Chapitre 6 {Ivy} - Rapprochements

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« L'indifférence est une épreuve. Le succès est une épreuve que l'on réserve à ceux que l'indifférence n'a pas su tuer. »

Christian Bobin


P.O.V Ivy's





— Allez Ivy, encore une petite dizaine et je te libère. Je sais que tu peux le faire.

Non, je ne peux pas. Je ne peux plus le faire. Je sais qu'il essaie d'être encourageant mais mon kiné ne comprend pas que ce qu'il me demande, est impossible. Je suis épuisée physiquement, moralement, par tous les pores de ma peau. Je souffre dans des endroits que même les chercheurs n'ont jamais explorés dans l'histoire de l'anatomie humaine. Je suis à bout, je veux juste qu'on me laisse tranquille et qu'on arrête de me dire ce que je peux ou ne peux pas faire. C'est mon corps, je suis la seule à savoir si j'en suis capable.

Si je lui dis que je ne peux pas, c'est que je ne peux pas. Je suis à bout de forces, j'ai mal partout et je ne parle pas de petites douleurs comme celles qu'on ressent en se coinçant le doigt dans une porte. Ça n'a rien à voir, strictement rien. La douleur est intense, elle se diffuse dans mon corps à la place de mon sang. Je suis en sueur, je grelotte et j'ai froid à la fois. Je sais que c'est son job de me pousser à me surpasser mais là ce n'est plus du surpassement qu'il me demande, c'est quelque chose de surhumain.

S'il veut, on peut échanger nos places et on verra s'il est capable lui.

Je porte mes mains à mon visage pour me cacher les yeux car je sens que les larmes ne vont pas tarder à me tirailler comme une fontaine. Thomas continue de me torturer en bougeant mes jambes dans des mouvements précis. Je n'ai pas besoin de le voir pour le savoir car cette souffrance remonte dans toute la partie haute de mon corps.

— Ivy ? On arrête là pour aujourd'hui ok ? Regarde-moi.

Je ne le fais pas. Il vient retirer doucement mes mains de mon visage et je devrais me sentir conne de pleurer devant lui mais ce n'est pas le cas. Mes nerfs lâchent et ça a besoin de sortir, qu'importe la façon. Thomas est à peine plus âgé que moi. Ses beaux cheveux blonds bouclés tombent en cascade sur ses épaules car il ne les a pas attachés aujourd'hui alors que d'habitude il les dompte dans un chignon. Plus je le regarde et plus je sais qu'il déteste autant que moi ce qu'il m'inflige, son regard ne peut pas mentir à ce point.

— Je sais que c'est difficile et je sais que je ne suis pas à ta place mais on sait tous les deux que c'est nécessaire d'en passer par là. Ne me déteste pas trop, ok ? lance-t-il avec un sourire sincère aux lèvres.

— Je ne t'en veux pas à toi, Thomas. J'en veux à cet enfoiré qui a fait valser notre voiture dans le décor et qui me force à subir tout ça, aujourd'hui, en plus de m'avoir pris la personne que j'aimais le plus au monde.

— Je sais...je t'aide à descendre et je te paie un verre, ça te dit ?

— C'est gentil, vraiment mais je pense que je vais rentrer, je suis fatiguée.

Thomas est vraiment un garçon adorable et c'est tellement facile de parler avec lui, nos séances me permettent de me confier sur ce que je ressens car il côtoie des personnes dans mon cas, à longueur de journée alors il est à même de l'entendre. Il n'y a pas de pitié dans son regard, seulement de la gentillesse mais je ne peux pas accepter de boire un verre avec lui car il reste mon kiné.

Il m'aide à descendre de la table pour me remettre dans mon fauteuil. Je le remercie, récupère mes affaires et m'éclipse aussi vite que je le peux. Nous nous reverrons très vite, pour mon plus grand malheur. J'ai envie de rester seule ce soir parce que je suis triste, pas seulement à cause de cette séance de torture mais aussi à cause de Kay. Il n'est pas venu hier. Je l'ai appelé, je lui ai envoyé des messages mais il n'a jamais répondu.

PersévéranceOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz