1 - Oniroku Himeko

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La porte émit une sonnerie stridente avant de s'ouvrir dans un claquement et Himeko avança, les mains jointes et en évidence. Le garde ne la regardait même pas. Les déchets de la société ne l'intéressaient pas. Elle n'avait pas le droit de lever les yeux, pas le droit de parler, pas de droit de faire un pas à côté de la ligne rouge tracée sur le sol. Chaque manquement à la discipline de la maison de correction était durement sanctionné. C'était cela la prison au Japon.

Ses cheveux coupés au carré court lui balayaient le visage. On les lui avait coupés quand elle était arrivée un an plus tôt. Les garçons, eux, devaient avoir le crâne rasé. Elle s'en tirait bien.

Le garde la laissa dans une salle vide, avec une porte de l'autre côté et il partit sans lui avoir adressé la parole. Himeko ne bougea pas. Elle savait qu'elle n'avait pas le droit. Finalement, une autre sonnerie retentit et la porte devant elle s'ouvrit, livrant le passage à deux nouveaux gardes.

– Numéro 715 avancez de trois pas ! Dit l'un d'eux.

Elle s'exécuta. Le garde fit le tour, vérifia la combinaison réglementaire et l'absence de tout objet pendant que l'autre la surveillait, puis il lui fit signe de s'avancer à nouveau. De l'autre côté, des vestiaires comportaient une paroi de plexiglas munie d'un trou rectangulaire. Himeko était déjà passée par ici un an plus tôt. Des mains anonymes poussèrent une boîte en plastique transparente à travers l'ouverture, mais Himeko n'y toucha pas. Elle savait qu'elle devait attendre l'autorisation. Debout au centre de la pièce, les pieds sur la ligne rouge, elle regardait le sol.

Si c'était à refaire, se dit-elle, si tout était à refaire, je ne reviendrais pas ici.

Le premier des deux gardes la tira de ses réflexions.

– Numéro 715, dit-il. C'est bon.

Himeko alla récupérer la boîte qui contenait les effets personnels qui l'attendaient ici depuis un an. Elle sortit les quelques vêtements, le portefeuille élimé et le trousseau de clés et commença à se changer. Inutile d'attendre que les gardes sortent ou détournent les yeux. Ça ne se passait pas comme ça en maison de correction. Himeko entendit l'un d'eux se permettre une réflexion graveleuse, mais elle l'ignora. Si elle réagissait, elle n'y gagnerait que des semaines d'incarcération supplémentaires. Le jean lui allait trop petit désormais – elle avait quinze ans la dernière fois qu'elle l'avait porté il y a un an de cela, elle avait seize ans maintenant – mais le t-shirt lui tombait sur les cuisses. Ça serait suffisant. Elle n'avait pas de veste, elle allait avoir froid une fois dehors. On était seulement en mars.

Une fois habillée, elle attendit les nouvelles consignes, mais cette fois les deux gardes se désintéressèrent de sa présence.

Lorsque la porte se rouvrit, Himeko découvrit un homme en costume cravate, un attaché-case à la main. Il consulta une feuille de papier, leva les yeux vers elle et demanda :

– Oniroku Himeko ?

Après une hésitation, elle hocha la tête. Cela faisait si longtemps qu'on l'appelait numéro 715 qu'elle en avait presque oublié son nom. L'homme attendit et les gardes tournèrent les yeux vers eux. Himeko se reprit, elle répondit à voix haute.

– Oui, c'est moi.

L'homme fit demi-tour vers la porte.

– Suis-moi.

Il la précéda dans un bureau étriqué aux murs de béton brut et il lui fit signe de s'asseoir. Il prit place en face d'elle et, durant plusieurs minutes, il lut ses papiers comme si elle n'existait pas. C'était cela que la maison de correction vous enseignait le mieux : vous n'existez pas pour la société, parce que vous n'êtes qu'un déchet et que les déchets n'existent pas.

L'homme releva les yeux et dit :

– Takahi Sôha, je travaille pour la division judiciaire des mineurs de la préfecture de Tokyo. Je suis venu pour t'expliquer comment les choses vont se dérouler maintenant.

Himeko hocha la tête. À nouveau, son interlocuteur attendit et elle se reprit.

– Très bien, dit-elle. Je vous remercie.

Elle s'inclina au-dessus de la table.

Pour s'adresser à elle, il avait utilisé un registre de langage presque familier. Celui que l'on utilisait avec les enfants et les subalternes de bas étage. De son côté, il attendait qu'elle s'adresse à lui en utilisant le keigo, la forme de politesse la plus soutenue. La langue japonaise savait fort bien indiquer aux gens leurs places dans la société en quelques mots.

– Tu vas habiter au foyer Hakifumi pour les jeunes en difficulté dans le quartier de Omotesandô, reprit-il. Et tu iras en cours au collège de Shibuya Nichu. Tu es déjà inscrite pour la rentrée prochaine. L'établissement te fournira tous les renseignements dont tu as besoin.

Il releva la tête et attendit de voir si elle avait des questions.

Himeko inclina de nouveau le front.

– Je vous remercie, répéta-t-elle.

Il sembla satisfait.

– Il n'a pas été prévu de t'imposer un couvre-feu en raison de ton bon comportement, dit-il. Mais je t'engage à continuer à te comporter comme il faut.

– Oui, dit-elle.

Il fit glisser vers elle le papier contenant les informations dont elle avait besoin pour rejoindre le foyer et commencer sa nouvelle vie.

– Est-ce que tu as de l'argent pour prendre le bus ?

Himeko réfléchit. Est-ce qu'il lui restait de l'argent dans son portefeuille ? Elle fut incapable de s'en souvenir.

– Oui, répondit-elle à tout hasard.

– Très bien.

L'homme se leva.

– Dans ce cas, dit-il. Je vais te conduire dehors et j'espère que nous ne nous reverrons plus.

Une fois devant la porte de la maison de correction, il monta dans sa voiture et il la laissa là, au bord de la route. Himeko regarda autour d'elle. Il faisait froid, le printemps n'avait pas encore commencé, et son t-shirt était trop léger. Elle frissonna et lut l'adresse indiquée sur la feuille de papier. Puis elle se dirigea vers l'arrêt de bus, plus loin. Heureusement, son portefeuille contenait encore de la monnaie, sans quoi elle aurait dû faire le chemin à pied.

Plus jamais je ne veux revenir dans cet endroit, se dit-elle. Quel qu'en soit le prix.

NDA : Bienvenue sur ma fanfiction consacrée à Takashi Mitsuya, aka L'homme Parfait ! J'espère que l'histoire vous plaira, n'hésitez pas à me dire en commentaire ce que vous en pensez !
Bonne lecture !

NDA : Bienvenue sur ma fanfiction consacrée à Takashi Mitsuya, aka L'homme Parfait ! J'espère que l'histoire vous plaira, n'hésitez pas à me dire en commentaire ce que vous en pensez !Bonne lecture !

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Red Butterfly [Mitsuya x OC]Where stories live. Discover now