78 - Bonnes nouvelles

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Une fois que Himeko fut endormie, Takashi lui laissa un mot sur la tablette, à côté du lit, et il sortit. Il avait deux personnes à voir ce soir. Mais la deuxième devrait attendre.

Le restaurant était en train de fermer quand il arriva devant la porte et le gérant le fit venir dans son bureau dès qu'il fut prévenu qu'il était là. Il s'inclina aussitôt.

– Je vous prie d'accepter toutes mes excuses, dit-il. C'est entièrement de ma faute. Je n'ai pas su lui dire non.

Takashi le fit se redresser, gêné.

– Vous n'y êtes pour rien, dit-il. Je suis bien placé pour savoir que Himeko peut être têtue quand elle s'y met.

Le vieil homme s'assit. Il semblait réellement inquiet.

– Comment va-t-elle ? Demanda-t-il. Ça n'est rien de grave au moins ?

– Plus de peur que de mal, répondit Takashi. Juste du surmenage.

– Tant mieux. J'ai vraiment eu très peur quand elle s'est effondrée. Elle qui est toujours si pleine d'énergie.

– C'est pour cela que je suis là ce soir, dit Takashi. Je voudrais que l'on voit ensemble comment alléger sa charge de travail. Je pensais déjà vous demander de revenir à ses anciens horaires...

– Bien sûr ! C'était mon intention de toute façon. Dès demain, je passerai une annonce pour trouver quelqu'un pour les heures de nuit. Votre épouse n'aura plus à s'en charger.

– Je vous remercie. Je voulais aussi vous demander s'il était possible de lui accorder une semaine de congé pour se reposer.

– Sans problème, lui assura le gérant. Qu'elle se remette sur pied correctement, c'est le plus important. Nous nous débrouillerons.

– Enfin, reprit Takashi, et c'est le plus important, nous venons d'apprendre que nous allons avoir un enfant.

Monsieur Tomiyoku le regarda, surpris.

– Un bébé ? Quelle bonne nouvelle ! C'est merveilleux ! Toutes mes félicitations !

– Je vous remercie. Mais je connais Himeko, elle va vouloir continuer à travailler et je ne sais pas comment faire pour qu'elle se ménage.

Le vieil homme fronça les sourcils.

– Oui, dit-il, c'est un problème en effet.

Il se gratta le front.

– Il y a bien une solution à laquelle je pense depuis quelque temps, dit-il. Elle ne résoudra pas tout, mais ça pourrait être une piste...

– Dites-moi ? Dit Takashi, intrigué.

– Cela fait un moment, lui expliqua, que je songe à former votre épouse pour prendre ma place au poste de gérant de cet établissement. Elle est sérieuse, appliquée, elle ne se laisse pas impressionner par les difficultés. Mais comme c'est un projet sur le long terme et qu'elle a déjà beaucoup de travail, je ne lui en ai pas encore parlé, de peur surtout qu'elle veuille commencer immédiatement. Mais si vous êtes d'accord, nous pouvons envisager une formation après la naissance du petit. De cette façon, elle aura un poste qui l'attendra après son congé maternité.

Takashi réfléchit. C'était une bonne idée, Himeko serait rassurée de savoir qu'un travail l'attendait. En plus, un poste de gérante les mettrait à l'abri du besoin. Restait à lui faire accepter de ne commencer cette formation qu'après l'accouchement.

– Je trouve votre idée excellente monsieur Tomiyoku, dit-il. Je vais en parler avec Himeko, mais vous pouvez considérer que votre proposition est acceptée.

Takashi le quitta quelques minutes plus tard, après avoir appelé un taxi.

La seconde personne qu'il devait voir risquait de se montrer moins complaisante, mais il n'avait pas le choix.

Allez, se dit-il, autant expédier ça tout de suite.

Trente minutes plus tard, Takashi arriva au pied de l'Imperial Hotel où avait eu lieu quelques heures auparavant l'ouverture de la Fashion Week.

Yoji Higashima était dans son bureau, la cravate dénouée, les joues rougies par les verres de cocktails qu'il avait avalés et bien plus souriant que Takashi s'y était attendu.

– Ah ! Monsieur Mitsuya ! Dit-il en le reconnaissant. Entrez ! Installez-vous ! Vous voulez boire quelque chose ?

Takashi déclina la proposition et l'organisateur du défilé reprit.

Vous êtes encore plus imprévisible que je l'imaginais ! Dit-il dans un éclat de rire. Quitter le défilé au moment de votre consécration ! Vraiment incroyable ! Quel coup de pub !

Takashi s'installa dans le fauteuil, sans savoir s'il devait se réjouir ou pas.

– Je suis justement venu pour vous présenter mes excuses de vous avoir abandonné de cette façon, dit-il. Ma femme a fait un malaise, elle est actuellement à l'hôpital.

– Vous m'en voyez navré, rien de grave j'espère ?

– Non, rassurez-vous, juste du surmenage.

– Tant mieux ! Reprenons nos affaires dans ce cas !

– Nos affaires ? S'étonna Takashi. Je croyais qu'après mon départ...

– Les investisseurs vous tourneraient le dos ? Compléta Higashima. Ah ça, c'est sûr qu'ils ont râlé ! Vous les auriez entendus ! Vous allez voir les titres de la presse spécialisée demain ! L'enfant terrible a encore fait des siennes ! Ça va jaser, c'est certain ! Mais ça ne durera pas et vous savez pourquoi ? Parce que votre collection les a tous ébranlés ! Quel triomphe ! Je suis vraiment content de vous avoir invité à participer à l'événement ! Grâce à vous, nous ne sommes pas prêts d'oublier la manifestation de cette année !

Takashi aurait bien essayé de lui expliquer que tel n'avait pas été son but, mais il avait dans l'idée que l'homme ne le croirait pas ou, au moins, n'en aurait rien à faire. Yoji Higashima l'avait convié à la Tokyo Fashion Week pour attirer l'attention sur l'événement et Takashi avait involontairement agi exactement comme il le souhaitait.

Si chacun de nous y trouve son compte, se dit-il, après tout pourquoi pas ?

Higashima s'assit derrière son bureau et il se resservit un verre.

– Bien, dit-il. Parlons affaires maintenant.

 Parlons affaires maintenant

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Red Butterfly [Mitsuya x OC]Where stories live. Discover now