Chapitre 7 partie 2 {Ivy} - Turbulences

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« On croit que les rêves c'est fait pour se réaliser. C'est ça le problème des rêves, c'est que c'est fait pour être rêvé. »

Coluche


                                                                        P.O.V Ivy's

Je grimace de dégoût de l'entendre rendre ses tripes dans mes toilettes. Je sais, ça fait partie des choses normales de la vie mais c'est quand même répugnant. S'il n'avait pas autant bu, il ne serait pas malade. Non je n'éprouve aucune compassion pour lui car il mérite ce qu'il est en train de faire subir à son estomac mais quelque chose me chiffonne. Je n'arrête pas de penser à ce qu'il a dit, sur le fait qu'il préférerait être mort que vivant. C'est violent quand même.

C'est le genre de pensées que j'ai eu mais avec mon accident, mon état à ce jour, c'est plutôt normal j'ai envie de dire mais lui, comment quelqu'un comme lui, peut-il dire ça ? Ça m'échappe. Je pose mon repas sur la table basse car bizarrement, il m'a coupé l'appétit. Je retire mon manteau et mon écharpe et attends comme une idiote dans mon salon. C'est chez moi mais je n'ose plus bouger.

Je ne l'entends plus vomir, je n'entends plus le moindre bruit alors qu'est-ce qu'il fabrique ? Ma curiosité prend le dessus et me rappelle que c'est mon appartement et je circule où je veux. Je le rejoins dans la salle de bain, m'arrêtant à l'entrée. Il est assis sur le sol, à côté des toilettes où il a fermé le couvercle. Il se tient la tête entre ses mains, il malmène ses cheveux qui sont un bordel monstre.

C'est la première fois que je peux vraiment l'observer et l'homme en face de moi ce soir, n'a rien à voir avec l'abruti qui m'a volé ma tablette de chocolat, oui je n'en démordrais pas. Ni avec celui qui a pris une place qui n'était pas la sienne, encore moins à l'homme froid qui m'a reçu pour mon entretien. Non, ce soir, l'homme en face de moi est tellement différent. Il a l'air malheureux et ça me gêne de l'admettre mais il me fait de la peine, pourtant je n'ai pas d'affection pour lui. C'est juste mon patron, mais pas ce soir.

Je ne sais toujours pas ce qu'il fait là mais je ne peux vraiment pas le mettre à la porte vu l'état dans lequel il est. Mon portable sonne dans ma poche mais je ne réponds pas. C'est à ce moment-là qu'il remarque ma présence, ses billes marrons croisent les miennes et mon estomac se contracte violemment comme si j'allais vomir moi aussi. Ses yeux sont...ils ont le mérite d'être deux déjà mais ils ont surtout une lueur assez intense qui me trouble. On dirait un enfant qui éprouve un immense chagrin.

— Vous devez vous dire que je suis pathétique, commence-t-il tout bas, et vous avez raison. Je vais rentrer chez moi, continue-t-il en récupérant quelque chose dans sa poche. Désolé pour le dérangement.

Il se lève après de nombreuses tentatives où il échoue lamentablement car son taux d'alcoolémie dépasse la limite du raisonnable. C'est seulement lorsqu'il s'avance vers moi que je remarque ce qu'il a attrapé dans sa poche, ses clés de voiture. Il compte sérieusement prendre le volant vu son état ? Il n'en est pas question. Il risque de causer un accident et je suis bien placée pour savoir les conséquences désastreuses que ça peut avoir sur une vie. Lorsqu'il arrive à ma hauteur, sans lui laisser le temps de réagir, je chope ses clés que je glisse dans mon haut. Le contact du métal froid sur mes seins me fait frissonner mais au moins, elles sont en lieu sûr. Depuis quand suis-je aussi téméraire ? Je me surprends moi-même.

— Qu'est-ce que vous faites, Allister ? Rendez-moi mes clés, s'impatiente-t-il en fronçant les sourcils.

— Il n'est pas question que je vous laisse prendre le volant dans votre état.

PersévéranceWhere stories live. Discover now