8 - Le chemin du retour

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Ils se mirent en route en silence, Himeko marchant d'un pas rapide, la poignée de son sac serrée dans son poing, Mitsuya à ses côtés. En d'autres circonstances, elle aurait vraiment apprécié ce trajet avec lui. Mais maintenant, elle n'était pas loin de penser que c'était la pire chose qui pouvait arriver. De temps en temps, Himeko essayait de lever un œil vers lui, mais ses yeux n'allaient jamais plus haut que le col de sa chemise et elle ramena son attention sur le sol devant elle. Arrivée aux abords de la gare, elle s'immobilisa et s'inclina.

– Je te remercie de m'avoir accompagnée, dit-elle. À partir d'ici ça va aller.

Mitsuya la regarda un instant en silence.

– Bien essayé, dit-il finalement. Mais ça ne prend pas.

Il pénétra dans la gare et Himeko n'eut d'autre choix que de le suivre.

Arrivés sur le quai, il reprit.

– Tu n'as pas à avoir honte tu sais, dit-il. Je ne sais pas ce qui t'es arrivé, mais tu n'es pas responsable des actes des autres, tu es au courant ?

Himeko ne répondit pas. Elle se sentait mal à l'aise comme cela lui était rarement arrivé. Mitsuya s'en aperçut. Il ajouta en guise de plaisanterie.

– C'est vrai, dit-il. Tout le monde peut se faire attaquer par un escalier, c'est un accident assez banal.

Pendant une seconde, Himeko demeura interdite, puis elle se souvint que c'était l'excuse qui lui était venue en premier aux lèvres. Elle ne put réprimer un rire.

– Je préfère ça, dit-il. Tu es plus jolie quand tu ris.

Cette fois, elle sentit ses joues s'empourprer. Le train qui arriva lui épargna la peine de répondre. Tous les deux montèrent à bord et ils restèrent debout, non loin de la porte.

– Dans quel quartier est-ce que tu vis ? Lui demanda-t-il.

– Omotesandô, répondit-elle. Pas très loin du centre commercial.

– Ça n'est pas tout près, remarqua-t-il. Tu serais vraiment rentrée seule dans cet état si je n'avais pas été là ?

– C'est plus impressionnant que ça en a l'air. En réalité, je vais déjà beaucoup mieux.

Mitsuya ramena les yeux sur la ville qui défilait par la fenêtre.

– Oniroku, dit-il, c'est moi qui t'ai soignée, je sais mieux que personne que ça n'est pas plus impressionnant que ça en a l'air.

Himeko ne trouva rien à répondre.

Étrangement, même si elle était gênée de la situation, une part d'elle commençait à trouver cela agréable. Elle aurait aimé que ce trajet en train dure longtemps pour savourer sa présence à ses côtés. Cette pensée lui rappela qu'elle ne savait pas pourquoi il était venu à la bibliothèque un peu plus tôt et elle se demanda si elle pouvait lui poser la question.

– Senpai, commença-t-elle. Est-ce que... tu avais besoin de quelque chose tout à l'heure ? Quand tu es revenu ?

Elle se mordit la lèvre. Depuis quand est-ce que je bafouille ? Se demanda-t-elle. C'était la première fois qu'un garçon lui faisait perdre ses moyens au point qu'elle en vienne à s'emmêler la langue.

– Oui, dit-il. Je voulais te demander un service. Mais ça attendra, il n'y a rien d'urgent.




Parvenus dans le quartier d'Omotesandô, tous les deux descendirent du train et Mitsuya lui emboîta de nouveau le pas. Himeko se souvint alors seulement qu'il allait découvrir qu'elle vivait dans une institution pour jeunes en difficulté et elle blêmit. Comment est-ce qu'elle avait pu oublier un détail pareil ? Tandis que le Hakifumi se rapprochait, elle chercha nerveusement un moyen de lui faire rebrousser chemin sans parvenir à en trouver un seul. C'était comme si son cerveau s'était tout à coup rempli de guimauve.

Red Butterfly [Mitsuya x OC]Where stories live. Discover now