2 - Hakifumi

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Le foyer était un bâtiment bas, tout en longueur. Par certains aspects, il faisait penser à une école. Himeko examina une dernière fois l'adresse, puis elle fourra le papier plié en quatre dans la poche de son pantalon et avança.

La directrice du centre était une femme austère, grande et maigre. Grande fumeuse, elle grilla pas moins de trois cigarettes le temps de lui expliquer les règles de la maison. Pas de garçon, pas de cigarettes, chacune s'occupait de l'entretien de son espace et le ménage comme la cuisine se faisait à tour de rôle, les services étaient affichés sur le tableau du réfectoire. Elle la conduisit ensuite jusqu'à sa chambre. La numéro 34. Encore un numéro, se dit Himeko. Elle chassa cette pensée de sa tête. Elle allait refaire sa vie et cet endroit serait le point de départ de ses bonnes résolutions.

Deux cartons gisaient au milieu de la pièce vide.

– Ce sont tes affaires, dit madame Fuya, la directrice. Ton ancien foyer nous les a fait parvenir en début de semaine.

– Je vous remercie, répondit Himeko.

Cette phrase, c'était devenu comme une sorte de rituel, un peu comme une chanson qu'elle fredonnait perpétuellement. La directrice la regarda et elle s'éloigna.

– Je te laisse t'installer, dit-elle. Si tu as besoin de quoi que ce soit, va trouver Kanami Emi, c'est notre trésorière et c'est elle qui gère les indemnités que l'on touche pour toi.

– Très bien, je vous remercie.

Une fois à l'intérieur de la chambre, Himeko ne sut un instant que faire.

La pièce était étroite, mais propre et lumineuse, elle faisait quatre tatamis, et disposait d'un placard et d'une fenêtre avec vue sur la rue. Himeko alla regarder dehors. La petite voie qui passait devant le bâtiment n'offrait rien d'intéressant, c'était une petite allée comme on en trouvait tant dans les villes du Japon, juste assez large pour livrer le passage aux voitures et bordée de poteaux surchargés de fils et de murs de béton qui s'élevaient à hauteur d'homme, derrière lesquelles se dressaient des maisons silencieuses. Himeko revint vers ses cartons et commença à les ouvrir pour examiner leur contenu. Des vêtements essentiellement, quelques photos, des clés, rien de précieux. Elle tira de sa poche le trousseau de clés qu'elle avait ramené du centre de détention. Celles qui s'y trouvaient ne lui seraient plus d'aucune utilité. L'une d'entre elle attira son attention. Elle la décrocha de l'anneau de métal et l'observa un instant en silence. Puis elle la posa par terre, à côté des affaires qu'elle comptait garder. D'abord, elle allait faire le tri. Elle aurait besoin de nouveaux vêtements, la plupart de ceux qu'elle possédait étaient désormais trop petits. Et puis, il lui faudrait aussi un uniforme pour le collège. Himeko se demanda si l'établissement se trouvait loin du foyer et elle ressortit le papier de sa poche pour l'étudier.

Apparemment, elle devrait prendre le train. Elle aurait environ quinze minutes de trajet par jour. Avant de poursuivre son installation, elle décida d'aller trouver la trésorière dont lui avait parlé la directrice du centre.

Son bureau se trouvait à l'arrière du bâtiment, non loin des cuisines. Himeko attendit à l'entrée que Kanami Emi puisse la recevoir.

– Entre, entre ! Dit-elle. Tu es la nouvelle ? Assieds-toi.

Elle lui désigna une chaise en face de son bureau et sortit un dossier que Himeko supposa être le sien.

– Alors, dis-moi de quoi tu as besoin ?

– Je vais avoir besoin d'un abonnement de train pour aller au collège, dit Himeko, et aussi d'un uniforme et de quelques vêtements.

Madame Kanami hocha la tête. C'était une petite femme à lunettes aux manières vives et au regard perçant.

– C'est tout ? Tu n'as pas de famille à aller voir ? Tu peux obtenir un trajet en train pour rendre visite à des connaissances, ou même un abonnement de téléphone pour les appeler. Tu as un téléphone ?

Himeko secoua la tête.

– Non, je n'en ai pas.

– Je vais t'en procurer un, c'est toujours bon de savoir comment te joindre.

Himeko baissa la tête.

– Je vous remercie.

La trésorière la regarda un instant, avant de reprendre.

– Pour l'uniforme, va faire un devis à cette adresse, puis tu me l'apporteras. je règlerai et tu pourras ensuite aller chercher tes deux uniformes, un pour l'été et un pour l'hiver.

– Très bien.

– Pour l'abonnement de train je vais t'avancer les frais et j'aurais besoin que tu me rapportes la facture une fois réglée pour l'ajouter à tes papiers.

– Ça sera fait.

– Tu as besoin d'autre chose ?

Himeko réfléchit.

– Non. Je vais aller finir de défaire mes cartons.

Elle se leva et, une fois arrivée à la porte, elle se tourna et s'inclina.

– Je vous remercie.

Emi Kanami la regarda s'éloigner.

– Elle a l'air plutôt gentille cette petite, dit-elle.

Adossée au chambranle de la pièce voisine, Aiko Fuya tirait sur sa cigarette.

– Cette gentille petite comme tu dis, a tabassé le gérant d'un konbini avec une crosse de hockey. L'homme est resté dans le coma pendant trois semaines. Il s'en est tiré par miracle, mais il ne marchera plus jamais.

Emi Kanami mit sa main devant sa bouche pour exprimer sa stupéfaction horrifiée et madame Fuya poursuivit.

Onihime, qu'elle se faisait appeler, dit-elle. Alors tu ferais bien de ne jamais lui tourner le dos, ou ça pourrait bien être la dernière chose que tu fais.

Emi Kanami reporta les yeux sur la porte derrière laquelle Himeko venait de disparaître, sans parvenir à cacher la pointe de peur qu'elle avait ressentie. Les apparences étaient décidément trompeuses.

NDA : Onihime est un jeu de mot réalisé à partir du nom et du prénom de Himeko Oniroku. Oni signifie démon ou ogre et hime signifie princesse. Onihime peut se traduire par princesse démoniaque.

 Onihime peut se traduire par princesse démoniaque

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Red Butterfly [Mitsuya x OC]Where stories live. Discover now