurité pour rejoindre la porte d'entrée que j'ouvre avant d'être poussé violemment contre le mur derrière moi. Il me faut quelques secondes pour comprendre ce qui se passe. La voix de Kay résonne dans mes oreilles et il se matérialise devant moi en me poussant.

— Tu n'iras pas à Paris avec elle, tu m'entends Arès ? Tu n'iras pas.

Il hurle tellement fort qu'il va finir par alerter mes voisins qui vont appeler la police pour tapage nocturne. Encore abasourdi par sa présence, sa violence et encore plus ses mots, je prends sur moi pour refermer la porte derrière lui. Je ne l'ai jamais vu aussi furieux pour un sujet si futile et ça ne lui ressemble pas de perdre le contrôle comme il le fait. La dernière fois qu'il l'a fait, on connaît tous les deux les conséquences que ça a eu. Je lui emboîte le pas dans mon salon et allume les lumières car celles de Tower Bridge ne sont plus suffisantes. Son regard noir, ses traits tirés sont tellement plus violents à encaisser avec la lumière.

— Tu m'expliques ce qui te prend de débarquer à 23h chez moi et de me pousser comme tu viens de le faire ? demandé-je sèchement en massant mon épaule endolorie.

— Ne joue pas au con, pas avec moi Arès. Tu sais très bien pourquoi je suis ici. Tu lui as ordonné de te suivre à Paris ce week-end alors qu'elle n'a aucune foutue raison de t'accompagner là-bas. Tu as une assistante, Ivy n'est pas ton assistante.

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