Chapitre 8 {Kay} - Mensonges

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« La vérité libère, le mensonge hante. »

Taha-Hassine Ferhat

                                                                          P.O.V Kay's


Je suis incapable de tenir en place depuis que j'ai ouvert les yeux. La veille, j'ai passé ma soirée à envoyer des messages à Ivy et à attendre des réponses qui ne sont jamais arrivées. Je suis pitoyable n'est-ce pas ? On voit à quel point ma vie sociale est au plus bas pour que j'attende désespérément de ses nouvelles. Et depuis ce matin, ça ne va franchement pas mieux. Depuis que je suis allé frapper chez elle et que j'ai compris qu'elle n'était pas seule, je ne sais pas ce qui m'arrive, je suis aussi énervé que si j'avais bu des litres de café.

Tout ça est parfaitement ridicule. C'est une adulte, elle fait ce qu'elle veut quand elle veut et avec qui, elle veut. Pourquoi est-ce que ça me fait tant chier alors ? Parce que c'est mon amie. Je sais qu'on se connaît encore très peu mais je n'ai pas besoin de la connaître depuis des années, pour m'être attaché à elle. Je la connais même mieux que la plupart des gens que je côtoie depuis des années, c'est pour dire.

Voilà que j'en arrive même à me planquer à un étage au-dessus du sien dans les locaux de Cooper&Co, pour l'éviter. Arès me pousse à lui dire qui je suis car il a bien compris qu'il y avait un truc entre nous quand je lui ai demandé de la faire partir, la dernière fois que j'étais dans son bureau. Malheureusement pour moi, mon frère est loin d'être bête donc il va comprendre que je cache quelque chose mais je ne suis pas prêt pour dire à Ivy que je suis un Cooper et par la même occasion, son nouveau patron.

Je ne veux pas la mettre mal à l'aise ni gâcher notre amitié naissante car j'y tiens énormément. Ça prendra quelques jours encore avant que je n'obtienne le bureau qui me revient mais au moins les choses suivent la bonne voie. Je devrais m'en réjouir mais la victoire n'a pas le goût agréable que je lui pensais. Est-ce parce que j'attends depuis trop longtemps ? Peut-être parce que je l'ai trop idéalisé.

Je suis tendu et tout le thé que je bois depuis que je suis arrivé, ne m'aide pas. J'aimerais aller courir, courir jusqu'à ce que mes muscles soient si douloureux et que j'en oublie tout ce qui passe dans ma tête. Je ne peux plus. J'essaie de me concentrer sur ce que j'ai à faire mais impossible, ça fait dix fois que je relis le même paragraphe sans avancer. Je me tire sur les cheveux alors qu'on frappe à ma porte et que j'invite la personne à entrer.

Mon frère apparaît devant moi et je ne suis pas surpris de le trouver là si tôt car il est aussi matinal que moi, voir plus encore.

— Je savais bien que tu te planquais ici, lance-t-il en souriant.

— Je ne me planque pas, Arès. Je bosse, me défendis-je en soupirant.

Il sourit d'une façon qui veut clairement dire qu'il n'est pas dupe et qu'il sait que je me cache d'elle. Il tire le fauteuil en face de mon bureau et vient s'asseoir dessus, ses mains croisées sur son genou. Il me fatigue d'avance et après la courte nuit que j'ai passé, préférant passer mon temps à cogiter plutôt que de dormir, je ne suis pas d'humeur à l'écouter.

— Tu es monté juste pour me regarder avec cette tête de con ? Je ne suis pas d'humeur, Arès.

— Moi non plus, j'ai passé une soirée de merde et j'ai une gueule de bois incroyable. Je n'ai même pas pu repasser chez moi avant de venir, je porte les mêmes vêtements que la veille et je prie pour que personne ne le remarque car je n'ai jamais fait ça, soupire-t-il. Et toi, tu as des problèmes ?

— Pourquoi tu n'as pas eu le temps de passer chez toi ce matin ? Tu as découché ? Nouvelle conquête ? l'interrogé-je en levant un sourcil.

— Même pas ! Crois-moi, j'aurais préféré mais même pas. Je me suis comporté comme un con hier soir et je n'en suis pas très fier. D'ailleurs, ça te concerne un peu...

PersévéranceWhere stories live. Discover now