Red Butterfly [Mitsuya x OC]

45 - Pardonne-moi

La nuit était noire et les sous-bois du parc Nabeshima Shoto étaient plongés dans les ténèbres à cette heure. Mais Himeko n'avait pas besoin de voir, elle savait où aller. Elle suivit l'allée qu'elle avait arpentée des mois plus tôt avec Takashi et arriva au bord de l'étang, non loin du banc où ils s'étaient assis ensemble l'été dernier.

Takashi était là, appuyé contre la barrière qui courait autour du plan d'eau, les yeux dans le vide.

Himeko le regarda un instant en silence, puis elle s'avança et passa ses bras autour de sa taille.

Il jeta un œil par-dessus son épaule.

– Hime ?

Il semblait plus surpris que furieux. Himeko resserra sa prise.

– Oui.

Elle appuya son front contre son épaule. Il paraissait calme, pourtant ses muscles étaient tendus, crispés. Takashi était toujours si imperturbable, même quand il était dévasté à l'intérieur.

– J'avais dit que je serai là pour toi quand ça n'irait pas, dit-elle. Alors je suis venue.

Il posa sa main sur la sienne.

– Tu as appris, dit-il.

C'était plus une constatation qu'une question, Himeko hocha la tête contre son dos.

Elle savoura la chaleur de son corps, elle lui avait tant manqué, comme sa présence, son odeur, son contact. Comment les choses avaient-elles pu tourner si mal entre eux ?

Par ma faute, se dit-elle.

Takashi se retourna, il se pencha et enfouit son visage dans son cou sans un mot. Un instant, il resta sans bouger, puis ses bras l'enlacèrent et il se mit à trembler. Himeko sentit ses larmes couler dans l'encolure de sa veste et elle serra plus fort.

Le chagrin de Takashi lui était insupportable. Elle aurait aimé pouvoir le soulager. Mais tout ce qu'elle pouvait faire, c'était être là. Et cela ne lui ramènerait pas son ami.

Ils finirent par s'installer sur le banc en retrait des arbres. Himeko s'était assise à une extrémité et Takashi avait posé la tête sur ses genoux sans une parole. Il avait ramené le bras sur ses yeux et elle ne voyait que le bas de son visage, mais le pli de sa bouche suffisait à la bouleverser. Elle passa la main dans ses cheveux, doucement, repoussant les petites mèches de son front pour essayer de le réconforter de son mieux.

– Qui t'a dit que j'étais ici ? Lui demanda-t-il.

– Des filles ont vu ta moto à l'entrée, répondit-elle. Elles m'ont prévenue.

Ses doigts continuaient de survoler ses cheveux. Si c'était le dernier contact qu'elle avait avec lui, elle voulait en profiter le plus possible.

– Je leur avais demandé de te trouver, ajouta-t-elle.

Takashi souleva son bras.

– Pourquoi ?

Il avait les yeux rouges et les traits tirés. La main de Himeko resta suspendue dans les airs. Une foule de pensées lui traversa l'esprit, mais seuls quelques mots franchirent ses lèvres.

– Parce que je voulais te voir.

Il ne répondit pas et se tourna sur le côté. Himeko recommença à caresser ses cheveux.

– Tu peux me détester Taka, dit-elle d'une voix qui n'était guère plus qu'un murmure. Tu peux me repousser. Je ne partirai pas. Je ne te laisserai pas comme ça. Je sais que je me suis comportée comme une garce et que je suis peut-être la dernière personne que tu as envie de voir. Mais je serai toujours là pour toi.

Elle ferma les yeux pour réprimer les larmes qui menaçaient de déborder.

– Je ne te déteste pas, dit-il.

Ces simples mots suffirent à ramener de l'air dans la poitrine de Himeko et elle inspira comme si elle venait de se souvenir comment respirer.

– Et moi je t'aime, répondit-elle.

Takashi tressaillit. Il se remit sur le dos.

– Je sais que ça n'est pas le moment, dit-elle. Mais je voulais te demander pardon de m'être comportée de cette façon. C'est toi qui avais raison. Je n'avais pas à agir comme ça. On aurait dû en parler, j'aurais dû en discuter avec toi. Je suis désolée.

Il leva la main et il écarta du bout du doigt une mèche de cheveux qui s'était égarée sur la jour de Himeko. Elle frémit à son contact.

– Moi aussi je suis désolé, dit-il. Je n'avais pas à te parler comme je l'ai fait. J'aurais dû comprendre à quel point cette affaire te tenait à cœur, je regrette de m'être énervé.

Himeko prit sa main et elle l'amena contre son visage.

– Tu n'as rien à te faire pardonner, lui dit-elle en secouant la tête.

– Si, insista-t-il. Je t'ai fait du mal.

Elle se pencha et posa son front contre le sien.

– Taka...

– Je t'aime Hime, dit-il. Je ne veux pas que ce soit fini nous deux.

– Moi non plus je ne veux pas, répondit-elle.

Elle hésita et ajouta :

– Je veux être avec toi, pas seulement pour quelques jours ou quelques mois. Je veux être avec toi pour toujours.

Elle l'avait dit.

Takashi posa la main sur sa joue.

– Hime...?

Himeko rouvrit les yeux à contrecœur, le cœur battant dans la poitrine, et elle détourna le regard.

– Regarde-moi, dit-il.

Elle obéit et il lui demanda :

– Qu'est-ce que tu viens de dire ?

La panique menaçait d'envahir Himeko. Elle inspira.

– Je n'aime que toi, souffla-t-elle. Je ne veux que toi dans ma vie. Jamais je ne pourrais aimer un autre homme.

Pendant un instant qui parut durer une éternité à Himeko, Takashi ne dit rien. Puis il répondit.

– Je n'aime que toi Himeko. Je ne veux que toi dans ma vie et jamais je ne pourrais aimer une autre femme.

Himeko crut que son cœur allait exploser. Quand Takashi passa la main derrière sa tête et amena ses lèvres contre les siennes, elle ne put retenir les larmes qui coulèrent sur ses joues.