Red Butterfly [Mitsuya x OC]

9 - Prémices

Contrairement à ce que pensait Mitsuya, Himeko ne vint pas en cours le lendemain. Ni les jours suivants. À son réveil, elle avait découvert madame Fuya dans la cuisine où l'une des pensionnaires préparait le petit déjeuner pour tout le monde.

– Oniroku ? Avait-elle dit en tirant sur sa cigarette. Après manger nous allons à l'hôpital pour faire examiner tes blessures.

Emi Kanami avait fait un rapport à la directrice sur son état aussitôt après le retour de Himeko.

Un instant, Himeko avait songé à protester. Mais elle n'avait finalement rien dit. Dans un monde normal, les gens allaient voir le médecin après s'être fait passer à tabac.

Dans un monde normal, les gens ne se faisaient pas passer à tabac, avait corrigé son esprit.

Le médecin lui avait prescrit des médicaments contre la douleur et il lui avait recommandé une semaine de repos. Himeko était rentrée au foyer et madame Fuya s'était elle-même chargée de prévenir le collège de son absence.

Installée dans sa chambre, Himeko eut tout le loisir de réfléchir.

Il y avait des chances que les filles ne se montrent plus maintenant qu'elle s'était faite corrigée. S'il fallait en passer par là pour couper définitivement les ponts avec le monde des sukeban, alors Himeko estimait que le prix n'était pas cher payé.

Ses pensées la ramenèrent à Mitsuya Takashi. Il s'était vraiment montré prévenant la veille, il avait soigné ses blessures et il avait même soutenu son histoire d'accident devant madame Kanami alors que lui-même n'en avait pas cru un mot. Tout le contraire de ceux que Himeko avait fréquentés par le passé. Mais ceux-là avaient tous été des garçons appartenant à des gangs.

Elle se souvint du moment où elle avait pleuré sur son épaule et elle sentit son visage chauffer.

Mitsuya était un garçon bien, elle devait le reconnaître. Sérieux, gentil. Si elle réfléchissait objectivement, elle était forcée d'admettre que ça n'était pas un garçon pour elle.

Pourtant, elle était bien en sa compagnie et elle n'avait pas envie que cela s'arrête.

Ça n'est pas non plus comme s'il t'avait demandé de sortir avec lui, se dit-elle.

C'était vrai, après tout, rien ne les empêchait de continuer à se voir et de devenir amis. Himeko ne put s'empêcher de ressentir une espèce d'amertume à cette idée. Elle avait envie de plus, elle devait bien le reconnaître.

Le lundi suivant, quatre jours après l'agression, Himeko retourna au collège. Ses blessures s'étaient refermées pour la plupart et ses bleus avaient commencé à s'estomper, suffisamment en tout cas pour rendre son histoire d'accident crédible.

À la pause déjeuner, elle alla prendre la permanence de la bibliothèque, son bento à la main. Elle s'installa sur le rebord de la fenêtre, son livre sur le genou, et profita du soleil et du calme de la bibliothèque vide. La porte s'ouvrit avant qu'elle ait entamé son repas et Mitsuya entra.

– Te voilà, dit-il. J'avais prévu de passer chez toi après les cours, si tu étais toujours absente aujourd'hui.

Himeko descendit du bord de la fenêtre.

– Je vais beaucoup mieux, dit-elle. Je te remercie encore pour la dernière fois.

– Ça n'est rien, répondit-il. Je suis content de voir que tu vas bien.

Il s'approcha et regarda par la fenêtre.

– Tu aimes bien t'installer là ? Dit-il. Tu étais déjà assise au même endroit la première fois que je suis venu.