Persévérance

Chapitre 50 {Ivy} Il était une fin...

«  Le bonheur est la seule chose qui se double si on le partage.  »

Anonyme

P.O.V Ivy's

Il me faut moins d'une heure pour arriver chez Arès où je me prépare à le trouver dans un état déplorable après ce qu'il a dû faire. J'introduis la clé qu'il m'a donnée, dans la serrure et m'aventure dans l'appartement bien trop bruyant pour être habituel. Il y a de la musique rock qui résonne dans les enceintes et une douce odeur de chili corn carné qui enivre mes narines.

Curieuse, je m'aventure un peu plus à l'intérieur pour découvrir Arès dans la cuisine, un tablier autour de la taille et de la nuque, en train de cuisiner en sifflotant et remuant ses hanches au rythme de la musique. Est-ce une illusion  ? Je ne vois pas d'autre explication. Il vient de faire exploser en plein vol la maison d'édition qui est toute la vie de sa famille et lui il...cuisine  ? C'est étrange, j'en reste sceptique

Il remarque ma présence lorsque je tape avec mon fauteuil dans un meuble bancal. Il se tourne vers moi en souriant, prend une cuillère en bois dans une main, plaçant une autre en dessous pour éviter que ça ne coule. En deux enjambées, il m'a rejoint.

— Ouvre la bouche et goûte-moi ça, tu m'en diras des nouvelles.

Son ton enjoué me laisse perplexe. A-t-il conscience de ce qu'il vient de faire  ? Parce qu'il agit clairement comme si ce n'était pas le cas. J'obtempère en ouvrant la bouche pour goûter son plat qui est délicieux, à n'en pas douter, même si manger du chili corn carné en plein après-midi, ce n'est pas trop mon délire.

— Délicieux mais tu ne crois pas qu'il y a autre chose à faire  ? J'ai vu les infos, Arès, tous les tabloïds ne parlent que de ça. Est-ce que c'est vraiment toi qui a balancé toutes ces informations sur ton père  ?

— Est-ce que tu m'en veux encore pour hier  ?

— Arès...ne change pas de sujet s'il te plaît et réponds à ma question. C'est toi  ?

— Viens.

Il m'entraîne vers le canapé, s'éclipsant quelques secondes pour aller reposer sa cuillère et s'essuyer les mains avant de me rejoindre en s'asseyant en face de moi pour prendre mes mains dans les siennes.

— Je n'aime pas quand on se dispute. Je sais que je suis trop insistant et que je ne m'en rends pas forcément compte sur le moment mais je te présente mes excuses, Ivy. Tout ce que je veux, c'est ton bien, tu le sais ça  ?

— Oui je le sais mais j'ai une question, pourquoi tu n'es pas venu me chercher  ?

— Parce que j'ai pensé que tu avais besoin d'un peu d'intimité...souffle-t-il en penchant la tête sur le côté. J'ai eu tort  ?

— Oui, enfin non, j'avais sans doute besoin d'être un peu seule mais là, nous avons plus urgent à régler. Est-ce que c'est vrai tout ce qu'on lit dans ces articles  ? Ton père a vraiment fait tout ça  ?

Il ferme les yeux quelques secondes, prend une grande inspiration et expire en les rouvrant.

— Malheureusement, oui c'est vrai.

— Comment l'as-tu découvert  ? m'enquiers-je, curieuse.

— J'ai commencé à avoir des doutes sur lui, il y a quelques années. En fouillant dans les archives, à la recherche d'un dossier ancien, je suis tombé sur des factures qui n'avaient rien à voir avec la maison d'édition, ce n'était même pas au nom de quelqu'un que je connaissais. Je me suis dit que c'était peut-être une erreur commise par une employée mais au cas où, j'ai conservé ces documents sans penser qu'un jour ils pourraient me resservir. Le temps a passé et ça s'est agité dans ma tête, je me suis mis à fouiller un peu plus mais c'est difficile de chercher quand on ne sait pas ce qu'on cherche. J'ai consulté les transactions jusqu'à ce que je me rende compte de virements étranges, provenant d'un compte d'un autre pays. J'en ai alors parlé à notre avocat qui est aussi un ami, il m'a aidé à enquêter et nous avons pu remonter à l'origine de cet argent mais aussi à faire le lien avec ces factures qui avaient bien une raison d'être dans les archives. Ça n'a pas été simple tu sais mais...on a réussi à le coincer, Ivy. Petit bout par petit bout, il est fini.