47 - Funérailles

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Himeko frappa à la porte et Takashi vint lui ouvrir. Il portait un costume noir dont la veste reposait encore sur le portemanteau de l'entrée et sa cravate était dénouée.

– Entre, lui dit-il.

Derrière lui, Mana et Luna jouaient entre le salon et la chambre. Elles s'immobilisèrent en voyant entrer Himeko.

– Hime nee-san ! S'écrièrent-elles en venant à sa rencontre.

– Elles sont un peu surexcitées, s'excusa Takashi, ça n'est pas tous les jours qu'elles peuvent manquer une journée de maternelle.

Il avait préféré ne pas les mettre à l'école sachant que, ni lui, ni sa mère, ne pourraient être rentrés à temps pour aller les chercher.

– Ne t'inquiète pas, dit Himeko, tout ira bien. Tu es prêt ?

– Presque, dit-il.

Il retourna devant le miroir de l'entrée pour nouer sa cravate. Il batailla un instant avec le nœud et Himeko s'aperçut qu'il avait les mains qui tremblaient. Elle le rejoignit, les fillettes accrochées à ses jambes.

– Attends, dit-elle, laisse-moi faire.

Elle fit le nœud à sa place.

– Ça va aller ? Demanda-t-elle.

– Ouais, souffla-t-il.

Puis il se ravisa.

– Non, corrigea-t-il, mais je vais tenir le coup.

C'était aujourd'hui qu'avaient lieu les funérailles de Baji et la cérémonie de l'otsûya qui rassemblait tous les proches et la famille du défunt.

(NDA : Otsûya, cérémonie funèbre bouddhiste, on en verra en partie le déroulement plus loin)

Himeko se dressa sur la pointe des pieds et elle déposa un baiser au coin de sa bouche sous les hoquets de Luna et Mana. Takashi la prit par la taille et il posa son front contre le sien.

– J'y vais, dit-il. Merci d'avoir accepté de garder les filles.

– Il n'y a pas de quoi c'est normal, répondit-elle. À tout à l'heure.

Takashi sorti, Himeko contempla la porte sans un mot. Luna et Mana la tirèrent de ses pensées.

– Hime nee-san, dit Luna en prenant par la manche, tu joues avec nous ?

Himeko baissa les yeux vers elle et sourit.

– En fait, dit-elle, j'ai quelque chose à vous proposer et je crois que ça va vous plaire.




Mitsuya arriva en même temps que Draken devant l'entrée du temple où devait avoir lieu la cérémonie. Ce dernier avait les cheveux lâchés et, comme Takashi, il avait retiré sa boucle d'oreille. Tous les deux laissèrent passer les membres de la famille qui arrivèrent derrière eux.

– Salut mec, dit Draken.

– Salut.

Smiley les rejoignit avec son frère et Peyan apparut à son tour. Tous les cinq restèrent un moment sur le parvis du bâtiment, sans savoir quoi dire.

– Putain, lâcha finalement Peyan, je déteste ces cérémonies.

– Ouais, dit Smiley, moi aussi.

Il avait perdu son légendaire sourire.

– Un peu de respect, leur rappela Draken.

– Mikey n'est pas là ? S'étonna Mitsuya.

– Il est allé chercher Chifuyu, lui apprit Draken. Ils sont déjà à l'intérieur tous les deux.

– Bon quand il faut y aller... Dit Smiley.




Dans la grande salle silencieuse, Mikey et Chifuyu avaient pris place sur des chaises. Au premier rang, sur le côté, une petite femme vêtue de noir sanglotait dans un mouchoir. À ses côtés, un homme s'efforçait de la consoler de son mieux.

Mitsuya, Draken, Peyan et les jumeaux rejoignirent Mikey et Chifuyu. Chifuyu ne tourna pas la tête à leur arrivée. Il avait déjà assez de mal à retenir ses larmes.

– Vous voilà, dit Mikey tandis qu'ils s'installaient.

Peyan semblait troublé par le chagrin de la femme.

– Ce sont ses parents ? Murmura-t-il.

Draken suivit la direction de son regard.

– Sa mère et son oncle, lui apprit-il. Son père s'est barré quand il était gosse.

Ses yeux s'égarèrent en direction du cercueil surélevé et entouré de fleurs blanches qui se trouvait devant eux. Il était surplombé d'une photo d'un Baji souriant, barrée de rubans noirs.

Putain, soupira-t-il, comment on a pu en arriver là.

Le sōryo arriva et la cérémonie commença. (NDA : sōryo, moine bouddhiste chargé de célébrer les funérailles).

À la gauche de Draken, Mikey gardait le visage fermé et le regard vide. Mitsuya lui coula un bref coup d'œil, avant de ramener son attention sur le moine qui psalmodiait ses sutras.

Il était vraiment reconnaissant à Himeko d'être venue le retrouver au parc. En cet instant, il serait au bord du gouffre s'il ne savait pas qu'elle était là, chez lui, à l'attendre.

Mitsuya baissa les yeux sur ses poings serrés sur ses genoux. Comme Draken, il se demandait comment ils avaient pu en arriver là ? Le Toman n'existait-il pas se protéger les uns les autres ? Alors pourquoi Baji avait-il perdu la vie ?

Mitsuya ne trouva pas de réponse à cette question.

Lorsque vint son tour de rendre auprès du corps, il se leva, les jambes raides et l'esprit engourdi.

Baji avait l'air de dormir. C'était troublant.

Mitsuya saisit une pincée d'encens entre ses doigts et il porta ses mains à son front pour prier. Il reproduit le geste trois fois, avant de laisser la place au suivant et d'aller s'incliner devant la mère de Baji et son oncle.

– Je vous présente mes condoléances, dit-il. J'aurais aimé que nous puissions protéger Keisuke comme il nous protégeait nous.

Il n'était pas sûr que sa mère l'ait entendu. Toujours secouée par les larmes, elle serrait son mouchoir entre ses doigts jusqu'à le déchirer. À ses côtés, son frère, l'oncle de Baji, inclina la tête en guise de remerciements et attendit le tour du suivant.

Quelle horrible épreuve d'enterrer son fils, se dit Takashi en regagnant sa place.

Durant une seconde, il imagina sa mère à la place de celle de Baji, Mana et Luna à côté d'elle, et il se sentit étouffer.

Il devait tout faire pour que cela n'arrive jamais. Il ne devait jamais leur faire connaître ce chagrin. Pas plus à elles qu'à Himeko.

 Pas plus à elles qu'à Himeko

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Red Butterfly [Mitsuya x OC]Where stories live. Discover now