12 - Akimoto Arisa

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Deux semaines plus tard, Himeko croisa la route de Arisa. Elle venait à peine de descendre du train, à proximité du foyer Hakifumi, quand une silhouette familière attira son attention. Arisa se détacha du mur contre lequel elle était appuyée. Elle n'avait pas changé au cours de ces derniers mois, remarqua Himeko, elle avait toujours cette allure longiligne de mannequin, ces cheveux coupés courts qui lui balayaient le visage et ce masque noir qui dissimulait ses traits.

– Salut Hime, dit-elle en la voyant.

Toutes les deux s'éloignèrent sur le chemin qui longeait la gare et rejoignirent un petit parc, au centre duquel s'étendait un étang couvert de nénuphars.

– Qu'est-ce que tu deviens Akimoto ? Demanda Himeko en s'appuyant sur la barrière qui courait autour de l'étang.

Arisa Akimoto l'imita.

– Bah, tu sais, répondit-elle. Baston, bécanes et tout ça quoi. J'ai appris que Hôko t'avait explosé la gueule. Ça va ?

– Ça va, oui. C'est du passé maintenant.

Arisa laissa passer un silence. Elle n'avait jamais été très bavarde. Le plus souvent, elle n'ouvrait la bouche que quand elle avait quelque chose d'important à dire. C'était pour cette raison que Himeko était étonnée par sa présence. Pour que Arisa vienne la trouver jusqu'ici, ça devait être grave.

– Et toi, reprit Arisa. Qu'est-ce que tu deviens ?

Himeko ne la regarda pas.

– J'imagine que tu le sais, dit-elle. Tu sais où me trouver apparemment, donc tu sais aussi tout un tas d'autres choses.

Arisa demeura longtemps silencieuse. Enfin elle reprit.

– Ça se passe bien ta nouvelle vie ?

il n'y avait aucune trace de sarcasme dans sa voix. Himeko lui coula un regard en coin et Arisa se redressa. Elle reprit.

– Je t'envie tu sais, dit-elle. Tu as pris la bonne décision et tu t'y tiens. T'es celle qui a le plus de couilles dans cette histoire, quoi que puisse en dire Hôko.

Himeko laissa échapper un petit rire.

– Si tu le dis.

– Je te souhaite d'être heureuse, reprit Arisa. Sincèrement.

Elle tourna les talons pour partir, mais Himeko l'arrêta.

– Est-ce qu'il faut que je te cogne pour que tu me dises pourquoi tu es venue me voir ?

Arisa resta longtemps silencieuse cette fois, au point que Himeko se demanda pendant une seconde si elle n'était pas partie. Finalement, la grande sukeban revint s'appuyer contre la barrière de l'étang.

– T'as une vie maintenant Hime, dit-elle. Une vie sympa et même un mec qui a l'air gentil.

Himeko la regarda, étonnée.

– Tu le connais ?

– Je vous ai vu au zoo tous les quatre, lui apprit-elle. On aurait dit une vraie petite famille. Franchement, vous étiez mignons. Je suis contente pour toi. Je veux pas être celle qui va mettre la merde dans ta vie.

Himeko la laissa parler sans l'interrompre. Elle connaissait Arisa depuis longtemps. Une fois qu'elle s'était décidée à dire ce qu'elle avait sur le cœur, elle le faisait, peu importe le temps que ça prenait.

– Hôko a merdé, dit finalement Arisa. Gravement.

Elle réfléchit, comme si elle rassemblait ses idées.

– Quand tu t'es fait arrêtée, reprit-elle, on a décidé ensemble qu'elle allait reprendre la charge du Papillon Rouge. On n'avait pas envie de le voir disparaître, ni elle, ni moi. Et de nous deux, c'était elle qui avait le plus les épaules pour ça.

Elle hésita et poursuivit.

– Mais elle a changé, dit-elle. Je la reconnais plus maintenant. La plupart de nos membres, tu les connais même. Les anciennes, celles avec lesquelles on a rassemblé les gangs de sukeban de Shibuya, Shinjuku et Minato, elles sont parties au bout de quelques mois. Certaines se sont fait défoncer la gueule comme toi. C'est un peu une tradition tu le sais. Mais Hôko...

Arisa se retourna et elle s'adossa à la barrière.

– Le Papillon Rouge, reprit-elle, n'a plus rien à voir avec celui qu'on a fondé. Ses valeurs, ce pour quoi on s'est battu, tout ça a disparu. Mais le pire, ce sont toutes ces gamines qui continuent à nous rejoindre, attirées par l'aura du Papillon que tu as laissé derrière toi et qui sombrent en enfer sans avoir compris ce qui leur arrivait.

Himeko ne dit pas un mot. Elle posa le menton sur les bras, les yeux rivés sur les carpes qui apparaissaient et disparaissaient sous les feuilles de nénuphars.

Arisa reprit.

– Un moment, dit-elle, j'ai pensé partir moi aussi. Je me serais fait cogner, mais bon, c'est pas comme si on n'avait pas l'habitude. Et puis j'ai pas pu. Je pouvais pas laisser toutes ces gosses comme ça, aux mains de Hôko. Je peux rien faire. J'ai plus aucun pouvoir. J'étais même pas au courant que Hôko t'avait retrouvée et qu'elle t'avait cassé la gueule. Mais même comme ça, je peux pas les laisser. Je peux pas baisser les bras. Parce que le Papillon Rouge, tu vois, pour moi, c'est toute ma vie. C'est tout ce en quoi je crois.

Cette fois, elle commença à partir pour de bon.

– Je te demande pas de revenir Hime, dit-elle avant de s'éloigner. ça serait dégueulasse de ma part. Mais je peux pas non plus me taire et à part toi, je vois pas qui pourrait arrêter Hôko.

Une fois que Arisa fut partie, Himeko demeura longtemps appuyée contre la barrière de l'étang. Les pensées se bousculaient dans sa tête. Des pensées qui n'avaient rien de rose. Finalement, elle abandonna le petit parc et rentra au foyer.

 Finalement, elle abandonna le petit parc et rentra au foyer

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Red Butterfly [Mitsuya x OC]Место, где живут истории. Откройте их для себя