Chapitre 11 {Ivy} - La tornade Charly

123 20 46
                                    




« La plus belle des amitiés c'est celle qui nous prend par surprise. »

Anonyme

P.O.V Ivy's


Nous sommes déjà vendredi et je m'active à préparer ma valise pour Paris tout en laissant l'émotion m'envahir avec la voix de Rihanna qui se répercute dans mon enceinte connectée. Autant la musique est magnifique et les paroles bouleversantes mais ce n'est pas ce qui me rend si émotive. Non dans ma tête, c'est ce qui s'est passé avec Kay dans ma chambre, la veille, qui tourne encore et encore. Notre rapprochement, notre échange, ce contact entre nous. C'était si doux, si oppressant et si libérateur à la fois. Pas une seule fois dans ma vie, je n'ai connu une telle chose. C'était si fluide, comme une évidence dans laquelle je me suis laissé glissé.

Mais aussi beau ce moment fut-il, ça ne peut pas se reproduire. Je ne peux pas être avec Kay, ni avec un autre, d'ailleurs. Je ne veux imposer mon handicap à personne, pas quand j'ai encore du mal à l'accepter moi-même. Je ne sais pas encore comment je vais aborder le sujet sans lui faire de peine mais il faut que nous en discutions. Promis, à mon retour de Paris, je lui dirais qu'il ne doit pas se faire de faux espoirs. Nous sommes amis, ni plus ni moins. Je me demande ce qui lui a pris de faire ça, était-ce vraiment de l'envie ou de la pitié vu mon état ?

Depuis un an, chaque regard que je croise, est rempli de tristesse ou de pitié. Oh la pauvre petite Ivy qui a perdu son frère et ses jambes, le même jour. J'étouffe de tous ces élans faux-cul. Personne ne sait ce que je ressens alors que tout le monde s'estime légitime pour prétendre le contraire. Je leur donne volontiers ma place s'ils veulent et on en reparlera. Kay ne connaît quasiment rien de moi, il ne connaît pas Jonas et si je ne suis pas capable d'en parler à quelqu'un, c'est sans doute que c'est trop tôt.

Quand est-ce que ce moment viendra ? J'étouffe, je m'écroule sous le poids de toutes ces paroles, de toute cette culpabilité, cette douleur que je garde enfoui en moi. Les ténèbres de mon âme et de ma tête, m'empêchent d'avancer mais est-ce que je le veux vraiment ? Je n'en suis plus certaine. Peut-être que je me suis simplement précipitée.

Mon portable vibre sur ma table basse, je m'en empare pour lire le message qui vient d'arriver.

« Bonjour Mademoiselle Allister. Changement de programme. Votre présence n'est plus indispensable à Paris. Je vous souhaite un bon week-end. Arès Cooper. »

C'est une foutue blague ? Je m'étrangle avec ma propre salive, les yeux révulsés en relisant le message encore et encore, pour être sûre que j'ai pris compris ce qui est écrit. Il m'annonce que ma présence n'est plus indispensable à quelques heures du départ et ça, alors qu'il m'a fourni le billet de train ? Enfin, ce n'est pas lui directement qui me l'a donné mais son assistante. Je ne comprends rien à ce qui se passe mais il n'est pas question qu'il s'en tire si facilement. Je mérite une explication.

Je tente de l'appeler mais je tombe directement sur sa messagerie. Loin de me démonter, je rassemble mes affaires et rejoins les bureaux de la maison d'édition. Son assistante m'informe qu'il est parti pour la gare, il y a deux bonnes heures de ça. À quoi est-ce qu'il joue ? M'ignorer, ne lui suffit plus ? Il faut maintenant qu'il me plante comme ça, estimant que je ne suis pas assez importante pour mériter une explication. C'est trop facile.

Toi et moi, on n'en a pas fini, Arès Cooper !

Me laissant porter par ma colère envahissante, je me faufile dans les souterrains pour rejoindre le métro qui me conduit jusqu'à la gare. Ce n'est pas une mince affaire pour grimper là-dedans sur mon deux roues et encore moins avec le monde qui grouille, je ne parle même pas de mon palpitant qui fait des roulements de tambour à l'intérieur de ma poitrine. Je suis trop en colère pour me concentrer sur ma peur et c'est tant mieux sinon je sais que je ne serais pas ici.

PersévéranceWhere stories live. Discover now