Chapitre 39 {Arès} Quand la culpabilité te ronge

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« Le regret est la plus grande tragédie de la vie. Tu peux toujours apprendre de tes erreurs et faire mieux. »

Henry Ford


P.O.V Arès's


Morphée ne veut plus de moi dans ses bras depuis trois jours pendant que mes larmes sont en train de remplir les nappes phréatiques à force de couler. Cette réception d'été devait être l'occasion de passer une bonne soirée, pas se transformer en un tel cauchemar. Je suis incapable de fermer les yeux car quand j'essaie, je revois en boucle la voiture la percuter et son corps qui retombe avec une telle violence sur le bitume.

Je me revois prendre son pouls et sentir le mien repartir en sentant le sien. C'est aller si vite que nous n'avons pas pu réagir et cette fois-ci, je ne suis pas resté aux côtés de mon frère comme lors de l'accident car ce jour-là, ça m'a coûté bien trop cher et il ne se passe pas un jour, sans que ma culpabilité grandisse et m'empoisonne comme un produit nocif qui agit lentement mais sûrement dans mon organisme.

Ma main caresse doucement le dessus de la sienne sans parvenir à arrêter mon torrent de perles salées. Le personnel hospitalier a bien essayé de me foutre dehors mais ils ont compris que ça ne servirait à rien, je ne bougerais pas. Il y a bientôt deux ans, j'ai choisi de soutenir mon frère qui paniquait, moi aussi d'ailleurs et tout ça au détriment d'Ivy et son frère. Si j'avais trouvé les mots pour rassurer Kay, si j'avais réussi à sortir de cette maudite voiture pour aller porter secours, peut-être que Jonas serait toujours en vie, peut-être qu'Ivy pourrait toujours marcher.

Mon quotidien est un enfer, bercer de culpabilité, remords et regrets. Il ne se passe pas une seule journée sans que je pense à ce que j'ai fait ou bien au contraire, ce que je n'ai pas fait. Je crois que j'ai eu peur, que l'alcool m'a rendu lâche mais ce ne sont pas des excuses. Quelqu'un a perdu la vie à cause de nos conflits de famille, Ivy a perdu ses jambes, Kay la sienne et moi, j'ai perdu quelque chose d'invisible et pourtant important pour vivre : la liberté.

Depuis ce jour, je ne cesse de me battre pour essayer de me sortir de cette spirale infernale où des lianes m'enlacent, me terrassent à chaque mouvement que j'effectue mais je ne suis pas le plus à plaindre dans cette histoire car de nous quatre, je suis celui qui s'en sort sans séquelles physiques.

J'observe son corps endormi dans ce lit aux draps blancs, son visage et ses bras écorchés lors de sa réception sur le sol. Les médecins l'ont plongé dans un coma artificiel pour qu'elle se repose et laisser à son corps, le temps de se remettre. Ils sont catégoriques, en plus d'innombrables hématomes, écorchures, elle présente un important traumatisme crânien. Ils ont choisi cette option pour son bien.

Tout ça, c'est de ma faute...encore. Si elle souffre depuis des mois, c'est à cause de moi, si elle souffre maintenant et qu'elle se trouve dans ce lit d'hôpital, c'est encore à cause de moi.

Elle n'aurait jamais dû apprendre la vérité de la sorte mais notre mensonge n'avait que trop durer. On pensait avoir une chance de s'en sortir, non pas que nous cachions la vérité pour nous protéger mais pour la protéger elle. Quand je repense à l'expression éteinte de son visage lorsque Kay lui a raconté ce qui s'est passé cette nuit-là, à celle qu'elle affichait lorsque cette cascade de verres lui est tombé dessus, ma peau en frissonne d'horreur.

Comment a-t-elle compris ? Comment a-t-elle su pour la maison dans le Minnesota ? Notre père ? Je jure que si tout ça, c'est à cause de lui, je ne me contiendrais pas. Il n'avait pas le droit de faire ça. À l'époque déjà, il a fait les choses dans notre dos. C'est seulement en me réveillant à l'hôpital, qu'il m'a tout expliqué ou du moins, c'est ce que je croyais car je ne savais pas pour l'argent mais à ce moment-là j'étais dans l'incapacité mentale de prendre une bonne décision. Il avait fait intervenir ses connaissances pour faire en sorte que rien ne nous relie à cet accident, corrompant pompiers et policiers sur place. Notre père est un homme influent et il nous l'a bien montré. Tout ça pour quoi ? Nous protéger ? Ça c'est ce qu'il dit mais la vérité, c'est qu'il voulait protéger son image, sa petite réputation au détriment de l'apaisement d'une famille.

PersévéranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant